Le fait n’a rien de nouveau ou de surprenant. La plage de Hammam-Lif et des cités voisines est encore impropre à la baignade et les citoyens qui y habitent n’ont qu’à migrer vers d’autres lieux pour se rafraîchir et profiter de la mer. Comment se fait-il que cette situation perdure depuis de longues années et comment expliquer le fait de n’avoir rien entrepris malgré les consignes officielles pour pallier cette situation étrange et aberrante ?
Les années passent et confirment la même sensation de frustration chez les habitants de la banlieue sud de Tunis, particulièrement à Hammam-Lif, la ville qui était réputée pour la beauté et la propreté de sa plage, très appréciée et fréquentée. Cela fait quelques années que cette usure dramatique de la plage se poursuit sans véritable tentative ou effort pour pallier ce phénomène qui irrite les banlieusards et attise leur colère.
Il y a deux ans, en juin 2023, on a constaté, à Hammam-Lif, un inquiétant changement de couleur de l’eau de mer. Les explications livrées à l’époque par le directeur régional de l’APAL (Agence de protection et d’aménagement du littoral) et d’autres responsables pour justifier ce changement de couleur ont choqué les habitants de la ville beylicale et augmenté leur colère contre cette fameuse agence de protection et d’aménagement du littoral et contre l’Office national de l’assainissement (ONAS). Les Hammam-lifois n’étaient évidemment pas contents de ce qui a été entrepris par ces deux organismes, responsables à leur avis, et ce, depuis des décennies, de la destruction de la plage de la ville qui a été longtemps surnommée « la perle du golfe de Tunis », pour la qualité de sa plage de sable fin et ses eaux très poissonneuses et qui a été pendant de longues décennies la destination des vacanciers qui y séjournaient en été en provenance de la capitale. Ils étaient révoltés par l’inconscience de ces responsables qui ont tenté de justifier l’injustifiable en considérant ce changement de couleur de l’eau de mer comme « naturel », alors qu’il est très inquiétant car il peut signifier la présence de micro-organismes néfastes pour l’environnement (pour la biodiversité marine et même la santé des habitants du littoral).
Face à cette passivité, les habitants de la ville ont réagi à travers certaines pages Facebook qui portaient des slogans et des appels du genre « De l’APAL et de l’ONAS, on en a assez ! », « Cessez de détruire Hammam-Lif ! » Des appels ont également été lancés aux hautes autorités pour intervenir le plus tôt possible pour mettre fin à ce massacre du patrimoine et à ces dommages quasi irréversibles au littoral de la cité.
Il se trouve cependant que le ministère de la Santé vient de publier, il y a quelques jours, un communiqué qui met en garde contre la baignade dans 28 plages en raison de la pollution de la mer dans les gouvernorats de Tunis, Ben Arous, Ariana et Bizerte. Et comme il fallait s’y attendre, c’est le gouvernorat de Ben Arous qui a été le plus touché par cette interdiction de se baigner puisque sur les 28 plages citées, 15 se trouvent dans cette région dont, notamment :
-A 100 m au Sud de la plage Marouan à Radès.
-En face du siège de la protection civile de Radès.
-A 100 m au Nord de l’embouchure de Oued Meliane (Radès).
-En face de l’embouchure de Oued Maizet (Ezzahra).
-A l’embouchure de Oued Boukhamsa (Ezzahra).
-En face de la rue Salsa Major (Hammam-Lif).
-En face de la rue de la Méditerranée (Hammam-Lif).
-En face du Casino (Hammam-Lif).
-En face de la rue Habib Thameur (Hammam-Lif).
-En face de la rue Aziza Othmana (Hammam-Lif).
-A l’ancienne embouchure Echaâbia à Hammam-Lif.
-A l’embouchure Oued Ayachia (Hammam-Lif).
Conséquence, les Hammam-lifois sont encore une fois privés des joies de la baignade sur leur plage et ce, depuis des décennies. Le travail qui doit y être exécuté n’a été fait qu’à moitié. On a bien établi le diagnostic et le mal est connu : Hammam-Lif subit depuis plusieurs décennies une pollution côtière grandissante et chronique à l’origine de la dégradation de son écosystème côtier et de sa plage.
Reste à trouver la meilleure thérapie pour soigner ce mal et mettre fin à l’hémorragie, et c’est bien là que tout semble caler, sans raison apparente ou justifiable. Cela veut-il dire que la plage de Hammam-Lif sera éternellement malade, sans droit d’accès aux véritables remèdes ?
Kamel ZAIEM