Le sujet de l’horaire scolaire est souvent évoqué, mais tout s’arrête souvent au moment de la prise de décision pour diverses raisons pratiques, car on ne peut pas se limiter à fixer l’horaire sans penser à d’autres composantes aussi importantes, en premier lieu l’infrastructure pour permettre aux élèves de profiter de cet aménagement horaire.
Cette fois-ci, c’est au Parlement que le sujet vient d’être traité à travers une proposition de loi (097/2025) initiée par un nombre de députés, relative à l’organisation de l’activité scolaire, selon le système de la séance unique et la gouvernance du temps scolaire, composée de 7 articles.
Cette initiative vise à alléger la charge quotidienne des élèves. Elle propose l’adoption d’un système de séance unique dans les établissements publics, sur une période continue (matin ou après-midi) ne dépassant pas cinq heures par jour, sans interruption entre les deux périodes.
De même, on parle d’activités optionnelles complémentaires qui pourraient être intégrées, en dehors de ce créneau.
Le temps hebdomadaire serait, ainsi, limité à 5 heures par jour pour le primaire, soit un maximum de 25 heures par semaine, et 30 heures pour le secondaire.
Le texte suggère, d’après les députés qui ont présenté cette proposition, une mise en œuvre progressive, d’abord dans les écoles primaires, puis les collèges, et enfin les lycées, en priorisant les zones rurales et les régions confrontées à des difficultés de déplacement.
Pourquoi opter pour une telle révision de l’horaire scolaire ? D’après la proposition de loi, les raisons sont tout à fait logiques même si elles risquent de ne pas être pratiques pour tout le monde. Les députés à l’origine de la proposition (Rim Saghir, Rachdi Rouissi, Asma Darwish, Yasser Qarari, Nejib Akrimi, Basma Hammami, Maha Amer, Zina Jeballah, Mustapha Boubakri, Mohamed Ben Hussein, Imed Awlad Jabril, Fakhreddine Fadhloun et Chafik Ezzedine Zaafouri) ont expliqué que cette initiative s’inscrit dans le cadre de la réforme et de la gouvernance du temps scolaire, visant à réduire le décrochage scolaire, améliorer la qualité de vie dans les établissements et permettre aux élèves de se concentrer davantage et de pratiquer des activités parascolaires. Elle contribuerait, également, à optimiser la consommation d’énergie et les conditions de travail du personnel éducatif.
Proposition vieille de trente ans
Les initiateurs de cette proposition de loi jugent qu’il est temps de modifier l’aménagement du temps scolaire dans le cadre d’une réforme globale du système éducatif national qui tarde à voir le jour. L’initiative vise ainsi à relancer le débat autour de cette problématique qui constitue une préoccupation scolaire et sociale majeure. L’initiative propose l’allègement de l’horaire scolaire à travers l’application du régime d’une séance unique composée de 5 heures.
Un horaire pareil, on en a entendu avant et les initiatives, à ce propos, ne datent pas d’aujourd’hui. Cela fait plus de trente ans que pareille proposition a été présentée au niveau du ministère de l’Education avec quasiment les mêmes détails : de 25 à 30 heures de classe par semaine en plus d’autres activités culturelles, sportives et de loisirs pour remplir le reste de la journée.
Et c’est à ce niveau que ces propositions n’ont pas pu voir le jour. Car il va falloir respecter l’équité entre toutes les écoles et tous les élèves du pays, ce qui est difficilement réalisable dans un tel état des lieux avec des écoles, des collèges et des lycées qui peinent déjà à assurer les meilleures conditions de déroulement des cours normaux dans les classes.
Aujourd’hui, il est impératif de relancer le débat sur le temps scolaire. Sauf que l’instauration du régime de la séance unique nécessite un peu plus de réflexion, beaucoup de coordination et un nouvel état d’esprit qui en fait vraiment une priorité. Car, avant de s’évertuer à défendre cette proposition et à l’imposer au moment du vote, il y a mille autres préoccupations à prendre en considération pour ne pas voir l’Etat mettre la charrue avant les boeufs. Si nos élèves vont disposer d’une demi-journée libre, si on considère que toutes nos écoles sont capables d’assurer le nombre de salles nécessaires à ce marathon matinal, où et comment vont-ils la passer le reste de la journée et comment vont-ils en profiter ?
Une question d’infrastructure, avant tout
Tout d’abord, il faut penser aux infrastructures disponibles dans nos établissements scolaires, et pas uniquement le nombre de salles. Car, si on va proposer aux élèves des activités à caractère culturel, scientifique, sportif ou autre, il faut investir davantage pour y mettre les équipements nécessaires, ce qui n’est pas le cas pour la majorité de nos écoles.
Le ministère de l’Education, qui ne dispose pas d’un budget énorme pour équiper les écoles, les collèges et les lycées, doit avoir accès à d’autres sources de financement offertes par l’Etat. Pour mettre en place un club d’informatique, il va falloir acquérir un matériel coûteux que peu d’établissements scolaires peuvent se permettre aujourd’hui. Pour les activités sportives, il faut que dans chaque école, une petite salle de sport soit disponible, avec un minimum d’équipements pour tirer les meilleurs avantages d’une telle expérience. Pour les piscines d’apprentissage, comme c’est le cas en Europe, l’idée est, pour le moment, loin d’être réalisable.
Il faut, pour réussir une telle initiative, toute une préparation, en amont évidemment, car cela va perturber toute une organisation qui est en place depuis des décennies. Il faut donc tout réorganiser et créer des infrastructures pour un encadrement utile et effectif de plusieurs centaines de milliers d’élèves libres les après-midis.
Pour y parvenir, il faut bien qu’il y ait un début d’action. Cette initiative pourrait servir comme base de réforme que l’on peut même qualifier d’indispensable et de cruciale pour l’avenir de la jeune génération d’aujourd’hui. Il faut juste savoir où mettre les pieds, agir en fonction des moyens et des infrastructures existantes et prévoir de plus importants budgets pour une telle réforme, aussi exigeante et délicate.
Kamel ZAIEM
