Le nombre des consommateurs de drogues diverses a connu une forte augmentation durant ces dernières années. C’est aujourd’hui une problématique qui entraîne des perturbations de la société dans sa globalité et en particulier la cellule familiale. La Tunisie n’est bien évidemment pas un cas isolé, puisque cette problématique se pose également au niveau mondial. Les répercussions de la drogue sont vastes et complexes. Côté statistiques, l’étude élaborée par l’unité des sciences criminelles relevant du Centre des études juridiques et judiciaires à Tunis révèle que le taux de consommation des produits psychotropes chez les adolescents (entre 13 et 18 ans) est de 57%. Les résultats de l’étude réalisée en 2023 par l’Institut national de la santé sont alarmants. Il s’avère que 15% des lycéens ne trouvent aucune difficulté à se procurer des substances psychotropes. Le taux des lycéens qui consomment de la drogue est de 8%.
Fait alarmant, durant ces dix dernières années, le taux de consommation dans le milieu scolaire a doublé. Ce taux nécessite l’intervention de toutes les structures de l’État et des mesures de prévention, d’accompagnement et de réinsertion sociale, surtout que l’’enfant appartient aux groupes à risque et vulnérables. La Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, ou Journée mondiale contre la drogue, a été célébrée le 26 juin pour renforcer l’action et la coopération en vue de parvenir à un monde sans toxicomanie. Cette année, la Journée mondiale de la drogue a appelé à investir dans la prévention, en particulier dans la justice, l’éducation, les soins de santé et les moyens de subsistance alternatifs, qui sont les fondements d’une résilience durable. La consommation des drogues est de plus en plus courante chez les jeunes et les adolescents. Elle commence de plus en plus tôt. D’où la nécessité de mener des actions préventives afin de sensibiliser l’enfant qui risque, une fois au collège, de plonger davantage, puisqu’au collège et au lycée, la situation est encore plus grave. La Tunisie a mille et une raisons de vouloir s’en prémunir. Toutes les institutions, les associations et les organisations doivent conjuguer leurs efforts pour faire face à ce phénomène qui représente un grand danger pour les jeunes. C’est dans ce cadre que l’Office national du planning familial et de la population à travers ses différentes structures implantées dans tous les gouvernorats de la République, offre divers services gratuits destinés aux jeunes et aux adolescents sur les drogues et leurs effets négatifs sur la santé mentale et physique de l’être humain. Ces services visent à les sensibiliser et à leur fournir une information fiable et complète sur les méfaits des drogues et leurs effets négatifs sur la santé physique et psychologique de l’individu, de la famille et de la communauté. Par l’intermédiaire de ses spécialistes, l’Office fournit également des services de soutien et de conseil et les oriente vers les structures de traitement et d’assistance disponibles. Une bonne initiative à saluer.
Il reste que la prévention doit être partie intégrante du projet d’établissement scolaire. Elle doit se faire de manière continue et cibler tous les niveaux scolaires, y compris les classes primaires. Les données de cette enquête sont en faveur de l’implication non seulement des élèves, mais aussi du personnel de l’éducation scolaire, notamment les enseignants et éducateurs et les parents dans les actions de prévention. Cette prévention qui est partie intégrante du projet d’établissement scolaire doit se faire de manière continue et cibler tous les niveaux scolaires. Les clubs de santé créés dans les établissements scolaires à travers les différentes régions du pays constituent des espaces pour sensibiliser les jeunes sur les risques de la consommation du tabac et de la drogue. Ces diverses activités sont encadrées par des animateurs pédagogiques spécialisés, en associant d’autres acteurs de la société civile et des organisations. Il est indispensable d’assurer précocement, dès l’école primaire, une éducation spécifique sur les dangers de cette consommation, et de la poursuivre dans le cadre de programmes adaptés à toutes les étapes du parcours éducatif jusqu’à l’université.
Kamel Bouaouina