Les enseignants suppléants du secondaire ont annoncé, hier, le boycott des cours durant les deux premiers jours ouvrables du deuxième trimestre de l’année scolaire en cours, soit les 6 et 7 janvier 2025, en signe de protestation contre le retard qu’accuse le processus de régularisation de leur situation.
« Nous avons été contraints à procéder à un nouveau boycott des cours durant deux jours seulement dans une première étape, après de multiples mises en garde et actions de protestation face auxquelles les autorités de tutelle ont fait la sourde oreille », explique le porte-parole de la coordination nationale des professeurs suppléants d’enseignement secondaire, Malek Ayari.
« Ce boycott constitue aussi un cri de détresse contre la situation déplorable des enseignants suppléants, qui n’ont pas été payés depuis plusieurs mois et dont certains exercent en tant qu’agents temporaires pour la 17e année consécutive sans bénéficier d’une couverture sociale », a-t-il ajouté.
Le responsable syndical a également indiqué qu’un rassemblement de protestation sera ensuite organisé le mercredi 8 janvier devant le ministère de l’Education pour exprimer « l’exaspération face aux promesses non tenues » du ministère de tutelle malgré les instructions claires données par le président de la République, Kaïs Saïed.
« Les professeurs suppléants qui ont été appelés régulièrement en renfort depuis 2008 pour combler des postes vacants exercent depuis le début de l’année scolaire 2024/2025 sans contrats, ni salaires », précisant que la coordination réclame la publication sans délai des arrêtés réglementaires relatifs à la régularisation de leur situation et au décaissement de leurs émoluments.
Rappelant qu’une volonté politique existe au plus haut sommet de l’Etat pour mettre fin à toutes les formes d’emploi précaire, Ayari a cependant reconnu que des avancées ont été enregistrées avec l’intégration de la régularisation de la situation d’un premier « contingent » d’enseignants suppléants dans la loi de Finances 2025, qui a été adoptée en décembre dernier par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
9000 postes vacants dans les collèges et les lycées secondaires
Le président de la République, Kaïs Saïed, avait souligné à l’occasion de la cérémonie dédiée à la Journée du savoir le 16 août dernier, au palais de Carthage, la nécessité de trouver des solutions radicales à la situation des instituteurs et des enseignants suppléants.
« Nous n’acceptons pas les demi-mesures… Il est temps de trouver des solutions définitives à la situation des instituteurs, des enseignants suppléants et des titulaires du doctorat au chômage selon des critères objectifs préservant leurs droits et ceux des jeunes », a-t-il déclaré, notant que l’Etat n’est gouverné que par des lois justes et équitables et non via des annonces sur les réseaux sociaux.
Le ministère de l’Education avait annoncé, début août, que la régularisation de la situation des professeurs suppléants se basera sur quatre critères, à savoir l’ancienneté, l’âge, la durée d’exercice effective et la spécialité. Il a également indiqué qu’une liste des enseignants suppléants âgés de plus de 50 ans sera établie et présentée au Président de la République, en vue de prendre les mesures nécessaires pour rendre justice, alors qu’une deuxième liste concernera les enseignants qui atteindront l’âge de 50 ans avant la prochaine rentrée scolaire.
Selon le ministère, le reste des enseignants suppléants dans les collèges et les lycées secondaires devraient être recrutés progressivement durant les années à venir.
Les professeurs suppléants avaient déjà boycotté les cours durant plusieurs semaines au cours de l’année scolaire écoulée. Ils ont également organisé de nombreux mouvements de protestation, dont des rassemblements de protestation devant les commissariats régionaux de l’Education, à la Place du gouvernement à la Kasbah et devant l’Assemblée des représentants du peuple pour réclamer la fin de la précarité de l’emploi dont ils souffrent. Leur coordination a par ailleurs adressé une lettre au Président à la République pour réclamer la levée de l’injustice qu’ils subissent depuis de longues années. Ces diplômés de l’enseignement supérieur ne bénéficiaient pas jusque-là d’une couverture sociale bien qu’une partie de leurs honoraires soit prélevée automatiquement chaque mois à titre de cotisations sociales ! Selon les données de la coordination des professeurs suppléants, environ 14% de ces enseignants sont aujourd’hui âgés de plus de 50 ans et 40% ont dépassé 45 ans. Le nombre des professeurs suppléants s’élève aujourd’hui à environ 8 mille, alors que le nombre de postes vacants dans les collèges et les lycées est estimé à environ 9 mille, d’après les données du syndicat général de l’enseignement secondaire relevant de l’UGTT.
Walid KHEFIFI