Le 25 juillet est une date sacrée pour la Tunisie et pour les Tunisiens. Il y a soixante-huit ans, c’est la République qui a vu le jour, permettant au pays de se débarrasser d’une monarchie paralysante. Depuis, plusieurs événements et tournants ont eu lieu à cette date qui ne peut que nous inciter à préserver les valeurs et les principes de la République comme le souhaitent tous les Tunisiens…
A titre de rappel, la République, qui fait aujourd’hui la fierté des Tunisiens, a vu le jour un 25 juillet 1957. L’annonce de cet événement historique comportait quatre dispositions successives : la première mettait fin à la monarchie, la deuxième déclarait que la Tunisie est une République, la troisième confiait au Premier ministre de l’époque, en l’occurrence Habib Bourguiba, les fonctions de Chef de l’État, et la quatrième chargeait le gouvernement de prendre les mesures nécessaires afin de maintenir le régime républicain.
Et même si l’histoire de la Tunisie est jalonnée d’événements historiques et de dates symboliques, glorieuses, controversées, tristes ou macabres, l’avènement de la République constitue un fait marquant et unifiant.
En ce 25 juillet de l’année 1957, la Tunisie venait de rejoindre le peloton de pays souverains ou nouvellement indépendants ayant opté pour le régime républicain comme régime politique. Après un long règne d’un régime monarchique, la Tunisie a pu, enfin, rejoindre l’univers républicain et mettre les bases d’une République dont nous sommes si fiers soixante huit ans après.
Un nouveau régime et des valeurs fondamentales
Ce choix du régime républicain était considéré par certains comme une sorte de reconnaissance envers les militants et le peuple qui avaient chassé le colon et milité pour l’indépendance totale du pays au péril de leurs vies, et considéré par d’autres comme un châtiment vis-à-vis du régime monarchique qui avait conduit à l’instauration du colonialisme français par une complaisance de certains monarques et une inertie du pouvoir politique vis-à-vis de l’autorité coloniale.
Commençait, alors, une nouvelle page de l’histoire d’un pays jeune et nouvellement indépendant dont les leaders et dirigeants ont vite fait d’instaurer les piliers d’un Etat moderne, souverain et démocratique doté de trois valeurs fondamentales pour asseoir sa légitimité, à savoir ordre, liberté et justice. Pourtant, la Tunisie n’était pas au bout de ses peines. Le régime de Bourguiba dérapait et ce fut l’instauration d’une présidence à vie et d’une monarchie présidentielle. Son successeur, Ben Ali, qui l’avait aussi déposé, a dérapé à son tour, instaurant une dictature policière et une corruption institutionnalisée. Le soulèvement des jeunes à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010 sonnait le glas d’un régime absolutiste au nom de la dignité. Puis, la République a été pour le moins clochardisée.
Le Chef de l’Etat y mit fin et nous sommes officiellement sous l’enseigne d’une nouvelle République infléchie par Kaïs Saïed. Et ce, après le gel du Parlement en 2021 en guise de réponse à la volonté du peuple sorti en masse, ce jour-là, pour manifester et se débarrasser de ceux qui le gouvernaient depuis les émeutes de 2011 et qui ont plongé le pays, pendant une décennie, dans de hautes turbulences, le chaos, l’insécurité, le manque quasi total de ressources et assujetti la République aux diktats de forces étrangères.
Hauts faits…
Entretemps, d’autres événements importants et inoubliables ont eu lieu à cette date du 25 juillet. Ainsi, c’est un 25 juillet (2013) que l’assassinat de Mohamed Brahmi a eu lieu sous le règne très contesté d’Ennahdha. Cet assassinat politique a suivi celui de Chokri Belaïd, survenu quelques mois plus tôt, et venait confirmer que la République, qui fêtait le même jour son 56e anniversaire, était en grand danger.
C’est également un 25 juillet (2018) que Béji Caïd Essebsi, le président de la République élu en 2014, a tiré sa révérence, laissant le pays planer dans le flou et l’incertitude avec tout ce qui se tramait, à l’époque, pour mettre la main sur le pouvoir.
Et c’est surtout un 25 juillet, en 2021, que le pays a connu l’un de ses plus importants tournants avec la prise en main de la situation par Kaïs Saïed, le Président de la République qui a répondu aux vœux du peuple et annoncé la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et un changement profond de régime, au moment où la crise sanitaire (Covid-19) laissait présager le pire et où le chaos était dominant.
Et c’est, finalement, un 25 juillet, en 2022, que le peuple s’est prononcé en faveur de la nouvelle Constitution qui change quasiment tout pour le pays et la manière de le gouverner.
C’est dire que tout, ou presque, a changé pour les Tunisiens. La confirmation est venue du Chef de l’Etat lui-même qui a insisté, lors d’un discours prononcé à l’occasion de la 67e Fête de la République, sur le fait que ce qui s’est passé en Tunisie, depuis le 25 juillet 2021, est inédit.
Aujourd’hui, les Tunisiens, qui espèrent voir leur pays réaliser leurs aspirations à tous les niveaux, sont tenus de défendre et de préserver les valeurs fondamentales de la République à travers un effort commun pour consolider les acquis, assurer un nouveau départ vers la stabilité et la prospérité et faire de leur chère Tunisie le havre de paix et de bien-être rêvé.
Vive la Tunisie, vive la République…
Kamel ZAIEM
