La Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS) a appelé, hier, les autorités de tutelle à accélérer la mise en place d’une mutuelle regroupant les enseignants et les chercheurs et à élaborer des statuts particuliers spécifiques à chaque catégorie d’enseignants.
La fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a précisé, à l’issue d’une réunion de sa commission administrative sectorielle, qu’un accord de principe relatif à la mise en place de la mutuelle a été conclu avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique le 6 juin 2023, tout en indiquant que les statuts de cette mutuelle qui doit fournir des services dans le domaine de la couverture maladie et des prestations sociales n’ont pas été à ce jour publiés dans le Journal officiel de la République tunisienne (Jort).
Rappelant que le statut des enseignants du supérieur remonte à 1993, la FGESRS a, d’autre part, indiqué que l’élaboration de statuts spécifiques à chaque catégorie d’enseignants (enseignants-chercheurs, maîtres de conférences, maîtres-assistants, maîtres technologues, etc.) est désormais nécessaire au regard des évolutions qu’a connues le secteur sur le plan pédagogique, ainsi que dans le domaine de la recherche, tout en pressant le ministère de lancer des négociations à ce sujet dès le 15 août comme convenu lors d’un accord bipartite conclu en juin dernier.
Les enseignants du supérieur réclament par ailleurs la revalorisation de l’indemnité de la rentrée universitaire et la rémunération des heures supplémentaires conformément à la grille salariale en vigueur pour compenser la détérioration de leur pouvoir d’achat et freiner le phénomène de l’exode massif des universitaires. Selon les données de la FGESRS, plus de 2500 enseignants du supérieur ont déjà préféré partir à l’étranger ces dernières années en quête de meilleures conditions de travail et de rémunérations plus élevées. Quelque 1801 enseignants parmi ces universitaires partis à l’étranger appartiennent aux grades de maître-assistant, de maître de conférences et de professeur d’enseignement supérieur. Ce chiffre représente 18,56% du total de ces élites qui assurent la formation des étudiants dans les diverses filières.
La Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la Recherche scientifique relève d’autre part que la détérioration des conditions de travail et les salaires bas des enseignants du supérieur réduisent l’attractivité de la profession auprès des jeunes générations, comme en atteste la grande désaffection pour les études doctorales enregistrée ces dernières années, notant que l’éducation n’est plus considérée comme un ascenseur social.
Sur un autre plan, la Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la Recherche scientifique revendique le décaissement de la prime d’encouragement à la production scientifique, la généralisation des bourses universitaires aux descendants des enseignants du supérieur à la retraite ou décédés, la participation de représentants de la fédération générale au conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, la révision à la hausse des budgets des établissements universitaires et le recours aux concours pour la nomination des directeurs des centres de recherche.
La FGESRS plaide également pour l’unification des critères de l’habilitation universitaire en fonction des spécialités. L’habilitation universitaire sanctionne la reconnaissance du haut niveau scientifique du candidat et permet de postuler au grade de maître de conférences. Actuellement, le candidat à l’habilitation universitaire doit avoir le grade de maître-assistant et présenter un dossier qui comporte la thèse de doctorat et l’ensemble de ses travaux originaux publiés comme les ouvrages, les manuels, les articles dans des revues scientifiques ou encore les brevets d’invention.
La fédération s’attache par ailleurs au principe de l’élection de l’ensemble des titulaires des postes de direction et des membres des instances pédagogiques, notant que les élections constituent un acquis historique pour lequel les universitaires ont longuement milité par le passé.
Walid KHEFIFI
