Par Slim BEN YOUSSEF
Le monde prend de la vitesse. Crédits carbone, subventions vertes, seuils écologiques élevés : autant de courants qui tracent de nouvelles voies sur la carte du commerce. États-Unis, Union européenne, Chine — les grandes puissances redessinent le marché mondial comme on trace une route avant la tempête. Voiles hautes, vents porteurs, cargaison d’innovations et d’opportunités en poupe.
La Tunisie n’a pas seulement une place dans le convoi : elle tient un cap. Un soleil inépuisable, des saisons patientes, un territoire qui converse à la fois avec l’Europe et l’Afrique. Et surtout, un actif rare : une jeunesse instruite et inventive, qui métamorphose l’idée en prototype, le prototype en usage. Tout est prêt ; il ne manque qu’un signal.
Passer du potentiel à la puissance ? Se tenir à l’écart, c’est céder la place. Entrer dans la course, c’est tracer sa route. La green-tech ouvre un marché, déploie une diplomatie, façonne une culture industrielle. Elle réclame des lois qui libèrent l’air, des politiques qui dégagent l’espace. Des guichets prompts, des procédures limpides, des financements qui nourrissent les projets comme l’eau fidèle nourrit l’olivier : avec mesure, discernement, persistance.
Le Brésil, les Émirats, la Thaïlande l’ont compris : à la table de la transition, on ne se contente pas d’un couvert, on y apporte sa recette. Le Japon et la Corée du Sud exportent déjà leurs technologies vertes comme on diffuse un art de vivre. La Tunisie peut devenir l’atelier vert de la Méditerranée : transformer le soleil en richesse, l’innovation en influence, l’hydrogène en souveraineté énergétique.
Il y a urgence. Chaque mois perdu, c’est un marché déjà pris, une idée détournée, un brevet verrouillé ailleurs. L’enjeu est de partager l’élan du monde — et, parfois, de le précéder. La green-tech condense une science, un commerce, un horizon. Elle porte un pari, un investissement, une promesse. Et toute promesse est un engagement.
Agir aujourd’hui, c’est refuser demain d’acheter au prix fort ce que nous aurions pu vendre. Produire, innover, devancer : trois verbes pour un siècle vert. Et notre avenir aussi, si nous savons lui imprimer la couleur, la texture, la cadence.
