Dans un contexte économique interne, régional et international difficile, la Tunisie, d’après l’attribution des notes de l’agence Fitch Ratings, a fait un bond en avant. Continuant à compter sur ses propres moyens et compétences, la Tunisie semble relever un défi des plus risqués et gagner son pari dans une conjoncture qui lui donnait peu de chances d’y parvenir. La vision sociale de la politique imposée par le Président de la République semble porter ses fruits même si le combat continue pour placer le pays hors du danger qui guette même des nations plus nanties.
L’agence de notation Fitch Ratings a relevé, ce vendredi, la note souveraine de la Tunisie, passant de «CCC+» à «B-», assortie d’une perspective stable. Cette décision reflète l’amélioration de la position extérieure du pays et la résilience de ses flux financiers, tout en soulignant la vulnérabilité persistante du budget et de la dette aux chocs extérieurs.
Selon Fitch, le déficit courant devrait atteindre 2,2% du PIB en 2025, contre 1,5% en 2024, avant de s’établir à 2,8% en 2027. Ce niveau reste nettement inférieur à la moyenne de 7,9% observée entre 2010 et 2022. L’amélioration est principalement due à une balance des services en forte progression, passant de 10% du PIB en 2018 à 14% en 2023 et 2024, ainsi qu’à une hausse des transferts de fonds de la diaspora, de 4% du PIB en 2018 à 6% en 2023-2024.
Du point de vue ESG et gouvernance, Fitch attribue à la Tunisie un score de pertinence de 5 pour la stabilité politique, l’État de droit et le contrôle de la corruption, un score de 4 pour les droits humains et libertés politiques, et un score de 4+ pour les droits des créanciers. Ces éléments pèsent sur la notation et reflètent la prise en compte des facteurs institutionnels dans le modèle de notation souveraine.
Fitch précise que la note pourra être révisée à la hausse si la Tunisie parvient à réduire durablement le déficit et à accroître ses réserves de change. À l’inverse, un élargissement du déficit ou une baisse rapide des réserves pourrait entraîner un risque de dégradation.
La Tunisie connaît encore des sorties nettes de financement extérieur. Le pays doit rembourser son unique Eurobond restant, d’un montant de 700 millions d’euros, à l’échéance de juillet 2026. Les réserves internationales sont prévues à 3,9 mois de paiements extérieurs en 2027, contre 4,5 mois en 2024, un niveau jugé suffisant pour couvrir les obligations extérieures.
Dans le contexte actuel, toutes ces données positives ne peuvent que mettre du baume au cœur des citoyens tunisiens et ceux qui les gouvernent. Et il suffit de jeter un coup d’œil sur ce qui se passait il y a trois ans, aux moments forts du bras de fer entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI), pour tirer les enseignements qui s’imposent et qui viennent donner raison, aujourd’hui, au savoir-faire de l’Etat et de son Président qui ont tenu bon et ont évité au pays les pires conséquences des conditions imposées qui auraient pu mener le pays et son économie vers un avenir des plus sombres avec un taux d’inflation ayant flirté avec des niveaux inimaginables.
Avec un taux d’inflation qui tend encore vers la baisse (5,2%) et surtout une politique à vocation sociale qui tient compte, essentiellement, de l’intérêt de tous les citoyens, notamment les plus démunis, les perspectives sont bonnes.
Une vision claire qui porte ses fruits
D’ailleurs, cette nette orientation sociale a été confirmée par les multiples mesures annoncées, il y a près d’un an, dans la loi de Finances 2025, à savoir, à titre de rappel, les exonérations fiscales sur les pensions d’invalidité et d’orphelin et sur le revenu des travailleuses agricoles, la création de fonds pour assurer les ouvrières agricoles contre les accidents de travail, les maladies professionnelles et la perte d’emploi, le soutien aux jeunes entrepreneurs en leur accordant des lignes de financement, l’intégration des personnes à mobilité réduite en mettant à leur disposition des lignes de financement et en révisant en leur faveur la fiscalité concernant les véhicules adaptés aux personnes handicapées, l’amélioration du pouvoir d’achat à travers la révision du barème de l’impôt sur le revenu, notamment pour les retraités et les familles à faible revenu, le soutien aux catégories vulnérables en réduisant la TVA sur l’électricité pour les ménages à faible consommation et en leur accordant des prêts sans intérêts, l’augmentation des pensions des retraités et du SMIG, ainsi que l’élimination progressive des formes d’emploi précaires.
De telles mesures n’étaient même pas envisageables au moment de faire le choix entre les conditions rigides du FMI et la persévérance dans la mise en place d’une politique économique qui défend les intérêts de tout un peuple, avec ses diverses composantes, notamment les catégories sociales fragiles.
Cette orientation sociale a été confirmée à l’occasion de la réunion du conseil des ministres, vendredi, qui a vu le Chef de l’Etat réaffirmer le choix de l’État social, un engagement fondamental, irréversible et inscrit dans la vision politique de la Tunisie nouvelle. Il a rappelé, à l’occasion, que les réformes engagées visent à répondre aux aspirations des catégories marginalisées.
La réussite et la pertinence d’un tel choix viennent de se confirmer, également, à travers cette notation de Fitch qui vient à point nommé pour mettre en valeur les choix de l’Etat tunisien qui a su résister et bondir en avant sans avoir à se soumettre au FMI.
Il fallait beaucoup de courage et d’abnégation pour relever un tel défi, même si le combat continue pour imposer une nouvelle Tunisie, fondée sur la liberté, la justice sociale et la dignité.
Kamel ZAIEM
