La fédération générale des retraités rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a dénoncé, dans un communiqué publié récemment, la « paupérisation rampante » de la majeure partie des personnes appartenant à cette catégorie socio-professionnelle.
« Alors que les prix flambent d’une façon vertigineuse, les retraités se trouvent dans une situation matérielle déplorable et honteuse découlant de la baisse continue de leur pouvoir d’achat et de la détérioration sans précédent de la qualité de services sociaux tels que les soins de santé et le transport public », a-t-elle souligné.
Et d’ajouter : « Alors que le gouvernement scande à tout bout de champ le slogan de l’Etat social qui défend les droits de pauvres, le ministère des Affaires sociales fait la sourde oreille aux revendications légitimes de retraités et fait fi de leur contribution de de ces personnes âgées et vulnérables qui ont rendu de loyaux services au pays tout au long de leur vie active ».
Concrètement, la fédération générale des retraités revendique la révision automatique des pensions des retraités affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) au lieu de l’indexation des pensions au salaire minimum garanti (SMIG) ainsi que promulgation d’une loi prévoyant un seuil minimum pour les pensions de retraite équivalent au SMIG.
« Plus de la moitié des retraités perçoivent une pension de vieillesse représentant deux tiers du salaire minimum garanti, soit environ 350 dinars. Dans le détail, il s’agit de 620 mille personnes, dont 600 mille affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et 20 000 affiliés à la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) », a précisé le secrétaire général de la fédération, Abdelkader Nasri.
La fédération plaide d’autre part pour l’abrogation de la loi n° 2007-43 et de l’article 86 de la loi N° 123 de l’année 2011 modifiant et complétant les lois régissant les pensions servies au titre des régimes de retraite, d’invalidité et de survivants dans les secteurs public et privé et des régimes spéciaux, au motif que ces articles autorisent des prélèvements sur les pensions de retraite et portent préjudice au droit des retraités à une vie décente.
Elle réclame l’amendement de l’article 26 du Code de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les sociétés pour réduire le taux d’imposition des pensions de retraite, la suppression des prélèvements sur les pensions au titre de la contribution sociale de solidarité et l’abaissement des frais de soins et de transport pour les retraités.
39% des pensions, inférieures à 500 dinars
Et last but not least, les retraités dénoncent aussi la non-application de la péréquation automatique des pensions de retraite conformément à l’article 37 de la loi 85-12 du 5 mars 1985 portant régime des pensions civiles et militaires de retraite et des survivants dans le secteur public. Cet article stipule que la péréquation de la pension est effectuée lors de toute augmentation de l’un quelconque des éléments permanents de la rémunération correspondante au grade ou à la fonction sur la base de laquelle a été liquidée la pension.
La péréquation de la pension est également effectuée lors de l’institution d’une indemnité permanente concernant le grade ou la fonction sur la base de laquelle a été liquidée la pension.
Selon les données de l’Institut national de la consommation (INC), 39% des retraités perçoivent des pensions inférieures à 500 dinars, 30% entre 500 et 1000 dinars, 12,8% entre 1000 et 1500 dinars.
Ces données révèlent également que 78% des retraités ne reçoivent pas d’aides financières de la part de l’Etat alors que 35% sont obligés d’aider souvent financièrement certains membres de la famille comme des descendants au chômage ou des proches handicapés.
D’après les données de l’Institut national de la statistique (INS), le taux des personnes âgées de plus de 60 ans a atteint 13% de la population en 2018. Ce taux devrait continuer à augmenter durant les années à venir pour s’établir à 17% en 2029 et à 20% en 2036.
Dans le même temps, l’espérance de vie à la naissance, qui est d’environ 75,9 ans actuellement, devrait s’établir à environ 79 ans à l’horizon 2030. Sur le continent africain, la Tunisie est classée en première position dans ce domaine, suivie de l’Algérie (75,8) et du Maroc (74,3 ans).
Conjugués au vieillissement de la population, les gains de longévité risquent cependant de provoquer une forte détérioration au niveau des régimes de sécurité sociale. D’autant plus que les personnes âgées de 60 ans vivront globalement plus longtemps et percevront des pensions de retraite durant des périodes plus longues.
Walid KHEFIFI