Une réunion du conseil régional tenue mercredi au siège du gouvernorat de Gafsa a abouti à un engagement des autorités à réaliser plusieurs projets de développement et à améliorer la qualité des services de base au niveau de la ville minière de Redeyef, où des centaines d’habitants ont protesté vendredi dernier contre la « marginalisation » de la région, la hausse du chômage dans les rangs des jeunes et les coupures récurrentes de l’eau potable.
Dans un communiqué adressé à l’opinion publique à l’issue de la réunion à laquelle ont participé des représentants de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le collectif d’organisations de la société civile baptisé « Yezzina » (Ça suffit) a précisé que la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) s’est engagée à former une commission pour suivre la situation du raccordement à l’eau, à renforcer le réseau régional de canalisation pour un investissement de 9 millions de dinars, à lutter contre le raccordement anarchique et à réhabiliter 5 km de canalisations désuètes.
Dans ce même chapitre, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est tenue d’injecter des quantités d’eau prélevées dans ses puits dans le réseau de la SONEDE pendant 12 heures par jour.
Dans le domaine de l’assainissement, les autorités régionales ont décidé d’épandre des insecticides dans les étangs et d’accélérer le lancement d’un appel d’offres pour la construction de la station d’épuration Redey-Om Laârayes, dont le coût est estimé à 120 millions de dinars.
En ce qui concerne les soins de santé, l’intérêt se porte sur la mise en place d’un service de consultations externes et d’urgences au niveau de l’hôpital local de Redeyef, la construction d’un centre d’hémodialyse et le renforcement de la disponibilité des médecins spécialistes.
Volet emploi et soutien à l’initiative privée, un concours sera organisé par la CPG pour recruter 570 agents et 267 cadres tandis qu’une ligne de financement dédiée aux titulaires des carnets de soins à tarifs réduits et aux personnes handicapés sera lancée dans les quelques jours à venir.
D’autres projets portant notamment sur la réalisation d’une zone agricole irriguée, l’aménagement du stade municipal et l’extension de nombreux établissements éducatifs ont été par ailleurs annoncés.
Le collectif «Yezzina » a cependant estimé que ces engagements « restent des promesses jusqu’ à ce qu’ils soient traduits en projets concrets », tout en appelant tous les activistes de la délégation de Redeyef à poursuivre leurs luttes sociales pacifiques pour « la concrétisation de leurs revendications légitimes, que le gouverneur de Gafsa lui-même a reconnues ».
Un sous-sol riche en minerais
Des centaines d’habitants de la ville de Redeyef avaient organisé, vendredi dernier, un rassemblement de protestation devant le siège de la délégation pour dénoncer les coupures répétées de l’eau potable dans plusieurs quartiers en ces temps marqués par la hausse des températures.
Répondant à l’appel d’un collectif « Yezzina », les protestataires ont brûlé des pneus pour attirer l’attention des autorités régionales sur la galère des habitants de cette délégation qui compte plus de 30 000 habitants et représente un centre minier spécialisé dans l’exploitation des phosphates.
Ils ont également pressé les pouvoirs publics de trouver des solutions radicales au problème de coupures d’eau potable qui s’intensifient durant la saison estivale, tout en estimant que la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) doit agir dans les plus brefs délais.
Un jour auparavant, le collectif « Yezzina » avait adressé une lettre au Président de la République pour dénoncer « les atermoiements et les promesses non tenues des autorités régionales face aux revendications légitimes exprimées tout au long des dernières années par les habitants de la région ». La missive fait notamment état de coupures récurrentes de l’eau potable, de dégradation catastrophique de la qualité des soins dans les établissements publics, d’un taux de chômage effrayant des jeunes et d’une absence quasi totale de moyens de transport adéquats ».
Malgré la richesse de son sous-sol qui abrite d’importantes réserves de phosphates, la région du bassin minier à laquelle appartient la délégation de Redeyef est l’une des plus pauvres du pays.
Walid KHEFIFI