Le marché des compléments alimentaires s’est développé en Tunisie. En capsules, en gélules, en poudre ou dissimulés dans des barres énergétiques et des boissons vitaminées, les compléments alimentaires s’intègrent de plus en plus dans les routines quotidiennes des tunisiens. Partout, les consommateurs multiplient les prises de compléments en espérant renforcer leur système immunitaire, mieux gérer le stress, compenser une alimentation déséquilibrée ou prévenir des maladies chroniques. Mais trop souvent, ils agissent sans connaissance réelle des produits, influencés par des discours marketing enjolivant les bénéfices tout en masquant les risques.
Composés de vitamines, de minéraux ou encore de plantes… Les compléments alimentaires sont présentés comme des produits qui nous permettraient d’affronter l’hiver, de réduire notre stress, de mieux digérer, de maigrir, d’avoir de plus beaux cheveux… ou encore à destination des sportifs. Notre système immunitaire est notre meilleure arme contre les infections hivernales comme le rhume ou la grippe. Certains nutriments comme la vitamine C, le zinc ou les probiotiques participent activement aux défenses de l’organisme. Une supplémentation adaptée permet d’optimiser le fonctionnement du système immunitaire pour mieux résister aux microbes.
« J’ai eu un bébé il y a plus d’un an maintenant. Après l’accouchement, mes cheveux, ma peau et tout mon corps avaient pris un sacré un coup ! J’ai entendu parler sur les réseaux sociaux des bienfaits des compléments alimentaires. J’ai demandé à des collègues au travail qui m’ont encouragée à les prendre. Et depuis, j’en ai acheté plusieurs que je consomme quotidiennement», témoigne Samia, enseignante. Hédi, un sportif estime que certains nutriments comme le magnésium ou les vitamines du groupe B participent à réduire la fatigue et à retrouver de l’énergie et de la vitalité.
Les compléments alimentaires peuvent être une réponse efficace à ces maux de l’hiver, à condition de bien les choisir et de les utiliser à bon escient. La vitamine D, la vitamine C, le zinc, les probiotiques et les oméga-3 sont des incontournables pour booster l’ immunité et la vitalité. Il faut dire que les réseaux sociaux ont fortement contribué à la popularité des compléments alimentaires. De nombreux influenceurs qui partagent des contenus dans les domaines de la beauté et la santé vantent régulièrement les bienfaits des compléments alimentaires sur Instagram et sur YouTube.
De la sécurisation des compléments alimentaires
Au-delà des mises en garde un peu généralistes et parfois alarmistes de la part de certains médias ou catégories professionnelles, il est indéniable que le sujet de la sécurisation de l’usage du complément alimentaire prend racine dans sa composition elle-même. Si le consommateur reste l’acteur majeur, cette sécurisation concerne également le prescripteur, légitimé par sa profession, ainsi que tout professionnel susceptible de conseiller un complément alimentaire. Et comme le rappelle l’organisation mondiale de santé , «aucune capsule, aussi concentrée soit-elle, ne peut remplacer une alimentation équilibrée, ni corriger à elle seule des années de sédentarité ou de malbouffe». Dans les pays développés, la nutrition personnalisée devient un marché à part entière.
À grands renforts d’intelligence artificielle et de tests génétiques, on propose à chacun des régimes et des compléments sur mesure. Mais cette sophistication croissante ne doit pas masquer l’essentiel, la base scientifique de nombreux produits reste floue et leur efficacité très relative.L’innovation ne peut se faire au détriment de la sécurité. Et la prévention ne peut être transformée en business sans éthique. La FAO a alerté dans son rapport par un appel à la responsabilité. Responsabilité des autorités, qui doivent encadrer, surveiller, informer. Responsabilité des industriels, qui doivent garantir la qualité, la transparence et la véracité de leurs allégations. Et responsabilité des consommateurs, enfin, qui doivent apprendre à distinguer la science du marketing. Les médecins alertent sur les dangers potentiels de la consommation excessive de ces produits en vente libre dans les pharmacies, les parapharmacies, mais aussi dans les grandes surfaces et sur les sites de e-commerce.
Même s’il ne s’agit pas de médicaments qui nécessitent un circuit législatif et administratif très particulier pour avoir l’autorisation de mise sur le marché en passant notamment par la Direction du médicament et de la pharmacie, les compléments alimentaires sont tout de même des produits destinés à la santé humaine qui visent à complémenter tout ce que l’alimentation ne peut pas nous apporter Loin de proscrire tout recours aux compléments alimentaires, plusieurs professionnels de santé plaident en faveur d’un usage raisonné, au regard des besoins réels des consommateurs qui le plus souvent peuvent rééquilibrer leur alimentation en modifiant leurs habitudes alimentaires.
Dans ce contexte, toute prise de complément alimentaire devrait être préalablement discutée avec un médecin.Ces compléments alimentaires ont des indications thérapeutiques utilisées dans le cadre des médecines préventives. Il y a généralement des dosages précis à suivre, par exemple, pour le magnésium, c’est 6 mg/kg, pour la vitamine C c’est maximum 2 g par jour pour la vitamine D, c’est 400 unités internationales par jour ou des doses de 25.000 ou 100.000 selon les recommandations du médecin traitant et qui vont être consommées une fois par semaine ou une fois par mois selon les besoins de chacun…». Une surconsommation de certains compléments alimentaires donne lieu à des signes d’intoxication, la fatigue, les nausées, ou encore les maux de tête. Un surdosage peut aussi mener à des modifications du rythme cardiaque, des effets hypoglycémiants, ou entraîner des problèmes digestifs avec des diarrhées et autres complications…
Pour sécuriser l’usage de ces compléments en Tunisie, un projet de loi se prépare et promet de réglementer le secteur. Il sera bientôt présenté aux députés après discussions et rencontres avec toutes les parties prenantes et est destiné à garantir la fabrication, la distribution et la sécurité et la qualité des compléments alimentaires mis sur le marché
Kamel Bouaouina