La Fédération générale de l’enseignement de base a dénoncé, dans un communiqué publié hier, la publication par le ministère de l’Education du répertoire relatif au mouvement des directeurs des écoles primaires sans consultation avec la partie syndicale, estimant que cette approche «unilatérale» risque de créer des tensions lors de la prochaine rentrée scolaire.
«Nous fustigeons la publication du registre du mouvement des directeurs des écoles primaires de façon unilatérale et sans tenir des consultations avec la partie syndicale, malgré la publication d’une circulaire insistant sur la participation de toutes les parties impliquées», a-t-elle souligné.
La fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a également indiqué que le mouvement n’a pas concerné un certain nombre d’écoles dont les directeurs avaient été désignés en 2022, ce qui «constitue une violation manifeste des principes de la transparence et de l’égalité des chances et perpétue les nominations basées sur le clientélisme et non sur la compétence et le mérite».
Elle a également fait savoir qu’elle se réserve le droit de s’opposer à ces dépassements qui menacent d’aboutir à des tensions et des perturbations de nature à perturber le bon déroulement de la prochaine rentrée, par tous les moyens légaux, y compris l’introduction d’un recours auprès du Tribunal administratif.
La fédération organise déjà depuis mercredi dernier des rassemblements de protestation devant tous les commissariats régionaux de l’Education, pour réclamer la reprise des négociations avec le ministère de tutelle sur les revendications des enseignants. Une réunion de sa commission administrative sectorielle devrait également se tenir fin août prochain pour programmer de nouveaux mouvements de protestations plus radicaux tels qu’une journée de colère nationale, une grève générale ou encore le boycott de la rentrée scolaire.
Majorations salariales
La Fédération de l’enseignement de base demande notamment la reprise du dialogue sur les modalités de la mise en œuvre de plusieurs accords conclus au cours des dernières années, alors que les conditions de travail des enseignants ne cessent de se détériorer sous l’effet du manque de moyens de travail, d’une baisse du pouvoir d’achat des enseignants et de la dégradation des services de base comme le raccordement à l’eau courante et à l’électricité dans de nombreuses écoles primaires, et plus particulièrement dans les petites villes situées dans l’intérieur du pays et les zones rurales. C’est du moins ce que fait noter la fédération.
Les principales revendications urgentes des enseignants concernent des majorations salariales conséquentes pour compenser la détérioration de leur pouvoir d’achat au cours des dernières années, la révision du mouvement des directeurs des écoles primaires, la régularisation de la situation des titulaires de la licence appliquée en éducation et enseignement (LAEE) et le reclassement des instituteurs appartenant à la catégorie « A3 » (niveau bac+4 et maîtrise).
Les revendications portent également sur la titularisation des enseignants stagiaires, la reconnaissance du droit des instituteurs à l’avancement professionnel à travers l’organisation de sessions d’inspection périodique et l’octroi d’une «note pédagogique de base» à l’ensemble des enseignants, le décaissement des honoraires des enseignants suppléants et contractuels.
Les enseignants du primaire revendiquent par ailleurs le versement de l’indemnité de travail dans les zones rurales au titre des années 2023 et 2024, ainsi que le décaissement de la prime de direction aux directeurs des écoles primaires qui avaient été révoqués après avoir participé au mouvement de rétention des notes durant l’année scolaire 2022/2023.
Pour rappel, un long bras de fer avait opposé la Fédération générale de l’enseignement de base et le ministère de l’Education tout au long de l’année scolaire 2022/2023.La fédération avait alors décidé la rétention des notes relatives aux trois semestres de l’année scolaire, en signe de protestation contre le refus du ministère de satisfaire les revendications des enseignants, ce qui a poussé le ministère à révoquer quelque 500 directeurs d’écoles primaires et à geler les salaires de plusieurs milliers d’enseignants ayant refusé de remettre les notes via une plateforme électronique, avant de faire machine arrière durant l’année scolaire suivante.
Walid KHEFIFI
