Va-t-on cette fois-ci oser changer les choses concernant l’horaire scolaire ? Le problème se pose à la veille de chaque année scolaire, mais on finit toujours par le classer et s’attacher au statu quo existant. Pourtant, l’aménagement de l’horaire scolaire devient une nécessité et l’Etat peut s’inspirer de modèles efficaces et de pratiques mis en place dans certains pays, sans omettre le besoin en infrastructures pour permettre aux élèves d’exercer d’autres activités au sein ou hors de l’école ou du lycée.
A un mois et demi de la rentrée scolaire, de nouvelles réformes sont en route, mais on a très peu entendu parler de nouveauté concernant l’aménagement de l’horaire scolaire. Et c’est ce qui a incité des députés à présenter une nouvelle proposition de loi portant réaménagement de l’horaire scolaire et tentant de ressusciter une réforme vieille de plus de trente ans.
L’enseignement et l’horaire scolaire font, ainsi, bouger les représentants du peuple au Parlement avant leur départ en vacances à partir d’aujourd’hui 1er août. Plusieurs initiatives et propositions de projets de loi ont été élaborées ces dernières semaines pour permette de corriger les dysfonctionnements qui entravent plusieurs secteurs, et on croit savoir que celle touchant l’aménagement de l’horaire scolaire en fait partie ou le sera à la rentrée.
Au sein d’une réforme globale
Les initiateurs de cette proposition de loi croient qu’il est temps d’entreprendre un aménagement du temps scolaire dans le cadre d’une réforme globale du système éducatif qui tarde à voir le jour et leur initiative vise ainsi à relancer le débat autour de cette problématique qui constitue une préoccupation scolaire et sociale majeure.
Quels seront les principes et les nouveautés de cette initiative ? Ce que l’on sait, c’est qu’elle propose l’allègement de l’horaire scolaire à travers l’application du régime d’une séance unique composée de 5 heures. Il ne s’agit pas d’une première, mais d’un retour à une autre proposition faite il y a quelques années avec l’application du régime de la séance unique dans un certain nombre d’écoles en Tunisie. Cette décision devait en principe prendre effet à partir de la rentrée scolaire 2015/2016. Elle était censée être appliquée dans un premier temps dans les écoles disposant d’une infrastructure permettant l’organisation des études en une seule séance continue. Ensuite, il était question de généraliser progressivement ce régime à toutes les écoles primaires du pays, soit un peu plus de 6000 établissements. Le projet visait à permettre aux élèves de consacrer les après-midi aux activités sportives et culturelles. Malheureusement, le projet a été vite enterré et il n’y a pas eu de suite.
L’idée de réaménagement de l’horaire scolaire remonte même à plus loin encore, à quelque trois décennies. C’était le 14 juillet 1992, lorsque le ministère chargé de l’Education et des sciences, a adressé une circulaire aux directeurs régionaux et aux directeurs des instituts supérieurs de formation des maîtres ordonnant l’application de la séance unique dans les écoles primaires «où les heures de travail pourront être réparties entre les salles sur la base de huit heures par salle». La circulaire détaille la répartition des heures de classe pour les élèves de première et de deuxième année primaire conformément au nouvel aménagement horaire, selon lequel les élèves font une seule séance de quatre heures les matins ou bien les après-midi pendant cinq jours, et une dernière séance de deux heures et demie tous les samedis. Soit au total 22 heures et 30 minutes. Pour les autres niveaux, la circulaire suggérait l’application d’une séance de quatre heures pendant six jours complétée par deux séances de 3 heures pour obtenir un total de 30 heures. La circulaire appelait , par ailleurs, les directeurs des établissements concernés à bien étudier au cas par cas les écoles qui sont de leur ressort en vue d’établir une liste des institutions dans lesquelles il est possible d’appliquer le régime de la séance unique à compter de l’année scolaire 1992/1993. Rien n’y fit. Projet mort-né.
S’inspirer des bons exemples
A présent, avec le retour sur scène de cette réforme souhaitée, le chemin est balisé puisqu’il suffit de s’inspirer de cette ancienne circulaire ou de copier le modèle réussi de certains pays qui ont adopté, depuis des décennies et avec succès, des horaires qui tiennent compte de la formation et de l’épanouissement de l’élève.
En Allemagne, les horaires scolaires varient, mais généralement, les cours commencent entre 7h30 et 8h30 et se terminent entre 11h30 et 13h30 pour l’école primaire. Les écoles secondaires peuvent avoir des horaires plus longs, parfois jusqu’à 16h pour les écoles à journée continue, qui proposent des activités supplémentaires et des devoirs surveillés.
En Suède, les horaires scolaires varient selon l’âge des élèves, mais en général, les journées sont plus courtes qu’ailleurs. Les cours commencent généralement entre 8h et 8h30 et se terminent entre 14h30 et 16h, avec une pause-déjeuner d’une heure.
Aux Etats-Unis, les horaires scolaires varient selon les niveaux d’enseignement, mais on observe généralement des journées pas très longues. Les écoles élémentaires (Elementary School) commencent souvent plus tôt, vers 7h40, et se terminent vers 14h45, avec une pause-déjeuner d’environ 50 minutes. Les collèges (Middle School) et les lycées (High School) débutent généralement vers 8h40 et se terminent vers 15h ou 16h, avec une pause-déjeuner similaire.
D’autres exemples, venant de proches pays arabes, sont également édifiants. En Égypte, à titre d’exemple, la journée scolaire typique commence généralement à 8h00 et se termine à 14h00 pour les élèves du primaire et du secondaire.
Au Maroc, les horaires scolaires varient selon le cycle d’enseignement (primaire, collégial, secondaire) et le milieu (urbain ou rural). En général, pour les cycles collégial et secondaire, les cours ont lieu le matin de 8h40 à 12h00 et l’après-midi de 12h30 à 15h50.
Toutefois, un grand travail d’accompagnement doit suivre cette réforme car les élèves auront besoin, l’après-midi, d’une importante infrastructure pour aller apprendre, s’amuser et pratiquer du sport. Les gymnases sont un peu partout en Europe, quasiment dans chaque quartier. Les conservatoires de musique se comptent par dizaines, au même titre que les petits clubs et théâtres.
Nous n’en sommes pas encore là, mais il faut tout de même y penser, oser et foncer.
Kamel ZAIEM
