Comme visité par une inspiration « divine », le regretté Habib Cheikhrouhou lançait Assabah le 1er février 1951. Il était entouré d’hommes intellectuels de premier plan, Hédi Labidi en était le rédacteur en chef et la rédaction était entre autres animée par de gros calibres comme Chedli Klibi, Habib Chatty ou encore Habib Boularès.
A cette date-là, une telle gageure était difficile à relever. Le pays était sous occupation française, mais la ligne éditoriale coulait de source : lutte contre le colonialisme par la plume. Elan nationaliste chaque jour renouvelé, ferveur militante, voilà ce qu’offrait Assabah à ses lecteurs en ces années de feu, d’engagement implacable où, pourtant, tout devenait possible, même le meilleur. Et le meilleur s’accomplit : la fin du colonialisme en 1956 après l’autonomie interne obtenue un an auparavant.
Assabah était de tous les combats, de toutes les luttes, au cœur de l’actualité, toujours en mouvement et toujours dans l’action.
Assabah alliait l’information qui était sacrée et le commentaire qui était libre. C’était pour ainsi dire la devise de la maison, particulièrement dans le traitement des hauts faits de l’actualité et, finalement, de l’histoire.
Ligne éditoriale ? A cette époque-là, elle était bâtie sur l’indépendance, devise du reste encore aujourd’hui de rigueur.
L’indépendance acquise, Assabah souscrivait pleinement à l’œuvre du grand combat, le « grand Jihad » pour l’édification de la nation. Son épreuve de maturité s’est aussi accomplie de manière fulgurante, devenant ainsi une école de journalisme, créant de l’emploi et s’affirmant comme le premier quotidien dans l’absolu du pays .
Assabah tenait aussi aux transitions générationnelles qui se fondent toujours et par vocation dans le moule originel. Ecole de journalisme qui a aussi enfanté de grands noms dans le métier, Assabah est restée fidèle à sa charte fondatrice et aux valeurs engagées au service de la nation.
Mais c’est aussi un journal qui se bonifie au fil des ans, transposant par ailleurs la mémoire collective et, même, la conscience citoyenne.
Locomotive de ce qui allait devenir le groupe Dar Assabah, Assabah aura toujours cultivé des synergies alimentant jusqu’à nos jours le débat contradictoire, loin de tout dogmatisme et loin de toute démagogie.
74 ans : « La légende du siècle », dirait Victor Hugo.
Bon anniversaire grande sœur.
Le Temps