Lundi 26 mai 2025, le Palais de Carthage a accueilli une réunion de haute importance consacrée à la sécurité nationale. Le Président de la République a reçu Khaled Ennouri, ministre de l’Intérieur, ainsi que Sofien Bessadok, secrétaire d’État chargé de la sécurité nationale. Cette rencontre intervient dans un contexte préoccupant où les actes de criminalité se multiplient à travers le pays, alimentant un climat d’inquiétude croissante au sein de la population.
Face à cette situation, le Chef de l’État a tenu à réaffirmer la priorité absolue donnée à la lutte contre la délinquance et la criminalité sous toutes ses formes. Plus particulièrement, il a mis en garde contre la recrudescence du trafic de drogue, considéré comme l’un des facteurs les plus menaçants pour la stabilité sociale. Pour lui, les réseaux criminels ne se contentent plus d’affaiblir la sécurité de l’État, ils sapent également les fondements de la société tunisienne en exploitant les vulnérabilités économiques et sociales.
La réponse à cette montée de la criminalité ne saurait être fragmentée. Le Président a ainsi appelé à une meilleure coordination entre les différentes institutions de l’État, en particulier les services de sécurité, afin de lutter de manière concertée contre les réseaux parallèles. Il a insisté sur la nécessité d’une action rapide et efficace pour démanteler les circuits illicites qui prolifèrent dans les grandes villes comme dans les zones rurales.
Au-delà des opérations sécuritaires, Kais Saïed a également souligné l’importance de l’écoute et de la proximité avec les citoyens. Il a invité les autorités locales à jouer un rôle de premier plan dans cette démarche en se montrant plus attentives aux doléances des habitants. Cette approche, qui privilégie l’intervention sur le terrain, s’inscrit dans une volonté de rapprochement entre l’État et la population.
Une recrudescence des actes criminels dans l’espace public
Les derniers jours ont été marqués par une vague d’incidents ayant mis en lumière la nécessité d’une réponse musclée de l’État. Agressions, vols à l’arraché, trafics divers : les citoyens font de plus en plus état d’un sentiment d’insécurité, notamment dans les zones à forte densité urbaine. Les réseaux sociaux relaient chaque jour des témoignages et des vidéos illustrant ces actes, alimentant une frustration collective et une perte de confiance dans les institutions chargées de la sécurité.
Dans ce climat tendu, la parole présidentielle vise à rétablir un cap clair. Il ne s’agit plus seulement de réagir, mais de prévenir. La sécurité ne peut être garantie que si l’on s’attaque aux racines du mal : pauvreté, exclusion, chômage, manque de perspectives. La criminalité, comme l’a rappelé le chef de l’État, prospère là où l’État se fait absent.
Vers une gouvernance locale renforcée
Un autre volet essentiel du discours présidentiel réside dans l’appel à la responsabilisation des autorités locales. Pour lui , les gouverneurs, les délégués et autres représentants de l’administration territoriale doivent sortir de leur réserve et jouer un rôle actif dans la sécurisation de leur territoire. Cela passe par une présence visible sur le terrain, mais aussi par une capacité à dialoguer avec les citoyens et à anticiper les tensions. Cette orientation marque une volonté de décentralisation assumée. Il ne s’agit plus seulement d’administrer, mais de gouverner au plus près des réalités locales. L’État de proximité devient ainsi un outil stratégique dans la lutte contre la criminalité, en permettant des réponses plus rapides, plus adaptées et plus humaines aux problèmes que rencontrent les habitants.
Une mobilisation nationale attendue
Alors que les défis sécuritaires ne cessent de s’amplifier, la Tunisie s’engage sur la voie d’une mobilisation nationale. Il ne s’agit pas uniquement de protéger l’ordre public, mais de garantir la cohésion sociale et le droit de chaque citoyen à vivre dans la dignité et la tranquillité.
La rencontre du 26 mai pourrait bien constituer un tournant, à condition que les paroles se traduisent en actions concrètes. La lutte contre la criminalité n’est pas l’affaire des seuls services de sécurité. Elle est un combat collectif, qui exige courage politique, rigueur institutionnelle et surtout, confiance renouvelée entre l’État et sa population.
Leila SELMI