Tabagisme, alcoolisme, drogue, dépendance aux réseaux sociaux et aux jeux… Les conduites addictives ne cessent de prendre de l’ampleur. Il existe aujourd’hui de nouvelles addictions comme celles aux jeux vidéo, à Internet, aux écrans, à la consommation excessive de certaines substances comme le sucre, aux achats compulsifs ou encore l’addiction au travail. Tout cela nous amène à considérer ces addictions comme des troubles et des maladies comme l’ont signalé les participants au séminaire organisé par l’Office National de la Famille et de la Population sur « La famille et l’addiction ».
L’addiction aujourd’hui ne se limite plus aux substances stupéfiantes, mais englobe de nouveaux comportements tels que l’addiction aux médicaments en vente libre, l’addiction aux réseaux sociaux, l’addiction au tabagisme, ainsi que les comportements addictifs numériques chez les enfants et les adolescents. Qu’elles soient liées à l’usage de substances psychoactives ou à la pratique de certaines activités potentiellement addictogènes, ces conduites ont des conséquences importantes sur la santé et la vie sociale des jeunes en particulier.
Les symptômes d’addiction sont notamment un temps important passé à jouer et surtout un temps pris au détriment d’autres activités nécessaires à l’équilibre, une incapacité à contrôler ce temps et à réduire son temps de jeu, des répercussions sur le travail scolaire et sur l’équilibre alimentaire ou le sommeil et une souffrance psychique attachée à l’utilisation des jeux vidéo, tristesse, anxiété, agressivité, réduction d’un malaise. Une consommation occasionnelle, limitée, maîtrisée et récréative de substances ou l’exercice d’activités à potentiel addictif ne sont pas nécessairement le signe d’une conduite addictive. Mais dès lors que la fréquence de la consommation s’accroît, devenant incontrôlée et ayant des répercussions négatives sur la vie sociale, les signes d’addiction deviennent alarmants. Le problème est que les personnes, les familles et les entreprises sont souvent, par manque d’information et absence de structures de soutien et de prise en charge, démunies face à l’installation et l’aggravation des symptômes de l’addiction. Les déterminants de l’addiction vont peu à peu envahir la vie quotidienne de l’individu, au détriment de sa vie familiale, scolaire ou professionnelle. À la perte de contrôle de soi, s’ajoute l’impossibilité de stopper les comportements addictifs. A ce stade, la personne bascule dans la dépendance. Elle ne doit être ni stigmatisée ni abandonnée. Elle a plutôt besoin d’accéder à des structures d’information, de soins, d’accompagnement afin de recouvrer son autonomie de volonté et d’action.
La prévention des conduites addictives : une démarche globale
La prévention des addictions chez les adolescents exige une stratégie multidimensionnelle, adaptée aux réalités du terrain. Les solutions existent comme l’ont évoqué Houyem Boukassoula, psychologue clinicienne au complexe sanitaire de Djebel Oust, Rym Belhadj, commissaire régional de l’Office national de la famille et de la population à Mahdia et Nabil Ben Salah du ministère de la Santé.
La prévention, initiée tôt et menée avec méthode, protège efficacement les adolescents. Parents, professionnels de santé et établissements scolaires disposent aujourd’hui d’outils concrets pour éviter l’installation d’une dépendance.
« L’addiction aujourd’hui ne se limite plus aux substances stupéfiantes, mais englobe de nouveaux comportements tels que l’addiction aux médicaments en vente libre, l’addiction aux réseaux sociaux, l’addiction au tabagisme, ainsi que les comportements addictifs numériques chez les enfants et les adolescents. La Tunisie assiste à une évolution alarmante des modes d’addiction chez les jeunes, et le traitement de ce phénomène nécessite un changement radical dans les méthodes de sensibilisation et de prévention, en mettant l’accent sur le dialogue familial et l’utilisation de la technologie pour une orientation positive », a déclaré Mohamed Douaji, PDG de l’Office National de la Famille et de la Population.
Des thérapies numériques
L’addiction peut devenir tangible dans divers segments de la société et peut être observée dans chaque quartier et chaque institution, ce qui nécessite une intervention urgente, a souligné le PDG de l’Office National de la Famille et de la Population. « L’Office national travaille au développement d’applications et de plateformes numériques destinées aux jeunes afin de les sensibiliser de manière interactive et en accord avec leurs tendances numériques. L’Office est en train de passer à des systèmes d’information modernes et de s’éloigner progressivement des méthodes traditionnelles telles que les brochures en papier, en faveur de médias plus efficaces et plus flexibles. Ces applis mobiles sont reconnues comme thérapies numériques », a-t-il spécifié.
Il est vrai que grâce à l’appli, le médecin addictologue peut sélectionner les addictions et les analyser au quotidien et décortiquer certains éléments déclencheurs. Vous êtes accro au sucre ? Impossible de ne pas craquer systématiquement sur du chocolat en regardant la télé ? Et, aussitôt que vous l’avez englouti, vous culpabilisez ? L’appli va vous inciter à mieux prendre conscience de votre « dépendance » et à chiffrer les dégâts caloriques qu’elle occasionne. Le nombre de calories apparaît dès lors que vous entrez la quantité consommée ou le code-barres du produit en question. De quoi succomber moins souvent à la tentation…
Légion sont ceux qui ont les yeux rivés sur leur portable 150 fois par jour sans s’en rendre compte… L’appli peut nous aider à décrocher. Grâce à une interface simple, on peut savoir combien de temps on a passé à utiliser son smartphone au cours de la journée et le nombre de fois où on l’a regardé de façon frénétique. On peut ainsi limiter notre addiction au portable. Ces applications qui sont présentées aujourd’hui s’inscrivent dans cette optique, celle de prévenir les addictions et de favoriser la pleine participation des personnes à leur bien-être.
Kamel Bouaouina