Les migration des médecins est une problématique phare au Maghreb. C’est un vrai problème dans la mesure où les trois pays maghrébins forment des médecins pour voir enfin les pays européens ou golfiques les recrutent. En Algérie, 1200 médecins ont quitté le pays en 2023. Un étudiant en médecine a dans sa tête une fois terminé ses études que d’aller travailler à l’étranger, nous confie Abdelkadr Tafat, président de la Société algérienne de médecine générale.
Pourquoi partir ? En Algérie, l’attractivité qu’exerce le secteur privé sur les médecins n’est pas sans lien avec les différentiels de revenus. Il est vrai que les salaires des médecins dans le secteur public ne sont pas à la hauteur du travail fourni. Un médecin algérien qui travaille 10 à 15 ans n’arrive pas à acheter une voiture ou à acquérir une maison. Cette sous-valorisation a non seulement entraîné une forte inflexion vers le privé, mais renforcé le désir d’émigration chez les jeunes médecins algériens.
Toutefois, si les incitations financières demeurent un levier pour garder un personnel médical motivé et productif, leur impact reste limité en matière de migrations internationales. Les conditions de travail, les perspectives d’évolution de carrière, l’investissement (principalement matériel) requis pour exercer dans le privé (notamment pour certaines spécialités comme la radiologie, l’anatomie-pathologie…) et les caractéristiques sociodémographiques des médecins (genre, âge, lieu d’exercice, situation familiale…) sont autant de facteurs à prendre en considération.
Ce phénomène de la fuite des compétences n’est pas nouveau, mais s’accentue d’année en année, et finit par vider le secteur public de ses ressources. Ces jeunes médecins recherchent de meilleures opportunités en termes de niveau de vie, de conditions de travail, de progression de carrière. Et là il faut nous poser les vraies questions, engager, avec tous les acteurs concernés, une véritable réflexion sur cette question. C’est à nous qu’il revient de chercher les solutions pour offrir aux jeunes diplômés des perspectives dans leur pays, avec des moyens incitatifs.
Kamel BOUAOUINA