Dans le cadre du partenariat entre le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris et la Fondation à Rayonnement International Hasdrubal, soutenu par l’Institut français de Tunisie (IFT), la 7ᵉ sortie de résidence artistique 2025 a donné lieu à un concert vibrant, vendredi soir, qui a tenu toutes ses promesses.
Sur scène, trente artistes des deux rives de la Méditerranée – étudiants du prestigieux conservatoire parisien et musiciens issus de diverses institutions tunisiennes – ont uni leurs talents pour offrir au public un moment d’exception, placé sous le signe de l’interculturalité et du partage. Une fusion harmonieuse de sons, de rythmes et d’émotions, née d’un travail intense en résidence, et qui a permis aux participants de vivre une expérience artistique et humaine rare.
« Les échanges entre les étudiants venus de France et ceux formés en Tunisie sont une source naturelle d’enrichissement mutuel. Ils ont présenté un véritable récital créatif », a souligné Laurent Jost, directeur musical de la Fondation Hasdrubal. Et de fait, la complicité entre les musiciens, leur concentration joyeuse et leur investissement sans faille ont donné naissance à une performance dense, éclectique, enthousiasmante.
Le programme, soigneusement élaboré, proposait une balade musicale à travers divers styles et répertoires, mêlant compositions originales et pièces revisitées. Parmi les moments forts, l’interprétation du morceau « Mirage » – chant et piano – a littéralement conquis le public, qui a offert une standing ovation au duo. Le luthiste Louay Soltani, avec son titre « The Angel of My Dream », a lui aussi fait sensation, séduisant aussi bien les mélomanes avertis que les néophytes curieux.
Les cuivres, les percussions, les cordes et les bois se sont ensuite entremêlés avec une rare justesse. « C’était incroyable de ressentir autant d’émotion dans la musique », confiait Pierre, un spectateur visiblement touché. L’énergie des solos, la précision des appels-réponses, et l’enthousiasme des musiciens ont transporté la salle, tandis que Zied Zouari, visiblement ému, dirigeait la troupe avec ferveur.
Un hommage vibrant a été rendu au peuple palestinien, dans une séquence poignante, portée par la virtuosité et l’intensité des interprètes. Jazz, musiques traditionnelles, influences classiques et contemporaines se sont mêlées dans une liberté formelle jubilatoire, exploitant chaque nuance rythmique et chaque respiration harmonique.
Parmi les temps marquants, la création « Sur le quai de Saint Brio », interprétée par les jeunes musiciens français aux côtés de Zied Zouari, a touché par sa sincérité et sa profondeur. Le mouachah « Beladhi Ascara » a ensuite permis à chacun de briller, les solos se succédant avec fluidité, dans une mise en valeur de la virtuosité individuelle autant que du collectif.
La soirée s’est conclue sur une note magistrale, avec la prestation du saxophoniste, compositeur et chef d’orchestre Stéphane Payen, clôturant ce concert comme un feu d’artifice : éclatant, généreux et mémorable.
Kamel BOUAOUINA
Photos Berrazagua