Tous les moyens sont bons, tous les filons sont machiavéliquement exploités par certaines mauvaises gens pour extorquer des deniers sonnants et trébuchants aux âmes charitables pour ne pas dire » naïves » ; et pas de la menue monnaie SVP ! Une frange de citoyens au cœur sur la main accourant à la rescousse de leurs semblables dans la détresse dans un élan spontané coutumier à nous autres. C’est l’essence même du Tunisien et c’est archi-connu partout dans le monde. Malheureusement, ce sont eux qui paient à l’arrivée les pots cassés, leur bonté ayant été exploitée frauduleusement, faisant d’eux de véritables pigeons à plumer.
Appel de détresse bien ficelé
La toile numérique ainsi que tous les réseaux sociaux sont désormais le support médiatique de choix pour les arnaqueuses. Le plan est finement plié, extrêmement bien peaufiné ne laissant filtrer la moindre faille. La photo de l’instigatrice en haillons, les lèvres desséchées, les cheveux crasseux, les traits délabrés, les yeux larmoyons, le regard hagard comme photo de profil. Une visite filmée guidée de son » chez-soi », un gourbi menaçant ruines constitué d’une seule minuscule pièce au toit en tôles de zinc, un rideau miteux en guise de porte, une ouverture faisant office de fenêtre calfeutrée par des journaux. Le mobilier est des plus parlants: Un tapis aux trames érodées à la corde, une latte (Hsira) aux roseaux clairsemés jonchant le sol terreux utilisés comme lits , une lampe à pétrole pour l’éclairage une fois la nuit tombée, un braséro surmonté par une gamelle cabossée, un seau plein d’eau pour se désaltérer en usant d’une carafe accrochée à son anse, quatre gamins de bas âge recroquevillés dans un coin accolés les uns aux autres en quête d’une hypothétique chaleur humaine, le plus jeune braillant de faim, les trois autres présentant une quinte interminable de toux , selon le commentaire et les explications de la « pauvre » dame agrémentant cette visite guidée. Et pour enfoncer définitivement le clou, la copie de sa Carte d’Identité et son numéro de téléphone (nous les avons). Appel pressant aux philanthropes à son secours.
Un élan spectaculaire
L’une de nos proches connaissances dont nous tairons l’identité s’employa à motiver ses connaissances. Des sommes faramineuses affluèrent de l’ordre de centaines de dinars. Pour lui remettre l’argent, rendez-vous pris non à son » domicile » mais à la gare d’Hammam-Lif. Et à chaque fois, un nouveau motif pour apitoyer les donateurs : maladie de la mère, des chérubins, faim incoercible, chaussures des gosses devenues hors d’usage, froid glacial lacérant la fragile peau des rejetons, harcèlement pressant de l’épicier, du boulanger, du marchand de légumes, du coin réclamant l’acquittement d’une ardoise longue comme un bras, etc.
Découverte du pot aux roses
» Tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se prise ». Un Viel adage qui s’appliqua comme un gant à cette arnaqueuse. » Ma mère est hospitalisée au pavillon N° 25 au centre Wassila Bourguiba pour un fibrome de l’utérus en saignant abondamment et » on » refuse de l’opérer si on ne dépose pas la somme de 400 dinars auprès des caisses ! Notre dame de proche connaissance s’informa auprès de qui de droit de ses relations ayant pignon sur rue pour s’enquérir de la réelle situation de la patiente et résoudre rapidement cet épineux problème. Pas de pavillon N° 25 au centre Wassila Bourguiba ! Uniquement des services répartis sur les trois étages selon le motif d’hospitalisation des patientes (obstétrique et gynécologique) ; En plus aucune trace de l’identité de la présumée mère sur les registres des hospitalisées. Confrontée à une salve de questions, l’arnaqueuse mit son téléphone hors d’usage et ne répondit plus aux appels mais non sans avoir amassé au préalable un gros pactole !
Oui aux organisations de bienfaisance
Nous ne nions pas que certains cris de détresse sont véridiques. Que leurs quémandeurs sont réellement dans la misère, la nécessité, l’absolu besoin d’assistance. Malheureusement, leurs appels de détresse ne seront plus désormais aussi rapidement entendus. La méfiance sera de mise. Pour éviter pareilles arnaques, nos âmes charitables sont appelées à déposer leurs dons en espèces ou en nature auprès des nombreuses organisations caritatives implantées dans chaque ville. Leurs responsables disposant d’un listing large comportant l’adresse des foyers vraiment dans la mouise. Leurs assistantes sociales ayant fait la visite sur le terrain et accompli avec conscience les investigations approfondies d’usage pour séparer le bon grain de l’ivraie. Ce faisant, on certain que les donations seront distribuées à bon escient uniquement à ceux qui en en ont réellement besoins. A bon entendeur…
Mohamed Sahbi RAMMAH