Lors d’un conseil ministériel restreint consacré à la gouvernance et à l’amélioration de la qualité du système de santé, l’accent a été mis tout particulièrement sur la filière pharmaceutique. À cette occasion, plusieurs mesures ont été adoptées afin de rationaliser et de renforcer la gestion de ce secteur stratégique, en veillant notamment à garantir l’approvisionnement continu en médicaments, à assurer leur disponibilité pour l’ensemble des citoyens et à préserver la pérennité de tout le dispositif.
«Le droit à la santé et l’accès à des soins de qualité sont des acquis constitutionnels, et l’État, garant de ce droit fondamental, s’engage à assurer la prévention, à fournir les soins nécessaires à tous et à mobiliser les moyens indispensables pour préserver la sécurité et la qualité du système de santé», a rappelé la Cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri.
Elle a mis en lumière la nécessité de réhabiliter le secteur de la santé, d’améliorer sa performance et son efficacité, tout en garantissant l’accès équitable de toutes les catégories sociales aux soins publics.
La Cheffe du gouvernement a également insisté sur l’importance d’assurer la gratuité des soins pour les personnes sans soutien et à faible revenu, ainsi que sur le droit universel à la couverture sociale. «L’amélioration de la qualité du système de santé constitue une priorité absolue pour l’État, conformément aux orientations du président de la République Kaïs Saïed», a-t-elle affirmé.
Approvisionnement et modernisation de la gestion
Dans le prolongement de ces orientations, le conseil a formulé plusieurs recommandations. Parmi les mesures décidées figurent le renforcement des ressources financières de la Pharmacie centrale de Tunisie et l’intensification des contrôles sur l’ensemble du circuit pharmaceutique, afin d’en améliorer la gouvernance. Parallèlement, un dispositif de suivi numérique sera mis en place pour assurer une meilleure gestion des stocks et une distribution plus fluide des médicaments sur le marché local.
Afin de répondre aux besoins urgents, le conseil a appelé à réduire les délais d’examen des demandes (AMM) concernant les médicaments importés sans équivalent générique disponible en Tunisie. Dans la même logique, une révision en profondeur du système d’assurance maladie a été annoncée, ainsi que l’adoption de nouveaux mécanismes visant à renforcer la gestion du secteur pharmaceutique, avec pour objectif un passage résolu vers une transformation numérique intégrale.
Un problème qui persiste depuis 2014
«Le marché pharmaceutique tunisien enregistre une pénurie de certains médicaments, fortement constatée au cours de la semaine écoulée. Cette pénurie a touché plusieurs médicaments vitaux, notamment ceux utilisés dans le traitement de la thyroïde, de troubles psychiques et de certains cancers, et qui sont pour la plupart importés», a déclaré la secrétaire générale du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens de Tunisie (CNOPT), Thouraya Ennaïfer, dans une déclaration à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP).
Thouraya Ennaïfer a souligné que le problème de pénurie sur le marché local n’est pas nouveau, puisqu’il s’est manifesté dès 2014 et se poursuit, de manière fluctuante, jusqu’à aujourd’hui. «La production nationale, qui couvre environ 70% des besoins du marché, rencontre également des difficultés dues au décalage entre les prix des médicaments, qui n’ont pas évolué depuis longtemps, et les coûts supportés par les laboratoires locaux, notamment les coûts des matières premières et autres charges de production», a-t-elle indiqué.
Elle a appelé à la mise en œuvre des recommandations du ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, visant à rationaliser la consommation de médicaments afin de garantir l’accès à tous les bénéficiaires. Elle a précisé que «la rationalisation de la consommation de médicaments est un véritable savoir-faire qui assure la pérennité de cette ressource vitale», soulignant la nécessité de résoudre les problèmes des caisses sociales pour améliorer la trésorerie de la Pharmacie centrale.
Mise en place d’un plan national
La question de la pénurie de médicaments a été précédemment abordée lors d’une séance de travail au sein du ministère de la Santé, consacrée à l’élaboration d’un plan national visant à anticiper et gérer les ruptures ponctuelles. Au cours de cette séance, un ensemble de mesures a été annoncé afin de renforcer la disponibilité des médicaments et de prévenir toute rupture.
Il est ainsi prévu de mettre en place une plateforme d’alerte précoce à la Pharmacie centrale pour signaler tout risque de pénurie. Les fabricants de médicaments seront désormais tenus de déclarer régulièrement leurs stocks, tandis qu’une coordination préalable avec les laboratoires sera assurée en cas de perturbation de la production.
Parallèlement, une campagne nationale de sensibilisation à l’utilisation des médicaments sera lancée. Les médecins et pharmaciens sont encouragés à s’appuyer sur les données nationales pour la prescription et la rationalisation des ordonnances, tout en sensibilisant les citoyens à une utilisation appropriée des médicaments.
Nouha MAINSI
