Généralement, quand les réseaux sociaux parlent des jeunes, c’est pour véhiculer une image négative de cette tranche d’âge taxée souvent de violence, de passivité, d’indifférence et d’inconscience. Il ne se passe pas un jour ou une semaine sans qu’il y ait des commentaires, des jugements, des reproches et des remarques formulés par des internautes à travers les réseaux sociaux, concernant la jeunesse d’aujourd’hui. La majorité des avis attire l’attention sur les multiples maux dont on accable la jeunesse : délinquance, tabagisme, alcoolisme, drogue, incivilité, violence… Pourquoi donc s’intéresse-t-on surtout aux côtés négatifs, quand bien même la jeunesse serait synonyme de force, d’énergie, de dynamisme, de créativité et d’initiative ?
La jeunesse d’aujourd’hui semble mal comprise et ne cesse d’être critiquée par les adultes et les générations précédentes. Cependant, certains voient que le comportement des jeunes d’aujourd’hui est normal et qu’il est inutile de critiquer les enfants des nouvelles générations qui grandissent à une époque différente et qui n’ont pas les mêmes repères culturels et ne s’amusent pas de la même façon que les générations antérieures. Peut-on donc les considérer comme des générations ratées ?
Une vision étriquée de la jeunesse actuelle
Cette question n’est pas propre à la Tunisie, la jeunesse partout dans le monde a mauvaise presse. Il suffit de parcourir les différents titres des journaux pour voir que la majorité des points de vue sont défavorables aux jeunes. La plupart des médias ont tendance à ne rapporter que des histoires négatives concernant les jeunes : violence dans les écoles, rackets, braquages, actes criminels, drogues, banditisme… Tout cela fournit des titres sensationnels aux faits divers des journaux, des magazines, une matière pour les émissions à la radio ou à la télévision et de plus en plus un sujet qui nourrit des milliers de commentaires sur les réseaux sociaux. Pourtant, la plupart des jeunes interrogés sur ce sujet ne l’entendent pas de cette oreille et voient qu’une telle vision de la jeunesse actuelle est soit étriquée soit déformée.
Jamel, 22 ans : «Cette image négative de la jeunesse d’aujourd’hui est propagée par les médias qui, trop souvent, perpétuent une vision stéréotypée des jeunes, les présentant comme marginaux et irresponsables. Ce n’est pas toujours vrai, il y a actuellement pas mal de jeunes Tunisiens qui sont très positifs, s’intègrent bien dans la société et sont conscients de leur responsabilité en tant que forces vives qui ont leur pesant d’or dans la société. Il ne faut pas mettre tous les jeunes dans le même sac !»
Certains sont allés plus loin pour dire que l’image des jeunes véhiculée par les médias est déplorable, tant que ces médias se contentent de dresser un bilan négatif sur les jeunes d’aujourd’hui sans pour autant chercher les véritables causes des maux dont souffre cette jeunesse. «On ne cesse de faire étalage des points négatifs des jeunes, nous a confié Ahmed, un élève de quatrième année secondaire, que ce soit dans les journaux ou dans les émissions de radio ou de télévision. En tant que jeune, je suis humilié par cette vision de la jeunesse. On se demande comment on peut promouvoir la participation des jeunes dans les médias. Les jeunes Tunisiens participent pourtant massivement et positivement aux différents forums à travers le Net.»
Faire mieux participer les jeunes aux médias
La question qui s’impose est de savoir comment faire pour que la jeunesse fasse entendre sa voix et obtienne une couverture médiatique positive. La réponse à cette question consiste en la représentation de cette tranche d’âge dans les médias (émissions radiophoniques, télévisuelles, presse écrite…) pour savoir de quelle façon on parle des jeunes dans les médias, pour quelle raison les jeunes ont souvent mauvaise presse et comment les faire participer dans les différents médias et leur permettre de s’exprimer sur leurs maux .
Il est vrai que ces jeunes rencontrent maints obstacles au sein de la famille, à l’école ou dans la rue. Et c’est à travers des moyens électroniques que leurs problèmes et leurs soucis sont mieux reflétés, en l’absence de forums ou de rubriques destinés exclusivement aux jeunes dans les journaux et les revues nationaux où les jeunes peuvent participer en vue d’échanger leurs idées sur leur situation et proposer des initiatives d’avenir.
Khaled, 18 ans, est un grand mordu d’Internet, il ne cache pas sa prédilection pour les forums des jeunes : « Aujourd’hui, les jeunes Tunisiens vivent les mêmes problèmes que ceux du monde entier, j’ai pu saisir cette réalité à travers les forums que je consulte souvent à travers le Net. Là, tous les sujets sont abordés, sans complexe ni tabou. Des échanges d’idées, des discussions très intéressantes sont entretenues avec la jeunesse du monde entier. On peut poser des questions, proposer des sujets, échanger des idées concernant toutes les préoccupations des jeunes. Ces choses-là font défaut dans les différents médias chez nous, c’est pour cela que la plupart de nos jeunes se tournent vers le Net.
Cible prédestinée
Partout dans le monde – et ce n’est pas propre à notre pays – les médias ont tendance à rendre la jeunesse responsable des problèmes de violence, de vols, de viols, de délinquance, d’incivilités et aussi à les «victimiser», à les «fragiliser», étant considérés comme les cibles de l’insécurité, des stupéfiants et d’autres manipulations dangereuses.
«Ce ne sont en vérité que des préjugés et des jugements de valeurs portés sur les jeunes, nous a affirmé Kamel, un jeune de 25 ans, Au moindre fait divers violent, la première réaction des gens est de dire ‘’ce sont des jeunes !’’, même si on s’aperçoit plus tard qu’il s’agit d’un homme de 40 ou 45 ans ! Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac, car il y a de jeunes Tunisiens qui ont réalisé des prouesses et battu des records dans plusieurs domaines et qui peuvent être d’une grande utilité pour la patrie. »
En Tunisie, la situation des jeunes n’est pas enviable. La frustration est grande chez pas mal de nos jeunes, ce qui demande un peu plus de discernement de la part de leurs aînés qui devraient séparer le bon grain de l’ivraie, car les jeunes de bonne volonté existent. Une meilleure représentation de nos jeunes dans les médias est donc indispensable, sachant que la majorité de nos jeunes, connectés à la technologie moderne, est de plus en plus consciente des problèmes nationaux et mondiaux, comme le changement climatique, les questions socio-économiques, la guerre et la paix dans le monde. Il est important de prendre en compte leur perspective et de les accompagner dans leur parcours, en tenant compte de leurs besoins spécifiques.
Hechmi KHALLADI
