Lors d’un colloque organisé récemment par le ministère de l’Education, il a été annoncé que «plus de 22 000 élèves en situation de handicap ou ayant des besoins spécifiques sont intégrés dans les écoles tunisiennes», soulignant que «ce chiffre est en constante augmentation et nécessite la création d’une infrastructure particulière, comme la fourniture des tables et des chaises spécialement adaptées à leurs besoins».
Un plan national global a été élaboré en vue d’améliorer les services destinés à ces enfants dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de l’Éducation et plusieurs autres ministères et organismes concernés.
A présent, les difficultés de cette intégration semblent énormes, mais la collaboration d’autres ministères (Santé, Affaires sociales, Finances, Equipements…) est nécessaire pour réaliser ce projet. On croit savoir que les établissements éducatifs en cours de construction ou de rénovation sont conçus selon les normes internationales, de manière à prendre en compte les besoins particuliers des enfants concernés.
Droit garanti par la loi
Le principe de l’intégration scolaire est énoncé par l’article 10 de la loi relative à la protection et à la promotion des handicapés ainsi libellé : «L’éducation et la rééducation se feront autant que possible dans les établissements d’éducation ordinaire». Parmi ces mesures, on peut citer notamment les circulaires du ministre de l’Education n°124 (1989) et n°19 (1993) portant dispositions particulières destinées à faciliter le suivi par les handicapés de leur scolarité et le programme national d’intégration scolaire mis en œuvre en collaboration entre le ministère des Affaires sociales (Institut de Promotion des Handicapés) et le ministère de l’Education (1990-1991) dont l’objectif consiste à mettre en place un système cohérent d’intégration scolaire des handicapés. Il est clair que cela est porteur d’espoir pour de nombreuses familles soucieuses du sort de leurs enfants handicapés. Or, depuis l’entrée de ces lois en vigueur, les résultats semblent être en deçà de la réalité.
Selon un rapport national sur la situation de l’enfance, publié par le ministère de la Femme, de la Famille, de ľ Enfance et des Personnes âgées, en mai 2022, «des milliers d’enfants en situation de handicap sont exclus de l’éducation scolaire. Les institutions éducatives ne parviennent pas à leur offrir des opportunités d’intégration et à garantir leur droit à l’enseignement et à l’apprentissage. Selon le même rapport, malgré le petit nombre d’élèves en situation de handicap qui bénéficient, actuellement, d’une éducation inclusive, il reste des milliers d’autres, privés de ce droit fondamental. Cette exclusion peut être due à l’absence d’écoles inclusives adaptées aux différents types de handicaps ou à des contraintes géographiques qui limitent l’accès à une éducation appropriée…» A ce propos, le président de l’Organisation tunisienne de défense des droits des enfants handicapés, Moez Chérif, a fait savoir récemment, dans une déclaration à une chaîne privée, que «moins de 5% des enfants en situation de handicap sont scolarisés, même si la Tunisie dispose d’un ensemble de lois visant à garantir les droits à l’éducation, à l’enseignement et à l’intégration, pour toutes les personnes aux besoins spécifiques».
Des défis à relever
Nos enfants ont tous droit à l’éducation publique sur un pied d’égalité, sans aucune distinction, qu’ils soient normaux ou qu’ils présentent un handicap ou des difficultés quelconques sur les plans physique, intellectuel et affectif, ou encore au niveau du comportement, de l’élocution, de la vue, de l’ouïe ou du langage. Dans quelles mesures cette intégration peut-elle être bénéfique à l’enfant handicapé et à ses parents ? Les écoles publiques appelées à intégrer ces handicapés, sont-elles assez équipées pour mieux les encadrer, sachant qu’ils nécessitent souvent un soin particulier et une infrastructure plus ou moins adaptée à leur état ?
En Tunisie, l’intégration scolaire des enfants à besoins spécifiques, aussi appelés enfants handicapés ou à besoins éducatifs particuliers, est un processus en cours, avec des progrès et des défis. Le pays a mis en place des mesures pour favoriser leur inclusion dans les écoles ordinaires, mais des obstacles persistent, notamment en termes d’infrastructures, de formation des enseignants et de ressources disponibles.
Actuellement, le nombre d’élèves en situation de handicap ou ayant des besoins spécifiques scolarisés en milieu ordinaire est en constante augmentation, atteignant plus de 22 000 élèves, selon la déclaration du ministère de l’Éducation lors du dernier colloque. Le plan d’intégration de ces enfants exige des mesures pratiques pour améliorer les services aux élèves à besoins spécifiques, en introduisant des aménagements matériels (tables, chaises adaptées) et un soutien pédagogique, médical, psychologique et psychosociologique dans tous les établissements. L’installation d’une infrastructure adéquate est nécessaire pour accueillir des élèves à besoins spécifiques, notamment en termes d’accessibilité.
En outre, il existe un manque flagrant d’enseignants en mal de formation adéquate pour répondre aux besoins spécifiques des élèves intégrés. Et souvent, le manque de matériel spécialisé et d’aides humaines adaptées peut entraver l’intégration, notamment en l’absence de psychologues ou de sociologues dans nos établissements scolaires. Il peut être nécessaire aussi d’adapter les programmes scolaires et les méthodes pédagogiques pour répondre aux besoins de chaque élève. De même, l’inclusion nécessite une évolution des mentalités et des comportements de tous les acteurs de l’éducation (élèves, parents, enseignants, surveillants…) en vue d’assurer à ces élèves les meilleures conditions de scolarité dans un environnement adapté à leur condition. L’objectif est de progresser vers une éducation inclusive, où tous les élèves, quel que soit leur handicap, peuvent apprendre ensemble dans un cadre éducatif normal.
Bref, l’intégration scolaire en Tunisie pour les enfants à besoins spécifiques est un processus en cours, avec des avancées significatives mais aussi des défis à relever. La volonté politique, la collaboration de tous les acteurs et la mise en place de stratégies adaptées sont essentielles pour garantir une éducation inclusive et de qualité pour tous. Il est à signaler que des pas ont été faits dans ce projet qui consiste en la signature en juillet dernier d’une circulaire conjointe entre le ministère de l’Education et le ministère des Affaires sociales, qui définit «les procédures et les mécanismes d’inscription des élèves handicapés pour l’année scolaire 2025-2026 afin de leur permettre de suivre un parcours scolaire normal et de bénéficier de services de soutien et d’accompagnement et stipule les obligations de chaque ministère pour garantir une année scolaire inclusive aux enfants handicapés».
Hechmi KHALLADI
