Sa petite localité de Dhibette de l’imadat de Messiouta, de la délégation d’El Ala du gouvernorat de Kairouan et tous ses habitants, ses collègues, ses amis et ses lecteurs, lui ont rendu jeudi dernier un dernier hommage dans la propriété familiale ; à l’endroit qu’il avait choisi pour y être, inhumé en face de ‘la rose sauvage’, la demeure abritant sa bibliothèque étagère contenant ses œuvres littéraires. Même dans l’au-delà ; il n’a pas voulu s’éloigner de ses œuvres. Un adieu certes, simple en l’absence remarquée de la ministre de la culture, mais combien significatif, car ,il traduit l’attachement de ce créateur à son pays et à ce petit territoire qui est Dhibette (Tribu ou Arch Dhibette, originaire de Dhiba à la frontière Tuniso-libyenne).
Il s’agit du romancier, écrivain, poète et journaliste Hsouna Mosbahi, le mordu de cette petite bourgade de quelques centaines d’habitants dispersés entre les monts et les montagnes couverts d’herbes aromatiques, et d’oliviers centenaires. Celui, qui n’a oublié ni « Henia », mentionnée dans « l’histoire de la folie de ma cousine Henia », son premier roman publié en 1986 du siècle dernier, ni « Selma », invoquée dans son dernier roman, intitulé ‘le jour du décès de Selma’, ni les petits troupeaux de moutons et de caprins appartenant aux modestes éleveurs de cette région, encore attachés à cette terre généreuse qui l’a enfantée comme elle a enfanté le célèbre romancier Habib Selmi et autres, ni le délicieux lait caillé, ni le pain tabouna ou matlouaa , ni le petit verre de thé « trabelsi », préparés par les mains expertes de sa défunte, mère « Saadania » qu’il a toujours aimée.
Mosbahi , fier de son appartenance à sa patrie, à sa région plus particulièrement, et à son chef-lieu « el Ala » où il a passé les six années de l’enseignement primaire, n’a pas oublié les années d’études secondaires au lycée de Haffouz, ni celles du supérieur à l’école normale de professeurs adjoints( ENPA –Rue des Félibres à l’époque) à Tunis avant de devenir enseignant de la langue de Molière et d’entreprendre une belle carrière littéraire et journalistique à travers les quotidiens, les hebdomadaires et les magazines, Tunisiens et étrangers. Il a écrit le récit (le roman court), et la critique littéraire, traduit des œuvres du Français et de l’allemand à l’arabe dont « les voix de Marrakech » d’Ilias Kanti…Il a été, plusieurs fois primé (prix du ministère de la culture du récit en 1986 pour son roman ‘’l’histoire de la folie de ma cousine « Hnia »), Prix Mohamed Zafzaf du roman arabe en 2016 et d’autres prix et distinctions.
Mosbahi s’est expatrié à Munich en Allemagne, où il a passé huit années, pleines d’activités culturelles. Il faisait souvent escale dans sa villa dans la belle station balnéaire de Hammamet ; mais sans omettre de se rende à Dhibette, la petite bourgade qu’il a si bien aimée.
C’est là qu’il a terminé sa course, quelques semaines après avoir achevé l’écriture de son dernier roman intitulé ‘le jour du décès de Selma’.
Hsouna Moosbahi mérite qu’on lui rende un hommage, digne d’un homme de lettre qui a beaucoup donné à la culture et la littérature ,lui qui est parvenu à faire connaitre à sa manière ,son pays à travers le monde arabe ,comme l’avait bien dit le grand écrivains Egyptien, feu Youssef Idriss» « il suffit de lire un seul roman de Hsouna Mosbahi pour connaitre comment vit le tunisien , comment il pense, ses propres histoires et ses légendes comme si tu as vécu des dizaines d’années en Tunisie »
Paix à son âme.
Neji KHAMMARI