Le secteur du tourisme est à la fois très vulnérable aux changements climatiques et une source d’émissions de gaz à effet de serre, l’une des causes du réchauffement planétaire. L’impact du tourisme va bien au-delà du climat en Tunisie. En effet, les activités touristiques peuvent entraîner d’autres impacts environnementaux tels que la surconsommation de ressources, une mauvaise gestion des déchets ou un impact considérable sur la biodiversité, ainsi que des impacts sur les populations locales dans certaines régions. Tarek Zayene, directeur du patrimoine et de l’environnement à l’ONTT, souligne que le changement du climat touche déjà de nombreuses destinations touristiques vulnérables et influe sur le choix de destination des voyageurs.
Mais le tourisme a-t-il sa part de responsabilité dans le réchauffement climatique ? Et le secteur agit-il de façon judicieuse en s’associant aux efforts internationaux pour lutter contre cette menace qui pèse sur le monde entier ? « Du fait de sa position géographique, la Tunisie fait partie des pays les plus vulnérables au changement climatique qui affecte l’environnement en général et les écosystèmes littoraux en particulier. Les impacts climatiques directs seront surtout marqués par une hausse des températures et une diminution des précipitations : ce réchauffement climatique, un danger croissant pour l’activité touristique dans la région, pourrait entraîner la disparition de 38 500 km² de littoral de la méditerranée, dont 250 km² en Tunisie, en raison de la montée des eaux.
Le littoral tunisien est particulièrement menacé par les effets du changement climatique. Outre l’érosion côtière qui endommage les infrastructures touristiques essentielles, l’évolution des conditions météorologiques peut aussi modifier le comportement des touristes. Les touristes choisiront une autre destination si les températures deviennent inconfortables, et iront ailleurs si les plages venaient à disparaître massivement. »
L’industrie du tourisme s’adapte aux changements climatiques
Face aux défis croissants qu’apportent les bouleversements climatiques, l’adaptation est incontournable. Dans le secteur du tourisme, les étés chauds et les événements climatiques extrêmes, comme les inondations et les tempêtes, forcent les acteurs à se mobiliser pour repenser leurs pratiques et adapter leur offre. L’adaptation du tourisme tunisien aux changements climatiques consiste à adapter nos modes de vie, nos infrastructures et nos politiques pour mieux affronter les bouleversements environnementaux.
Elle ne peut ainsi pas se limiter à la seule survie économique, mais doit être vue comme une occasion de repenser les pratiques et de protéger les écosystèmes tout en réduisant les vulnérabilités liées au climat. Aujourd’hui, précise le Directeur du patrimoine et de l’environnement à l’ONTT, il est absolument nécessaire de se préoccuper de l’adaptation du secteur touristique aux conséquences du changement climatique. Les tour-opérateurs internationaux, dans une moindre mesure, peuvent aussi modifier d’une année sur l’autre les destinations proposées.
Si la Tunisie réagissait rapidement, elle aurait le plus de chances d’anticiper les risques et de tirer parti des opportunités générées pour gagner en compétitivité et éviter les conséquences désastreuses et l’énorme coût de l’inaction.
Elle pourra diminuer la vulnérabilité de son tourisme en limitant l’exploitation massive des ressources susceptibles de se dégrader et des milieux naturels fragiles (en priorité les plages et l’eau douce) et en valorisant des ressources moins vulnérables. Elle est appelée à mieux exploiter les potentialités touristiques à l’intérieur du pays pour alléger la pression sur le littoral et dynamiser des économies locales susceptibles de valoriser les richesses régionales dans le but de diversifier l’offre touristique et réduire la saisonnalité, tout en limitant sa dépendance aux énergies fossiles et en réduisant ses émissions de CO2.
La question de l’adaptation au changement climatique est une problématique nouvelle et complexe. L’organisation même du secteur touristique pourrait évoluer pour mettre en œuvre la stratégie, en renforçant la coordination entre le secteur privé et public et en privilégiant des réflexions et actions collectives.
Kamel BOUAOUINA