Ils seront nombreux à avoir le sourire aux lèvres ce lundi matin, dans la cour de l’école. Ils seront heureux de se retrouver entre camarades et de reprendre les cours. Ces jeunes scolarisés font de leur mieux pour réussir. Ils ont besoin d’une bonne vision éducative et non d’ une accumulation de savoirs pour voler plus haut. Aujourd’hui, alors que nous sommes confrontés à des défis mondiaux sans précédent, il est temps de réinventer en profondeur l’éducation et de repenser son rôle dans notre société car le modèle éducatif actuel n’a guère changé depuis près d’un siècle et demi.L’école d’hier n’est plus adaptée aux exigences actuelles et encore moins aux défis de demain. Aux mutations économiques, technologiques et sociétales qui s’opèrent en Tunisie et dans le monde. Face à cette situation, le Conseil Supérieur de l’Éducation , récemment créé, propose un véritable nouveau contrat social pour moderniser l’école et l’adapter aux réalités du XXIe siècle. C’est dans cette optique qu’émerge l’école de demain, un projet ambitieux visant à refonder le modèle pédagogique et à redonner à l’éducation son rôle central dans le développement du pays. L’éducation tunisienne se trouve à un tournant décisif. Face à un monde en constante évolution, révolution numérique, transition écologique, transformation du marché du travail, l’école doit cesser d’être un simple lieu de transmission du savoir pour devenir un espace dynamique de formation et d’innovation.
Repenser l’éducation dans un monde en mutation
Une grande partie du contenu enseigné dans nos écoles est totalement inutile et dénué de sens pour les élèves. Des études auraient montré que deux ans après la fin de leur scolarité, les jeunes adultes ont déjà oublié plus de 80 % du contenu. Trop souvent, les enseignants veulent éduquer et modeler les jeunes. Et qu’est-ce que cela donne ? Les jeunes se déconnectent, ne nous écoutent plus et deviennent difficiles à atteindre. Les adultes, quant à eux, restent frustrés. Leur méthode d’apprentissage ne répond pas aux attentes de ces jeunes. De nombreux enseignants et parents aimeraient changer les choses et sentent que certaines choses ne fonctionnent plus vraiment dans les écoles.
Depuis l’école primaire, l’enseignement ne doit pas reposer sur une transmission verticale du savoir, mettant l’accent sur la répétition plutôt que sur la réflexion. On inculque aux enfants l’art de la récitation, l’excellence de la mémorisation. On leur apprend à répondre aux questions qu’on leur pose, mais rarement à se poser les bonnes questions. Dans un monde en perpétuel changement, où l’adaptabilité et la pensée critique sont des compétences essentielles, cette approche montre ses limites. L’orientation scolaire, déterminante pour l’avenir des jeunes, demeure souvent une équation hasardeuse. Les formations techniques et professionnelles, pourtant vitales à tout tissu économique, restent perçues comme des voies de secours, des solutions pour ceux qui ont échoué ailleurs. Pourtant, elles devraient être valorisées au même titre que les formations académiques, car elles répondent à des besoins concrets du marché.On dit aux jeunes de ne pas attendre l’emploi, mais de le créer. L’idée est noble, mais la réalité est tout autre. Qui leur a appris à monter un projet ? À comprendre le marché ? Si l’entrepreneuriat est une voie prometteuse, encore faut-il donner aux jeunes les moyens de réussir. Les mentalités changent et soudain, de nouvelles perspectives.
Les compétences requises pour réussir sur le marché du travail de demain sont très différentes de celles du passé. L’éducation doit s’adapter pour refléter cette réalité. La façon dont l’éducation est dispensée doit également évoluer afin de répondre aux besoins des élèves du 21e siècle. Le modèle traditionnel de l’éducation, qui met l’accent sur la diffusion de contenus, n’est plus suffisant. Au lieu de cela, les éducateurs doivent devenir des facilitateurs, guidant les élèves dans leur parcours d’apprentissage. La pandémie de COVID-19 a accéléré l’adoption de l’apprentissage en ligne, ce qui en fait un élément crucial de l’éducation moderne. L’apprentissage en ligne offre aux jeunes une flexibilité et des possibilités d’apprentissage personnalisées et à leur propre rythme. Il permet également un apprentissage plus collaboratif, basé sur des projets et basé sur des problèmes, ce qui reflète mieux les compétences requises dans le milieu de travail du XXIe siècle. L ’éducation est en pleine transformation partout dans le monde. Elle subit des mutations telles que l’on peut parler de métamorphose. Nous devons donc changer d’approche, remettre en question une réalité qui nous est familière mais au sein de laquelle apparaissent de nouveaux besoins et défis.
Nos éducateurs, enseignants, parents doivent réinventer l’éducation, repenser sa raison d’être et ses objectifs. Il faudrait une approche innovante pour construire une nouvelle culture de l’école et transformer l’éducation en profondeur. L’éducation est notre meilleur outil pour améliorer le monde. Il est indispensable que l’éducation s’actualise et se tourne vers le monde de demain. Afin d’effectuer cette transformation, le premier pas à franchir consiste à observer ce qui se fait ailleurs, dans les autres systèmes éducatifs. Ayant pris connaissance d’expériences diverses, nous serons en mesure de partager les idées, les outils, mais aussi les erreurs et les échecs. Un excellent exemple d’éducation tournée vers l’avenir, c’est la Finlande qui se classe régulièrement parmi les systèmes éducatifs les plus performants au monde,
Son système éducatif ne cesse de développer des compétences telles que la collaboration, l’entrepreneuriat, la citoyenneté active et la conscience sociale par le biais d’applications réelles. Ce changement ne doit pas se focaliser sur les contenus et les programmes mais doit observer l’élève que nous avons devant nous. Il ne faut plus tant se demander comment il fera pour apprendre par cœur de grandes quantités d’informations mais il faut s’interroger sur les moyens de le faire grandir en tant que personne .Il sera en tout état de cause différent du monde aujourd’hui. Or, il est important de savoir ce que nous transmettons aux enfants. C’est pourquoi l’éducation de nos enfants doit s’adapter aux évolutions du monde moderne. Tant que certaines approches pédagogiques resteront figées dans des schémas dépassés, tant que l’enseignement primaire ou secondaire ne sera pas pleinement valorisé, tant que notre système éducatif fonctionnera sans une vision claire, nous continuerons à produire des générations d’attente.Attente d’un emploi qui ne viendra pas. Attente d’une opportunité qui ne se représentera pas. Attente d’un avenir qui s’écrit sans eux.
Adopter les innovations dans le domaine de l’éducation
Les systèmes éducatifs du monde entier reconnaissent la nécessité de s’adapter à un monde en mutation et adoptent des innovations pour offrir de meilleures expériences d’apprentissage aux élèves. Singapour, par exemple, tire parti de l’apprentissage numérique pour favoriser la curiosité, l’autonomie et l’agilité des élèves. Les lycéens de Singapour passent désormais deux jours par mois à apprendre en ligne, à participer à des cours numériques et à des projets collaboratifs. Cette approche permet aux élèves d’accéder à divers outils, tels que des vidéos, des articles et des podcasts, et encourage la collaboration entre pairs. L’avenir de l’éducation exige de l’innovation adaptative et de la résilience. Il ne suffit pas de reconstruire ce qui était. Les systèmes éducatifs doivent s’adapter en permanence pour répondre aux besoins des élèves dans un monde en évolution rapide. Il s’agit notamment d’élargir le programme d’études pour inclure un plus large éventail de sujets qui correspondent aux intérêts des élèves et les préparer à un monde numérisé. La réinvention de l’éducation est un défi majeur pour notre société. Les futurs de l’éducation sont multiples, et il est de notre responsabilité de façonner ensemble l’éducation de demain.
L’éducation est en pleine transformation partout dans le monde. Elle subit des mutations telles que l’on peut parler de métamorphose. Nous devons donc changer d’approche, remettre en question une réalité qui nous est familière mais au sein de laquelle apparaissent de nouveaux besoins et défis. L’éducation est notre meilleur outil pour améliorer le monde. Il est indispensable que l’éducation s’actualise et se tourne vers le monde de demain. Afin d’effectuer cette transformation, le premier pas à franchir consiste à observer ce qui se fait ailleurs, dans les autres systèmes éducatifs. Ayant pris connaissance d’expériences diverses, nous serons en mesure de partager les idées, les outils, mais aussi les erreurs et les échecs et de nous remettre en question, nous interroger sur l’essence de l’éducation et sur son rôle, afin de la réimaginer.
On doit cesser de se focaliser sur les contenus ou les programmes, mais observer l’élève que nous avons devant nous. Il ne faut plus tant se demander comment il fera pour apprendre par cœur de grandes quantités d’informations mais il faut s’interroger sur les moyens de le faire grandir en tant que personne. Il sera en tout état de cause différent du monde aujourd’hui. Or, il est important de savoir ce que nous transmettons aux enfants. Les enseignants et les éducateurs devraient délaisser les approches pédagogiques traditionnelles (par exemple, le cours magistral, la mémorisation) au profit d’approches qui tiennent compte des besoins particuliers et des points forts des apprenants tout en leur offrant des opportunités d’apprendre au moyen de la créativité, de l’autonomie et de la collaboration (par exemple, l’apprentissage individualisé, l’apprentissage coopératif).
La conception de l’établissement scolaire comme source unique d’apprentissage devrait également être revue au profit de celle d’une collaboration avec les différents partenaires de la communauté (par exemple, les liens avec les autres établissements scolaires, les associations, les bibliothèques, les musées).Nous sommes conscients que nous manquons souvent de temps. Nous devons sans cesse traiter les urgences. L’école nous prend énormément de temps. Pourtant, notre priorité ne doit pas être de régler les problèmes de notre époque. Elle doit porter sur les problèmes de demain. Nous devons anticiper, nous demander quelles difficultés rencontrent nos petites demain et les y préparer.Il est possible de transformer l’éducation !
Le vent du changement doit souffler sur l’éducation. Nous visons en quelque sorte le « printemps de l’éducation ». Nous voyons partout de petits bourgeons apparaître : des écoles, des réseaux d’écoles, des universités qui préparent le système éducatif de demain en pariant sur une éducation différente. Nous pourrions nous mettre dès maintenant à rêver de l’école de demain . Il est capital que nous changions notre cadre intellectuel et notre état d’esprit.. C’est pourquoi la réinventer demandera un effort considérable. Il convient d’imaginer des relations différentes entre les enseignants et les élèves, établies à partir des centres d’intérêts des élèves. Pourquoi continuons-nous à forcer les élèves à apprendre des contenus qui ne les intéressent pas forcément, du moins pas de la façon dont ils sont proposés ?
Préparer les jeunes aux métiers de demain
Les technologies comme l’intelligence artificielle, le big data et l’automatisation redéfinissent déjà de nombreux secteurs. Selon le Forum économique mondial, près de 65 % des enfants entrant aujourd’hui à l’école primaire travaillent dans des emplois qui n’existent pas encore.80% des emplois les plus recherchés sur linkedin n’existaient pas il y a 10 ans . 50% du top 500 entreprises auront disparu dans 10 ans et 85% des emplois en 2040 n’existent même pas aujourd’hui .Il devient donc impératif d’enseigner aux jeunes non seulement à utiliser les outils numériques actuels, mais aussi à s’adapter rapidement aux nouvelles technologies. En enseignant les compétences numériques dès l’école, on assure que les futurs diplômés arriveront sur le marché du travail avec un avantage compétitif.
Les employeurs cherchent de plus en plus des profils qui maîtrisent les outils technologiques modernes, tels que les logiciels de gestion de projet, de data analytics ou encore les technologies de réalité augmentée. Une formation technologique robuste constitue donc un investissement pour les jeunes.L’enseignement des nouvelles technologies n’est pas seulement un moyen de répondre aux exigences du marché du travail. C’est également une source de créativité et d’innovation. Grâce à des outils comme la conception graphique, la programmation ou encore la réalité virtuelle, les élèves peuvent donner libre cours à leur imagination et transformer leurs idées en projets concrets.
Les jeunes qui apprennent à utiliser les nouvelles technologies acquièrent des compétences en pensée critique et en résolution de problèmes. Ces compétences sont cruciales pour innover dans des secteurs tels que le marketing digital, la gestion des ressources humaines, ou encore le développement de produits technologiques. En d’autres termes, ces technologies ne se contentent pas de faciliter le travail, elles encouragent également la création de nouvelles solutions pour relever les défis modernes. L ’avenir du travail évolue à grande vitesse, porté par la transition numérique, l’intelligence artificielle et les défis environnementaux. Certains métiers émergents vont exploser tandis que d’autres, plus traditionnels, se transforment pour répondre aux nouvelles attentes du marché. Quels sont les métiers d’avenir qui offrent des débouchés stables, des salaires attractifs et de vraies perspectives d’évolution, en Tunisie comme à l’international ? Quelles études faut-il entreprendre pour devenir designer UX, ingénieur en énergie circulaire ou médiateur scientifique ? Avec l’automatisation croissante de nombreux secteurs, il est important de former les jeunes aux compétences de demain. Beaucoup d’emplois traditionnels seront remplacés ou transformés par les avancées technologiques.
Par conséquent, des compétences telles que la programmation, la cybersécurité, ou encore l’analyse de données deviennent cruciales. En dotant les étudiants de compétences techniques et numériques avancées, on les prépare à s’adapter aux mutations rapides de l’emploi et à saisir les nouvelles opportunités dans des industries comme le commerce électronique, la santé numérique, ou encore la logistique automatisée. Dans un monde en mouvement constant : fluctuations économiques, avancées technologiques, revirements politiques, revendications sociétales… l’incertitude deviendrait-elle la seule certitude ?La vie se ressent, parfois, comme une somme de changements nous poussant, au- delà de suivre la trajectoire que nous nous sommes fixés, à être dans un mouvement permanent. Ces changements, bien que parfois prévisibles, peuvent également se produire de façon inattendue. Ils sont rapides et obligent chacun de nous, dans certaines situations, à repenser et structurer nos modes de fonctionnement. Et comme le disait Darwin, il y a deux siècles, « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ».
Kamel Bouaouina