Il est indéniable que chez nous l’échec à l’université concerne principalement la première année après le baccalauréat. Cela peut résulter d’une mauvaise orientation, mais aussi d’une difficulté à s’adapter à un contexte d’étude et de vie très différent de celui du lycée. En Tunisie, pas mal de nouveaux étudiants redoutent la rentrée universitaire car la première année à la Fac leur apporte beaucoup de pression mais également de défis à surmonter.
La transition universitaire est sans conteste une période ponctuée de défis que l’étudiant devra pouvoir relever pour s’adapter à son nouvel environnement, car l’entrée à l’université est susceptible d’engendrer de nombreuses ruptures sur plusieurs plans (cognitif, personnel, social) qui expliquent tant de difficultés vécues par les nouveaux étudiants.
Une étape de transition difficile
Une fois le bac en poche, une nouvelle étape commence pour les nouveaux étudiants qui vont faire leurs premiers pas dans l’enseignement supérieur à l’université. Une nouvelle étape, très différente du lycée, à laquelle il vaut mieux se préparer pour éviter la déconvenue, trop fréquente, d’un échec en première année. Il n’est pas étonnant que chez nous le taux le plus élevé d’échec soit enregistré en première année supérieure, toutes filières confondues, et bon nombre d’étudiants préfèrent parfois se retirer au milieu de l’année universitaire.
Dans l’expérience de la transition entre le secondaire et le supérieur, la confrontation de l’étudiant avec le monde universitaire et le défi de devenir membre d’une nouvelle communauté estudiantine sont considérés comme la mère des batailles pour le nouvel étudiant. C’est lors de cette période que l’étudiant(e) va devoir adapter ses attitudes et ses comportements aux exigences académiques et sociales de l’université à travers une acculturation, sans quoi il ne pourra pas réussir sa première année. La découverte des études universitaires est, pour ceux qui entament des études supérieures, un temps d’exploration, d’efforts et de mobilisation pour construire une nouvelle relation et se forger une certaine autonomie intellectuelle. Cette étape de transition est une épreuve principalement psychologique pour les nouveaux étudiants. Les uns surmonteront sans peine la mutation, les autres risquent d’y laisser des plumes.
S’adapter au milieu universitaire
Le passage du lycée à la faculté se fait dans la majorité des cas à un âge difficile pour les nouveaux bacheliers dont une bonne partie n’est pas assez mûre ni suffisamment préparée pour vivre l’événement comme un fait ordinaire. De nombreux parents et enseignants citent dans ce sens des cas d’échec et d’abandon dus à ce changement de décor, notamment parmi les étudiants orientés vers des établissements très éloignés de chez eux. Le nouvel environnement, le nouveau mode de vie et le stress qu’il génère, les conditions de logement inhabituelles, l’alimentation pas toujours à leur goût servie au resto universitaire, les problèmes du transport public, tout cela et d’autres facteurs troublent et désorientent ces étudiants de première année au point de les amener parfois à négliger ou rater les cours, voire à y renoncer totalement. Force est de constater qu’un grand nombre d’étudiants de première année supérieure sont pour la plupart originaires de zones lointaines : un nouveau bachelier de Tunis est affecté à Sfax ou à Gabès, un autre originaire de Jendouba est orienté vers Tunis ou Nabeul, un autre encore est affecté à une faculté située à des centaines de kilomètres de son village natal. La plupart de ces étudiants (es) doivent affronter des moments très difficiles, n’étant pas habitués à se prendre en charge, une fois sortis (es) du cocon familial.
C’est pourquoi il nous semble urgent que des structures d’écoute et d’assistance voient le jour dans nos établissements universitaires en vue d’un suivi moral et psychologique des étudiants en mal d’adaptation. Les enseignants peuvent en faire partie, sinon on attend d’eux qu’ils consacrent un peu de leur temps pour venir en aide aux étudiants en difficulté. C’est ainsi qu’on pourrait intégrer au sein de la vie estudiantine un grand nombre de nouveaux étudiants peu ou non capables de s’adapter au nouvel environnement universitaire et, partant, on peut baisser le taux d’échec et d’abandon dès la première année de fac.
Hechmi KHALLADI
