Sur cette Terre qui murmure les récits anciens de nos origines, où les sables dorés se mêlent aux mers azurées, émerge l’histoire lumineuse d’un homme. Taoufik Ilaoui, ce chercheur tunisien au regard tourné vers l’horizon, se proclame avec une noble humilité « citoyen du monde de la Terre première ». Enfant des étoiles et des dunes, il appartient à cette humanité universelle, celle qui transcende les frontières et refuse les chaînes.
Dès son jeune âge, à Kalaa Khasaba, jadis appelée Kalaa Jardaa, l’esprit de Taoufik s’élève au-delà des limites imposées par son environnement. Porté par le rêve d’Europe, il convainc ses parents de le laisser partir en quête de savoir et de liberté. En 1987, il pose ses premières empreintes en Belgique, avant de rejoindre les Pays-Bas, ce pays fleuri qui allait devenir le théâtre de sa success story. Mais l’éclat de l’émigration cache souvent l’effort acharné. Entre les chimères et les réalités, Taoufik s’engage dans une ascension parsemée d’obstacles, maîtrisant avec une rapidité déconcertante le néerlandais, cette langue complexe qui deviendra son outil de transmission.
« Les frontières ne sont qu’un mirage, une illusion que le vent du savoir peut balayer », aime-t-il rappeler. Passionné d’histoire et habité par une curiosité insatiable, il choisit la voie exigeante de l’égyptologie. Cette discipline, où les mystères des hiéroglyphes révèlent les secrets d’un passé millénaire, devient son sanctuaire. Soutenu par une épouse néerlandaise issue d’une grande famille, il trouve dans cet amour une force tranquille qui l’accompagne à chaque étape.
Au Centre du Dr Praagt à Leiden, près de La Haye, Taoufik approfondit son art et voyage en Égypte sous la direction de maîtres éminents, comme le célèbre Dr Mohamed Makkaoui, disciple du légendaire Dr Zahi Hawass. Ces expériences forgent sa maîtrise de l’écriture hiéroglyphique et éveillent en lui le désir de rendre cette connaissance accessible à tous.
C’est ainsi qu’il publie un ouvrage révolutionnaire : la première traduction néerlandaise des hiéroglyphes, un véritable pont entre le passé et le présent, entre la science et le grand public. « Nous sommes les dépositaires d’une mémoire universelle, un souffle unique dispersé à travers les âges », affirme-t-il. Fidèle à cette vision, il structure son livre en offrant un cadre historique, une analyse des structures linguistiques et une initiation claire et didactique à cette langue ancienne, éveillant ainsi la curiosité des spécialistes et des profanes.
Mais malgré les célébrations et les louanges, Taoufik Ilaoui demeure d’une humilité rare. « Ce qui m’importe, ce n’est pas le point où nous nous trouvons sur la carte, mais le chemin que tracent nos rêves et nos espoirs », dit-il souvent. En poursuivant ses recherches et en enseignant, il contribue à ce souffle collectif des 500 spécialistes mondiaux qui œuvrent à percer les mystères d’une langue jamais morte.
À travers ses actes, Taoufik Ilaoui incarne cet idéal de la Terre première : une humanité réconciliée avec son histoire, tournée vers un futur où chaque culture est une étoile dans une constellation commune. Il est un semeur de lumière, un bâtisseur de ponts, un éclaireur pour ceux qui, comme lui, croient que le savoir est le véritable langage universel.
Mona BEN GAMRA