« La Quête de l’Oubli » est le premier roman de l’écrivaine Fethia Brouri qui a écrit auparavant quatre recueils de nouvelles intitulés respectivement « Par Amour » (2008), Faits Divers » (2012), « Etranges rencontres et autres histoires » (2015) et « Le rêve américain et autres histoires » (2019). Elle a également publié un recueil de poésie intitulé « Je me perds dans mes vers » (2020).
Ce nouveau roman, paru en mars 2025 aux éditions Sowed+, met en scène des personnages ayant subi des difficultés dans leur vie (familiale, conjugale ou sentimentale) qui les conduisent à la détresse et au désespoir. Il aborde les difficultés humaines, en montrant comment ces difficultés rendent vulnérables et attirent les individus vers des arnaqueurs qui exploitent la détresse des gens, en leur proposant des solutions illusoires. Le récit révèle la complexité de la vulnérabilité humaine face à l’exploitation des arnaqueurs qui utilisent différentes méthodes pour approcher et piéger leurs victimes, en leur promettant monts et merveilles pour les délivrer de leurs malheurs, comme cette affiche publicitaire qui capte l’attention de la narratrice où il est écrit « Vous voulez changer de vie, oublier vos ennuis et réaliser toutes vos envies ? Rejoignez-nous à la Cité de l’Oubli. » Et c’est ainsi que plusieurs personnes dont parle la narratrice ont été leurrées par cette affiche mensongère.
Dans ce roman, la structure narrative suit une courbe dramatique où l’action monte en intensité jusqu’à la fin de l’histoire pour redescendre vers la résolution finale. Cette trajectoire crée ainsi un suspense et un intérêt chez le lecteur, en le gardant attaché aux événements jusqu’à la fin de l’histoire. La narratrice est elle-même l’héroïne de l’histoire. L’emploi de « je » permet à la romancière d’intérioriser la plupart des évènements qui se déroulent autour d’elle. Le recours fréquents aux flashbacks dans ce roman est un autre moyen qui permet au lecteur de dévoiler le passé, les secrets et les pensées des protagonistes, ce qui le renseigne sur leur état social, psychologique ou sentimental, le préparant ainsi à la suite des événements.
Dès les premières pages et surtout à partir du moment où la narratrice découvre l’affiche de « la cité de l’oubli », le suspense s’installe dans le déroulement des actions, quoique la narratrice ne tarde pas à prévenir le lecteur de ses craintes et de ses angoisses en intégrant cette cité, surtout en page 45 lorsqu’elle écrit : « En intégrant la Cité de l’Oubli, j’étais aux anges parce que je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait d’abject, de sordide dans cet endroit que je croyais un havre de paix, un temple de fraternité et de sérénité, un paradis terrestre. Comme j’étais bête et simple d’esprit ! » On voit ici qu’elle a déjà un pressentiment que quelque chose va se passer !
Mais voilà que le suspense reprend, notamment, dans le chapitre III, intitulé « Vaines tentatives », de la page 53 à la page 91, où les événements sont marqués de stress, d’angoisse et de peur, ressentis par les protagonistes qui essaient de s’évader de cette cité de malheur où ils se sont enfermés. Dès lors, le lecteur est mis dans une position de doute et de curiosité qui lui donne envie de savoir comment les personnages vont se sortir de cette situation misérable et périlleuse ou comment ils vont réussir à atteindre leur objectif. Et c’est ainsi que le suspense dure jusqu’au bout. Heureusement pour le lecteur, qui s’attend chaque fois au pire, le dénouement de l’histoire est heureux. C’est au moment où on s’y attend le moins qu’un secours exceptionnel est arrivé à point : le déclenchement d’un incendie qui ravage les lieux et permet aux prisonniers de se sauver.
De plus, ce roman nous donne l’occasion de réfléchir sur certains thèmes qui préoccupent l’homme, à savoir l’arnaque et l’escroquerie qui sont devenues monnaie courante dans notre société d’aujourd’hui, exploitant souvent la naïveté des gens et la débilité des esprits. Mais aussi, c’est un appel aux gens de ne pas se faire piéger par les arnaqueurs et les escrocs de savoir bien réfléchir avant d’entreprendre n’importe quel projet. Mais aussi, on peut noter une certaine solidarité et une affinité entre les différents personnages emprisonnés dans la cité de l’oubli, notamment entre la narratrice et Aïda d’un côté et la narratrice et Syrine d’un autre côté. Voilà donc un nouveau roman qui vient enrichir la bibliothèque de la littérature francophone en Tunisie.
