L’intelligence artificielle (IA) transforme profondément de nombreux secteurs, et celui du transport et de la logistique ne fait pas exception. Cette technologie révolutionne la manière dont les personnes et les marchandises se déplacent, en améliorant l’efficacité, la sécurité et l’expérience utilisateur. Des avions aux trains, en passant par les navires, les véhicules autonomes et les systèmes de gestion du trafic urbain, l’IA est désormais au cœur de la révolution des transports.
Bien que des défis subsistent, les perspectives offertes par l’IA sont prometteuses : le transport du futur sera sans doute plus efficace, plus sûr et plus respectueux de l’environnement.
C’est dans ce contexte que la Faculté des sciences économiques et de gestion de Nabeul (FSEGN) a organisé, jeudi 24 avril 2025, au Centre 4C-FSEGN, une journée dédiée à la logistique et au transport à l’ère de l’intelligence artificielle. Cet événement, destiné aux étudiants, enseignants et professionnels, s’inscrivait dans le cadre de l’ouverture de l’établissement universitaire sur son environnement socio-économique, avec l’objectif de favoriser l’employabilité des diplômés.
La digitalisation, moteur d’emplois dans la logistique
Aram Belhadj, enseignant-chercheur à la FSEG de Nabeul, a souligné que cette manifestation a permis d’analyser les défis et opportunités liés à la transformation digitale du transport et de la logistique, d’échanger sur les innovations technologiques optimisant la supply chain et la mobilité, de valoriser les meilleures pratiques nationales et internationales, et d’encourager les collaborations public-privé pour accélérer la digitalisation du secteur. Il a également mis en avant l’importance de formuler des recommandations stratégiques pour moderniser durablement le secteur à travers le numérique.
Le doyen de la faculté, Mohamed Anis Ben Abdallah, a insisté sur le rôle clé du transport et de la logistique en tant que pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes diplômés. Selon lui, la manifestation, intitulée « Logistique et Transport à l’ère de l’Intelligence Artificielle : les enjeux pour la Tunisie », a constitué une plateforme précieuse pour échanger idées et expériences, autour d’un secteur en pleine mutation.
Il a rappelé que le développement du transport et de la logistique constitue un levier stratégique pour améliorer la compétitivité nationale, désenclaver certaines régions et renforcer le commerce international. Dans ce contexte, la formation d’étudiants spécialisés en logistique et transport devient essentielle pour répondre aux besoins futurs : chefs d’équipes logistiques, responsables d’entrepôt, supply chain managers, agents et responsables d’exploitation. De nouveaux métiers émergent également, comme le data analyst supply chain, le designer logistique ou encore le développeur de solutions numériques pour la logistique.
Cap sur une logistique tunisienne intégrée et numérique
Foued Othmen, consultant indépendant en ports et logistique, a, pour sa part, insisté sur l’importance stratégique du secteur pour l’économie tunisienne. Située au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient, la Tunisie bénéficie d’une position géographique privilégiée. Ses ports, aéroports, et réseaux ferroviaires et routiers assurent une fluidité essentielle aux échanges commerciaux.
Selon lui, l’intelligence artificielle et les plateformes numériques transforment la logistique, en permettant une gestion plus efficace des flux, une réduction des coûts, une meilleure traçabilité et un impact environnemental réduit. Pour réussir cette mutation, la Tunisie doit soutenir l’émergence d’acteurs logistiques intégrés et renforcer la demande de services sophistiqués, notamment de la part des PME. La digitalisation du secteur, en facilitant la mutualisation des trajets et en optimisant les capacités de transport via des plateformes en ligne, apparaît comme un axe incontournable.
Le capital humain demeure, selon Othmen, l’atout le plus précieux pour cette transition : la formation de logisticiens et de profils adaptés aux défis du numérique est urgente.
Vers une Tunisie plateforme logistique entre Europe et Afrique
Ahmed Karam, président du Conseil bancaire et financier, a évoqué, quant à lui, les défis du financement du transport et de la logistique. Il a souligné l’importance de recourir aux partenariats public-privé (PPP) pour accélérer le développement des infrastructures, réduire la pression sur les finances publiques et garantir une mise en œuvre rapide des projets.
Le recours au leasing, aux crédits bancaires avantageux et à l’investissement privé constitue également une voie à explorer pour soutenir le développement du secteur.
Karam a rappelé que la Tunisie, grâce à son statut avancé avec l’Europe et sa stratégie africaine, peut devenir une plateforme logistique majeure reliant les deux continents. Pour atteindre cet objectif, il est indispensable d’accélérer la modernisation des infrastructures, de diversifier la production et les exportations, de digitaliser les ports et de renforcer la formation des cadres en gouvernance et logistique.
À titre d’exemple, il a cité le Maroc, dont le port Tanger Med est devenu une référence mondiale, propulsant le pays parmi les premières places du classement de connectivité maritime de la CNUCED.
Enfin, Karam a affirmé que la Tunisie est appelée à jouer un rôle majeur dans le commerce maritime régional et international, en consolidant son infrastructure logistique nationale et en répondant aux besoins d’une économie de plus en plus diversifiée et compétitive.
Kamel BOUAOUINA
Photos Berrazagua






