La saison estivale 2025 (juin-juillet-août) devrait connaître des températures supérieures aux normales saisonnières sur l’ensemble du territoire, suggérant ainsi une tendance marquée vers un été plus chaud que la normale, selon le bulletin des prévisions saisonnières publié par l’Institut national de la météorologie (INM) en mai 2025.
Cette prévision nationale s’inscrit dans une tendance plus large, confirmée par les données climatiques à long terme. En effet, l’un des principaux défis climatiques auxquels la Tunisie est confrontée est l’élévation continue des températures.
Le projet « Human Climate Horizons », mené par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), estime que la Tunisie enregistrera une température annuelle moyenne de 20,7 °C entre 2040 et 2059, soit bien au-dessus de la moyenne mondiale de 16,1 °C.
Cette tendance s’accompagne d’une augmentation notable des jours de chaleur extrême. Le rapport du PNUD prévoit en moyenne 71 jours par an avec des températures supérieures à 35 °C, chiffre qui pourrait atteindre 100 jours par an entre 2080 et 2099, contre seulement 31 jours sur la période de référence 1986–2005.
Les conséquences sanitaires de cette hausse sont particulièrement préoccupantes. Le nombre de décès liés au climat en Tunisie pourrait être multiplié par dix d’ici la fin du siècle.
« À Nabeul, par exemple, on passerait de zéro décès climatique entre 2020 et 2039 à vingt-sept décès entre 2080 et 2099, tandis qu’à Tozeur, cette mortalité grimperait de vingt-deux à cent dix-huit décès sur la même période », a indiqué le même document.
Les projections de l’INM confirment cette évolution, avec une hausse des températures pouvant atteindre +1,8 °C d’ici 2050 et jusqu’à +3 °C à l’horizon 2100 à l’échelle nationale. Les régions de l’intérieur, plus vulnérables, pourraient connaître des hausses allant jusqu’à +2,3 °C en 2050 et +5,2 °C en 2100.
En première ligne face aux vagues de chaleur
Ces régions abritent une grande partie de l’économie agricole tunisienne et se retrouveront en première ligne face aux vagues de chaleur. Celles-ci pourraient entraîner la destruction massive des récoltes, ainsi qu’une évaporation accélérée des eaux de surface, aggravant une pénurie hydrique déjà critique.
Or, un été plus chaud que la normale implique aussi un risque accru d’incendies de forêts, un phénomène dont la fréquence et l’intensité ne cessent d’augmenter. Face à cette menace, le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a diffusé une vidéo de sensibilisation soulignant que la protection des forêts est une responsabilité partagée « Une forêt peut s’embraser en une minute, mais sa régénération nécessite 30 ans. »
Ce message d’alerte prend tout son sens dans un contexte où les pertes forestières sont déjà alarmantes. Selon le chef du service de protection des forêts, plus de 50 000 hectares de forêts ont été ravagés par les incendies au cours des dix dernières années.
Réchauffement climatique, sécheresse et incendies, ces dynamiques imposent une réponse urgente et coordonnée. La Tunisie doit renforcer ses stratégies de prévention, d’alerte et d’adaptation, afin de limiter les impacts sur les écosystèmes, la santé publique et la sécurité alimentaire.
C’est dans cette optique que Mohamed Naoufel Ben Haha , directeur général des forêts au sein du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, a annoncé le lancement de l’élaboration d’un plan national, ainsi que l’organisation de séances de travail et de dialogue, en vue d’engager un dialogue national sur les forêts.
Dans une déclaration à la radio nationale, il a insisté sur le fait que la mise en place d’un plan de prévention des incendies nécessite un effort considérable en matière de sensibilisation, un travail entamé depuis le mois d’avril dernier.
Il a révélé que la région du Nord, jusqu’à Kairouan, est particulièrement menacée par les feux de forêt, et que les préparatifs sont en cours et se poursuivent afin de réduire les surfaces brûlées.
L’objectif, selon lui, est que la superficie brûlée par incendie ne dépasse pas 3 hectares. Il a précisé que 96 % des incendies sont d’origine humaine, qu’il s’agisse d’actes volontaires ou involontaires.
« Toutes les parties prenantes et les acteurs concernés seront invités à participer au dialogue national sur les forêts. »
Il a souligné que le territoire forestier tunisien constitue une richesse nationale,
mais qu’il subit de nombreuses atteintes, ce qui contribue à la multiplication des incendies.
Il a ainsi critiqué certaines pratiques de citoyens dans les zones forestières, notamment l’accumulation de déchets, ce qui augmente fortement le risque d’incendie.
Nouha MAINSI