L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) organisera, le 3 octobre prochain, une journée académique portant sur des dispositions exceptionnelles pour le recrutement des diplômés de l’enseignement supérieur en situation de chômage de longue durée dans le secteur public et la fonction publique. Selon le député Nouri Jeridi, l’intérêt porte à travers l’examen des modalités pratiques de l’application de ce projet de loi sur la concrétisation de l’un des slogans majeurs de la révolution de 2011, en l’occurrence «emploi, liberté, dignité nationale», ainsi que sur l’insertion de mesures spécifiques ciblant les couches sociales vulnérables. Ainsi, le critère de l’âge (plus de 40 ans) ne sera pas appliqué pour les familles comptant plusieurs diplômés chômeurs.
La situation sociale de certaines catégories, telles que les veuves, les pères de famille ou encore les personnes en situation de handicap devrait également être prise en considération.
Les députés proposeront également la création d’une plateforme sous la tutelle du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle pour créer une base de données et classer les candidats éligibles au recrutement exceptionnel par ordre de priorité.
Le projet proposé par le bloc «Pour la Victoire du Peuple» a été déjà adopté en juillet dernier par la commission parlementaire de la planification stratégique et du développement durable, avant de le soumettre au Bureau de l’Assemblée assorti d’une demande d’examen en urgence. Il devrait être discuté et adopté prioritairement lors de la quatrième session ordinaire de la législature 2023-2027, qui démarrera en octobre prochain.
Le texte, qui ambitionne de rendre justice aux diplômés chômeurs longtemps laissés pour compte se situe dans le cadre de la concrétisation des orientations exprimées par le Président de la République relatives à «l’instauration des fondements d’un Etat social et juste». Le Chef de l’Etat a d’ailleurs évoqué à plusieurs reprises ces derniers mois le recrutement de ces diplômés chômeurs de longue date, tout en recommandant aux ministres de ne pas hésiter à «remplacer les responsables défaillants par des titulaires de diplômes supérieurs». Il a également noté que même les diplômés «qui manquent d’expérience l’acquerront au fur et à mesure et s’impliqueront avec la conviction de mener une guerre de libération nationale».
Le taux de chômage des diplômés a atteint 24% au 2e trimestre 2025
Les principaux critères de priorité retenus par la commission parlementaire pour le recrutement exceptionnel de diplômés de l’enseignement supérieur au chômage de longue durée sont l’âge (40 ans au moins), l’ancienneté du diplôme (plus de 10 ans) et la situation sociale.
Les candidats doivent être inscrits dans les bureaux de l’emploi, ne pas avoir bénéficié de régularisation professionnelle antérieure, ne pas être affiliés à un régime de retraite et de couverture sociale sans interruption, ne pas avoir eu d’identifiant fiscal au cours des deux années précédant l’inscription sur la plateforme, et ne pas avoir contracté un prêt de plus de 40 000 dinars.
Les candidats retenus devraient être recrutés par vagues successives sur une période ne dépassant pas les trois ans à compter de la promulgation de la loi pour combler les postes vacants dans le secteur public (entreprises publiques, offices, etc.) et la fonction publique, tout en veillant à assurer l’équilibre entre les différentes spécialités lors du recrutement.
Selon les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique (INS), le chômage des diplômés du supérieur a atteint 24% au deuxième trimestre 2025, contre 23,5% au premier trimestre 2025. Ce taux est de 14,2% chez les hommes et de 31,3% chez les femmes.
Le taux de chômage des diplômés du supérieur est ainsi largement supérieur au taux de chômage global, qui a atteint 15,3% au deuxième trimestre, contre 15,7% au premier trimestre de la même année.
D’après les données du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, près de 60 000 diplômés sortent en moyenne chaque année des universités tunisiennes. Mais le chômage touche surtout les diplômés des filières dites «difficiles», telles que les titulaires de diplômes en sciences humaines ou en langue, dont le taux d’embauche dans le secteur privé est quasiment nul. Cela souligne une inadéquation de plus en plus visible entre les formations universitaires et les besoins réels du marché de l’emploi et dénote de l’urgence d’une profonde réforme du système éducatif national afin que le secteur public, dont les effectifs sont déjà pléthoriques, ne demeure pas l’unique issue pour absorber chaque année des dizaines de milliers de diplômés.
Walid KHEFIFI
