Depuis quelques années, la hausse des prix et la baisse du pouvoir d’achat ont fini par rattraper le secteur immobilier. Les crédits bancaires poursuivent leur saga de chiffres toujours à la hausse. De nombreux ménages, même avec de l’épargne, ont vu leurs dossiers recalés et ont été contraints de reporter leurs achats. En cause, toujours cette hausse des taux d’intérêt
Il est vrai que les Tunisiens s’endettent chaque année un peu plus auprès de leurs banques. Acquérir sa résidence principale est un projet de vie qui mérite réflexion et patience. La concrétisation d’un tel projet peut prendre plusieurs mois, durant lesquels les conditions du marché peuvent évoluer, tant positivement que négativement. Les taux de crédit immobilier ont un impact significatif sur le pouvoir d’achat des acheteurs potentiels. Lorsque les taux de crédit sont bas, les mensualités de remboursement sont plus abordables, ce qui encourage les personnes à investir dans l’immobilier.
À l’inverse, des taux élevés peuvent décourager les acheteurs potentiels, car les mensualités deviennent plus lourdes et le coût total du crédit augmente. De plus, les taux de crédit immobilier ont également un impact sur les investissements dans le secteur de la construction. Lorsque les taux sont bas, les promoteurs immobiliers peuvent emprunter à moindre coût pour financer de nouveaux projets. Cela stimule la construction de logements et contribue à la croissance économique. En revanche, des taux élevés peuvent freiner l’investissement dans la construction et ralentir le marché immobilier.
Les taux de crédit immobilier influencent directement la demande et l’offre de biens immobiliers. En Tunisie, le crédit immobilier élevé a contraint certains candidats à la propriété à revoir leur projet. Cette cherté est due à plusieurs facteurs dont le niveau actuellement élevé du TMM (8%) qui freine l’investissement dans l’immobilier. Ce qui rend les emprunts plus coûteux pour les acheteurs, freinant la demande de biens immobiliers, en particulier pour les ménages dépendant du financement bancaire. Cette baisse de la demande pour l’achat peut également rendre l’accès à la propriété plus difficile, augmentant ainsi la demande locative et exerçant une pression à la hausse sur les loyers.
Les taux de crédits immobiliers en Tunisie ne sont pas encourageants. La crise a commencé par les mesures fiscales, l’augmentation des droits d’enregistrement pour les acquéreurs, la TVA en 2018 et les impôts à la consommation pour les matières premières importées. Donc des taxes à chaque étape. Depuis 2012, le client est pénalisé dans l’immobilier. Le TMM qui était en 2012 de 4,05% est aujourd’hui à 8 % et si on y ajoute le taux d’intérêt des banques et l’assurance, on peut dépasser les 13%. « Le TMM en Tunisie a atteint 8%, après une hausse notable de 29% par rapport à 6,15% en janvier 2021. Cette augmentation significative a rendu le crédit plus coûteux pour les investisseurs et les consommateurs.
Ce taux élevé limite l’accès au crédit pour les entreprises et freine les initiatives d’investissement, affectant négativement la croissance économique. Le TMM élevé maintient des taux d’intérêt élevés sur les crédits, ce qui renchérit le coût du crédit pour les ménages et les entreprises. Cette situation limite la consommation et les dépenses d’investissement, ce qui peut freiner la demande globale dans l’immobilier » a expliqué Anis Ben Saïd, conseiller fiscal dans une radio privée. Ce phénomène aurait des répercussions profondes sur le secteur immobilier et risque d’avoir un impact dans la capacité des ménages à investir dans un achat immobilier. Le nombre d’achat d’habitat reste minime face à l’offre qui reste non en harmonie avec le pouvoir d’achat du Tunisien.
Quand le bâtiment va, tout va et inversement
Pour stimuler l’investissement, une révision à la baisse du taux directeur est nécessaire. Une réduction des taux d’intérêt encouragerait les entreprises à emprunter et à investir, stimulant ainsi l’activité économique et la création d’emplois. Sans cette baisse, la stabilité du TMM ne suffira pas à relancer l’investissement de manière significative. Pour stimuler durablement les investissements dans l’immobilier, une baisse du TMM serait nécessaire, ce qui permettrait de réactiver le marché. Quand le bâtiment va, tout va et inversement. L’immobilier est un thermomètre de la santé économique des pays. Lorsque le secteur vit une crise, il s’agit d’un indicateur important à prendre en considération. Entre l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, il est devenu difficile à un citoyen lambda d’acquérir sa maison. En parallèle, les promoteurs ne peuvent pas baisser leurs prix, car ils ont des coûts à couvrir.
« Pour stimuler l’investissement, une révision à la baisse du taux directeur est nécessaire. Une réduction des taux d’intérêt encouragerait les entreprises à emprunter et à investir, stimulant ainsi l’activité économique et la création d’emplois. Sans cette baisse, la stabilité du TMM ne suffira pas à relancer l’investissement de manière significative. Pour stimuler durablement les investissements dans l’immobilier, une baisse du TMM serait nécessaire, ce qui permettrait de réactiver le marché immobilier » a précisé Anis Ben Saïd. Mais, face à ces nouvelles conditions du marché, certains emprunteurs sont susceptibles d’être fortement impactés et de devoir reporter leur projet immobilier à plus tard.
Kamel BOUAOUINA