La surcharge des classes est la contrainte qui ressort le plus auprès des enseignants, tous cycles confondus. Une problématique décriée par les parents des élèves, qui vient en quatrième position, juste après le faible niveau scolaire, l’abandon et le curriculum non adapté. La problématique se fait ressentir avec acuité au niveau du primaire. Même si la situation s’est en quelque sorte améliorée ces dernières années, des efforts supplémentaires restent à déployer. La question de la surcharge des classes s’est posée avec acuité à l’occasion de la rentrée scolaire cette année. Les élèves se retrouvent à 35 et plus dans des classes exiguës, dépourvues de mobilier adéquat. Le problème est signalé particulièrement dans les grands centres urbains. Dans certains établissements, c’est un problème réel. Mais il faut savoir d’abord que s’il y a surcharge dans plusieurs établissements, il y a décharge dans d’autres écoles.
Il y a aussi le non-achèvement à temps des travaux de réfection des écoles dégradées. 15 à 20% des établissements scolaires font face à la surcharge, alors que 30 à 40% des élèves de l’ensemble des établissements la subissent. Dans certains pays, le nombre d’élèves par classe dans l’enseignement primaire est en moyenne de 19 en Estonie, en République slovaque et en Slovénie par exemple. En outre, le Mexique et la République tchèque comptent un effectif moyen inférieur à 20, soit 19.9 selon les chiffres officiels. Ce chiffre est de 18.7 pour la Pologne, 20.2 pour le Portugal, 24 pour la France, 25 pour le Brésil et 25.6 pour la Turquie. Il faut peut-être ajouter qu’il y a moins de 16 enfants par classe au Luxembourg.
Apprentissage plus difficile
Une large proportion des classes au sein des écoles tunisiennes continue de faire face à un problème de «surpeuplement». Cette surcharge rend l’apprentissage plus difficile, en limitant les échanges entre élèves et enseignants, et en affectant directement la qualité de l’éducation. Le secrétaire général de la Fédération générale de l’enseignement de base, Mohamed Labidi, a déclaré avant-hier que «le phénomène de la surcharge des classes se pose avec acuité à chaque rentrée scolaire. Outre les retards que connaît la réalisation de certains nouveaux établissements scolaires, cet épineux problème des classes à lourd effectif se fait ressentir chaque année. Contrairement aux vœux de tous, le nombre d’élèves dans l’enseignement de base est passé de 32 à 37 élèves par classe. Il y a une forte probabilité que 40 élèves, voire plus, s’entassent dans une classe, lors de la prochaine rentrée. Une capacité qui dépasse les normes». Pour Ridha Zahrouni, président de l’Association tunisienne des parents et des élèves (ATUPE), «la question de surcharge des classes se pose avec acuité à l’occasion de chaque rentrée scolaire. Les élèves se retrouvent à 40 et plus dans des classes exiguës. Lorsqu’une classe est surchargée, il y a plus de perturbations au niveau du déroulement des séances. Les classes chargées sont une recette pour le désastre. C’est un environnement stressant et un espace bruyant, écrasant et difficile à gérer, incompatible avec l’apprentissage. L’enseignant n’arrive plus à faire son travail correctement, le temps qu’il devrait consacrer pour mieux connaître ses élèves, s’interroger sur le niveau de leurs acquis ou répondre à leurs questions étant très limité. L’élève, de son côté, n’est plus suffisamment concentré pour suivre les cours, il se limite à marquer sa présence et se trouve généralement tenté par les discussions hors cours». Cette surcharge rend l’apprentissage plus difficile, en limitant les échanges entre élèves et enseignants, et en affectant directement la qualité de l’éducation.
Des progrès mitigés face à des défis persistants
Dans l’enseignement secondaire, les chiffres sont légèrement plus rassurants, mais la surcharge des classes n’est pas pour autant résolue. A la veille de la rentrée scolaire, le problème de surcharge des classes au sein de certains établissements scolaires se pointe comme un handicap majeur de toute mesure visant à développer et à réformer le système éducatif national. Malgré les efforts déployés à tous les niveaux par les acteurs de l’enseignement du ministère de tutelle, les associations des parents d’élèves, les anciens enseignants, les chercheurs disent que le chemin reste parsemé d’embûches. Une réforme n’est pas un produit de prêt-à-porter. C’est un travail de longue haleine qui s’étale sur une dizaine d’années selon les spécialistes et les pédagogues. Elle demande également une mise à niveau constante et un suivi régulier.
Cette surcharge des classes continue de poser un défi majeur au système éducatif tunisien. Si des améliorations sont visibles sur certains indicateurs comme la scolarisation et la baisse des abandons, le surpeuplement des classes reste un obstacle. La réduction de la taille d’une classe est une condition nécessaire pour mettre en œuvre une bonne pédagogie et avoir un enseignement de qualité répondant aux attentes des élèves. La qualité de la relation entre l’élève et l’enseignant est meilleure dans les petits groupes, le soutien individuel aussi. 22 élèves par classe, c’est l’idéal. La carte géographique de nos établissements scolaires devrait être revue dans une logique d’optimisation des moyens, car comme il y a des classes surchargées, il y a aussi des classes pratiquement vides. L’équité devrait être également un critère pour bien gérer nos établissements scolaires.
Kamel Bouaouina
