Pour atteindre une prospérité partagée en Tunisie, il est crucial de rompre avec le modèle économique actuel, en engageant des réformes structurelles qui reposent sur la transition numérique, écologique et énergétique.
« Les politiques conjoncturelles qui reposent notamment, sur la stabilisation du déficit budgétaire et la maîtrise de l’endettement ne sont pas suffisantes pour créer de la croissance. Avec un tel modèle économique, nous continuerons à réaliser des taux de croissance inférieurs de 2%, ce qui est très modeste ».
C’est l’idée force qui se dégage de la nouvelle édition de la publication annuelle du Think Thank « GI4T » (Global Institute for Transitions) sur la conjoncture économique de la Tunisie, intitulée « L’économie tunisienne 2025, quels chemins pour une nouvelle prospérité ?».
Présentée, avant-hier lors des petits déjeuners de l’économie, une initiative portée par le projet « savoir éco », lequel est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France, en collaboration avec le Programme d’Appui aux Médias en Tunisie (PAMT 2), cette nouvelle édition est réflexion collective et plurielle proposée par un ensemble d’académiciens et de chercheurs tunisiens et maghrébins.
Lors de cette rencontre-débat autour de cet ouvrage organisée au siège d’Expertise France, à Tunis, Maher Gassab, professeur universitaire en sciences économiques et coordinateur de l’ouvrage a déclaré que les politiques conjoncturelles ne sont pas suffisantes pour garantir la prospérité économique.
Dans la seconde partie de l’ouvrage, a-t-il indiqué, nous avons démontré que les vraies voies de réformes ne se limitent pas seulement à la réalisation d’équilibres macroéconomiques mais doivent inclure la transition écologique et énergétique, l’innovation, le tourisme durable et l’inclusion des femmes dans le marché de travail, qui sont les fondements de la nouvelle prospérité.
« Une nouvelle prospérité exige une meilleure inclusion des femmes »
Evoquant l’inclusion des femmes dans le marché de travail, comme pilier de la prospérité partagée, Habib Zitouna, professeur en sciences économiques à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion a déploré la faible participation des femmes au marché de travail.
Selon lui, moins d’une femme adulte sur trois travaille ou est en recherche d’emploi, estimant que cette situation est paradoxale lorsqu’on voit que les femmes sont majoritaires dans l’administration et différents secteurs, ce qui illustre le fossé entre la réalité et les statistiques.
Dans sa contribution intitulée « Femmes et emploi : les progrès sociaux à l’épreuve du modèle économique », l’universitaire explique qu’en plus des aspects sociaux, les salaires faibles ne favorisent pas l’inclusion des femmes sur le marché de travail et constituent la principale force d’exclusion. Or, une nouvelle prospérité exige une meilleure inclusion des femmes et une nécessité d’adopter des politiques d’inclusion plus efficaces.
Fruit d’un travail collaboratif rassemblant une trentaine d’économistes, sociologues, géographes, spécialistes en management et en environnement, la nouvelle édition de la série annuelle du GI4T se distingue par l’intégration d’une nouvelle partie dédiée aux économies maghrébines.
Crée en 2021, le GI4T œuvre à contribuer au développement d’une masse critique de recherche et de réflexion afin d’alimenter et appuyer les politiques publiques.
Constitué d’une trentaine de contributions, cet ouvrage comporte cinq parties couvrant aussi bien, l’état actuel que les perspectives de l’économie tunisienne sur le plan macroéconomique et sectoriel, les nouvelles perspectives économiques, l’état des économies maghrébines et enfin des annexes statistiques.