Au moment où la pénurie de certains médicaments essentiels, surtout ceux prescrits pour soigner les maladies chroniques et graves, donne des soucis aux citoyens concernés, le gouvernement a réagi à travers un CMR qui a établi de nouvelles mesures et règles pour éviter les pénuries et pouvoir approvisionner en continu les unités pharmaceutiques. Des décisions qui semblent faire l’unanimité et rassurer les différentes composantes de ce secteur, à commencer par le Conseil de l’Ordre des pharmaciens.
On n’arrêt pas de parler, depuis de longs mois pour ne pas dire des années, du problème de pénurie de certains médicaments. Ces derniers temps, cette pénurie a touché des médicaments essentiels difficiles à remplacer qui traitent les maladies graves (tous types de cancer), les maladies métaboliques (diabète, thyroïde), les maladies neurologiques, les maladies cardiovasculaires, rénales ou respiratoires chroniques…
Face à une telle situation qui dure encore et qui inquiète les malades ainsi que les médecins traitants, le gouvernement a décidé de passer à l’action et de prendre le taureau par les cornes pour se débarrasser définitivement de ce fléau qu’est la pénurie.
C’est dans ce contexte que la Cheffe du gouvernement a présidé un CMR sur la bonne gouvernance du système de santé et du secteur pharmaceutique et en particulier, la gouvernance et l’amélioration de la qualité du système de santé.
Un véritable chantier et un défi à relever
Le CMR a évoqué l’importance du droit à la santé et de la qualité des services de soins, garantis par la Constitution et a réservé une bonne partie de sa réunion au système pharmaceutique. Plusieurs mesures ont été adoptées pour rationaliser et gouverner sa gestion, notamment pour assurer un approvisionnement continu en médicaments pour tous les citoyens et préserver la durabilité de ce système.
Il est toujours utile de rappeler que le conseil a recommandé, essentiellement, de renforcer les ressources financières de la Pharmacie centrale de Tunisie, d’intensifier le contrôle sur le système pharmaceutique pour en améliorer la gouvernance, de suivre l’approvisionnement du marché local en médicaments via une plateforme numérique qui permettra d’optimiser la distribution et la gestion des stocks, de réduire les délais d’étude des demandes d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les médicaments importés n’ayant pas de générique en Tunisie, de réviser de manière radicale et complète le système d’assurance maladie et d’adopter de nouveaux mécanismes pour mieux gérer le système pharmaceutique, en mettant l’accent sur une transformation numérique complète.
Il s’agit d’un véritable chantier pour un secteur qui a mis du retard pour intégrer la gestion numérique et qui met à nu les insuffisances et les probables problèmes qui pourraient survenir, et surtout pour lutter contre toute sorte de spéculation, de mauvaise gestion et de dépassements illégaux à plus d’un niveau.
L’objectif majeur annoncé par la Cheffe du gouvernement est d’assurer un approvisionnement continu en médicaments, de garantir la sécurité pharmaceutique et de promouvoir le secteur des industries pharmaceutiques locales.
Une telle série de décisions ne peut être que louable, mais il va falloir passer à l’action au plus vite et collaborer avec les différentes parties prenantes du secteur pour assurer une plus grande synchronisation et un unanime engagement dans une telle stratégie.
Tous unis pour bien faire
Ce qui rassure davantage, c’est que les réactions positives n’ont pas tardé, et celle du Conseil de l’Ordre des pharmaciens (CNOPT) ne peut qu’aider à réaliser un tel objectif. Réuni ce vendredi, le conseil a exprimé son soutien aux décisions du Conseil ministériel restreint (CMR) du 3 septembre 2025, visant à rationaliser et à améliorer la gouvernance du secteur pharmaceutique, notamment à travers la garantie d’un approvisionnement régulier en médicaments et la révision du système d’assurance maladie.
Dans un communiqué publié sur sa page officielle, le CNOPT a souligné l’importance d’appliquer ces mesures sur le terrain, réaffirmant son appui total à toute initiative visant à garantir la satisfaction des besoins des citoyens en matière de médicaments.
Parmi les décisions annoncées, le CNOPT a cité le développement d’une plateforme numérique destinée à suivre l’approvisionnement du marché national en médicaments, permettant de détecter les ruptures actuelles ou potentielles et d’y remédier de manière proactive. Dans ce contexte, le CNOPT signale qu’il avait proposé le lancement et le développement de cette plateforme. Il n’est jamais trop tard pour bien faire et la décision appelle à aller de l’avant en matière de gestion numérique.
Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens a par ailleurs salué les efforts des pharmaciens pour assurer l’accès des patients aux médicaments sur l’ensemble du pays malgré les difficultés, appelant l’ensemble des acteurs du système de santé à une gestion rationnelle de l’usage des médicaments à tous les niveaux, dans un esprit de coopération et de complémentarité pour le bien du patient et de la société.
Le Conseil avait également approuvé la mise en place de nouveaux mécanismes de gestion du système pharmaceutique, la réalisation d’une transformation numérique globale, la réduction des délais d’examen des demandes d’AMM (Autorisation de mise sur le marché) pour les médicaments importés sans équivalent local, ainsi qu’une révision profonde et globale du système d’assurance maladie.
C’est dire que cette nouvelle thérapie, proposée par le gouvernement, semble avoir réuni, autour d’elle, les autres parties impliquées, ce qui augure une meilleure politique en matière d’approvisionnement et de gestion des stocks.
Verra-t-on tout ce beau monde faire ce qui doit être fait, le plus tôt possible, pour mettre fin à ce fléau de pénurie de médicaments ? Nous l’espérons bien car rien ne peut se faire sans un capital humain sain et doté de tous les atouts de réussite et de bien-être, y compris l’accès aux médicaments.
Kamel ZAIEM
