Les prix de vente de biens immobiliers ont grimpé plus que l’on peut l’imaginer. Les petites bourses ne savent plus où donner de la tête. Cette hausse s’explique par l’inflation qui a débordé largement les seuls prix de l’agroalimentaire, les prix des courses, les prix de l’énergie. Les prix de l’immobilier ont atteint des records à même de rivaliser avec les plus grandes capitales du monde. Les Tunisiens sont donc de plus en plus handicapés par les prix de l’immobilier qui atteignent des sommes astronomiques. Le phénomène est particulièrement frappant s’agissant des prix au mètre carré, ce qui rend difficile pour la plupart, l’accession à la propriété.
Selon UN baromètre immobilier il y a certaines régions, très prisées, où le prix du mètre carré dépasse toutes les attentes. Une lecture purement chiffrée place, en haut du podium, le néo-quartier de la capitale : les Jardins de Carthage. Cette zone s’impose comme étant la plus chère où le prix du mètre carré avoisine les 3.640 dinars pour l’immobilier ancien et 3.550 dinars pour l’immobilier neuf. En deuxième place du podium, se loge la zone de « Gammarth ». Là, le prix du mètre carré est estimé à 3.260 dinars pour l’immobilier ancien et 3.500 dinars pour le neuf. Loin de la capitale, le mètre carré pour un appartement neuf dans la ville balnéaire de Hammamet est évalué, en moyenne, à 2.570 dinars et à 2.660 dinars pour l’appartement ancien. Le prix du mètre carré pour acheter un appartement neuf à El Kantaoui est de 3.440 dinars contre 3.130 dinars pour l’ancien.
Habiter à Tunis devient plus cher qu’à Paris !
Désormais, pour devenir «proprio» d’un appartement, on ne négocie pas à moins de deux à trois cents mille dinars !Pour acheter une villa, c’est une autre paire de manches. «500 à mille dinars » sont les prix que l’on peut rencontrer dans les agences immobilières. Le pouvoir d’achat du Tunisien se dégrade et peine à trouver un logement adapté à ses revenus. La flambée des prix de l’immobilier actuel est liée à plusieurs facteurs dont La venue de spéculateurs et d’intrus sur le marché de l’immobilier tunisien, la pénurie et l’augmentation des prix des terrains constructibles, l’affaiblissement du stock foncier, en particulier dans le Grand Tunis, Sfax et Sousse, l’augmentation des prix des matières premières et de la main-d’œuvre, la dépréciation progressive du dinar, les montées consécutives du taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie qui favorisent le renchérissement des prêts tant pour les ménages souhaitant acquérir un logement que pour les promoteurs immobiliers.« Je cherche un trois-pièces bien situé, dans une nouvelle cité. Je veux un logement neuf. Mais mon budget est limité et les prix sont trop élevés. Cela fait deux ans que j’épargne pour acheter ce logement.
A l’époque, les prix des logements étaient plus au moins abordables, maintenant, c’est inaccessible pour les revenus modestes. Habiter à Tunis devient plus cher qu’à Paris !», regrette Ahmed. Les prix deviennent « fous » à mesure que l’on s’approche des zones côtières « A Nabeul ou à Hammamet, c’est 3 à 4 mille dinars le mètre au minimum » affirme le gérant d’une agence immobilière. Le trésorier de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers, Hechmi Melliani, a indiqué que de nombreux Tunisiens vivent dans des logements inappropriés, ajoutant qu’en posséder un est un droit garanti par la Constitution. « Ce rêve est devenu impossible à réaliser. Le problème ne réside pas dans le prix élevé du logement mais plutôt dans l’accès au crédit bancaire, car les Tunisiens ne sont pas en mesure de verser un apport initial » dit-il.
Location-vente immobilière : la solution pour acheter sans apport
La location-vente, que l’on appelle également location-accession, permet d’accéder progressivement à la propriété. Cela consiste à trouver son bien et à le louer pendant une période dite de jouissance, dont la durée est préalablement définie dans le contrat. La location-vente concerne tous les types de biens. Il est donc possible d’effectuer une location-vente pour une maison ou une location-vente pour un appartement. Ce modèle de la location-vente déjà été utilisé dans les années 1970 et 1980, permet d’améliorer les conditions de vie des citoyens des catégories sociales vulnérables et moyennes, et de soutenir ainsi le secteur du logement. Selon lui, les citoyens manifestent un grand intérêt pour ce système.
Le trésorier de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers, Hechmi Melliani,a appelé à relancer le mécanisme de location-vente en Tunisie, avec un taux d’intérêt sur les prêts compris entre 3 et 5 %, alors que le taux directeur actuel est de 8 %. Il a indiqué que le Fonds de promotion du logement en faveur des salariés (FOPROLOS) est utilisé pour le logement social, ce qui limite l’accès à des logements ne dépassant pas 180 000 dinars. Selon la Société de promotion des logements sociaux(SPROLS), 9 000 logements ont été acquis grâce au mécanisme de « location-vente ». SPROLS est en train d’étudier avec l’autorité de tutelle la possibilité de réintroduire cette alternative de financement, ce qui permettrait d’alléger le lourd fardeau financier qui pèse sur la société. Ce financement de la construction des logements sociaux locatifs avec option d’achat est un mécanisme avantageux aussi bien pour le client que pour la pérennité de la société.
Kamel Bouaouina