Par Samia HARRAR
Gaza, à feu et à sang, Gaza, la famine, la soif, Gaza le génocide, Gaza, la preuve que l’impunité existe, Gaza outragée, Gaza martyrisée, Gaza détruite et brûlée, Gaza, le nettoyage ethnique de toute une population devant les yeux du monde, qui regarde, et ne fait rien. Gaza, la honte de notre humanité, Gaza, de ne plus pouvoir, jamais, regarder un Palestinien dans les yeux, en lui racontant la fable de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, Gaza, cimetière des enfants palestiniens…
Pourtant, il y a une autre réalité à laquelle il ne faut pas se dérober: les otages du 7 octobre. Dont certains, qui sont encore en vie pour l’heure, dans les «tunnels» de l’enclave, ne pourront pas, à cause de la famine qui n’épargne personne, et les Palestiniens en premier, survivre plus que quelque temps encore, s’ils ne meurent pas, écrasés sous les bombes larguées impitoyablement sous ordre de Netanyahu, sous couvert de neutraliser le Hamas.
C’est un dilemme difficile. Et il faut comprendre, même si Israël le conteste, dans sa fuite en avant dans le mensonge, que les prisons, et centres de détention de l’horreur programmée, où l’entité sioniste enferme les Palestiniens, y compris les femmes et les enfants, sont aussi des lieux, où des otages innocents sont détenus arbitrairement. Et cela ne date certainement pas du 7 octobre. Bien avant le 7 octobre, et depuis de longues années, Israël perpétue l’arbitraire à l’égard des Palestiniens, en les arrêtant, sans raison, et en les oubliant parfois dans ses geôles, dans des conditions épouvantables, selon des enquêtes menées par des ONG israéliennes qui militent pour la paix, et qui ont fait état, maintes fois, de cet arbitraire, qui permet l’enfermement de jeunes enfants, notamment en leur faisant subir des tortures et toutes sortes d’exactions et de privations, jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à la mort parfois.
Il n’empêche…
Ce n’est pas parce que l’État d’Israël cautionne ce genre d’infamies qu’il faut faire pareil, en retenant en otages des civils innocents, comme monnaie d’échange, qui a bien prouvé, du reste, depuis ces longs 22 mois, où les Palestiniens ont connu, dans l’enclave, l’enfer sur terre, et ça continue, que c’était dénué de sens, dans la mesure où Netanyahu, en réalité, s’en fout, et des otages, et de ce qu’il peut leur arriver, même s’il fait mine, de temps en temps, et juste sous la pression de la rue d’être «outragé» au point de vouloir raser entièrement Gaza, sous prétexte de libérer les otages, lors même qu’il ne fait que les condamner davantage, chaque jour un peu plus, parce qu’il ne veut pas arrêter cette sale guerre. Une guerre qui est asymétrique, une guerre qui n’en est pas une puisque tous les faits et gestes, ainsi que toutes les déclarations de son gouvernement de fascistes et d’extrémistes purs et durs, convergent vers une seule réalité : un génocide intentionnel et programmé pour s’emparer, d’une manière définitive, de Gaza. Quitte, pour y arriver, à tuer tous les Palestiniens. Les otages n’en mènent pas large puisqu’ils sont embarqués dans la même galère. Et il faut convenir que c’est injuste, et qu’il ne sert à rien de les retenir davantage. Retenir en otage des civils innocents n’est jamais juste. Ce serait tout autre chose si les otages s’appelaient Netanyahu, Ben Gvir, Smotrich ou autres «joyeusetés». Cela aurait un sens. Ce n’est pas le cas en l’occurrence, alors il vaudrait mieux, non pas parce que la vie d’un otage israélien compterait plus que la vie d’un otage palestinien, mais parce que, à un moment donné, il faut savoir être plus grand que son ennemi. Et plus conséquent avec ce qu’implique aujourd’hui, la réalité du terrain dans l’enclave. La réalité du terrain dans l’enclave, c’est que l’enfer, les Gazaouis le vivent chaque jour depuis le 7 octobre. Est-ce que, en libérant les otages israéliens, retenus par le Hamas, l’enfer en sera décuplé un cran plus? Est-ce que, du fait de les retenir dans les «tunnels», est de nature à changer quelque chose à la situation des Palestiniens à Gaza? Non, cela ne change rien. Rien au génocide toujours en cours. Pourtant, il faut toujours se souvenir, toujours, que se tromper de cible ne fait que vous enfoncer dans le déshonneur des pratiques adoubées par l’ennemi. Par le gouvernement Netanyahu, par l’État d’Israël qui cautionne, lui, que des civils innocents soient enfermés pendant des années dans ses geôles, juste parce que les forces d’occupation en ont décidé ainsi. Il ne faut pas accepter de porter le déshonneur comme un sceau d’infamie sur le front, à l’instar de l’État d’Israël qui, avec ce qui se passe à Gaza aujourd’hui, et dans les territoires occupés, en gardera à jamais la trace indélébile, que ses mensonges officiels, comme les autres, ne pourront jamais effacer… Sur le point d’imploser et au bord de la guerre civile aujourd’hui, Israël finira par en payer le prix.
