Ils sont plus de 53 mille chômeurs à bénéficier d’un emploi au cours des sept premiers mois de l’année 2025. Certes, il s’agit d’un chiffre encourageant, mais beaucoup reste à faire pour baisser le taux de chômage, surtout pour les diplômés de l’enseignement supérieur et chez la gent féminine.
Comparativement à ce qui se passait avant, la lutte contre le chômage a gagné des points, mais la route reste longue pour réussir de véritables sauts en avant à même de donner plus d’optimisme aux chômeurs actuels.
Que s’est-il passé pour voir 53 mille personnes bénéficier d’un emploi durant ces sept derniers mois ?
D’après les statistiques et les données disponibles au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, ce chiffre a été atteint grâce à l’augmentation du volume des investissements déclarés à l’échelle nationale, tous secteurs confondus, qui s’est établi à 3 920,1 millions de dinars (MD), entre janvier et juillet 2025, en progression de 12,1% par rapport à la même période de 2024, confirmant ainsi une dynamique mensuelle positive, d’après le rapport sur les Investissements déclarés en chiffres-juillet 2025, publié, mercredi, par l’Instance Tunisienne de l’Investissement (TIA).
Au niveau pratique, avec ce qui s’est passé au cours de ces sept mois, les investissements déclarés devraient générer environ 53 198 opportunités d’emploi, en hausse de 7,2% par rapport à la même période de l’année précédente. Les opérations de création ont représenté 70% des investissements déclarés, soit 2 740,5 MD et vont générer 85% d’emplois déclarés (45 469 postes).
Représentant 37% du total des investissements déclarés et 40% des emplois projetés, le secteur industriel confirme son rôle central dans l’économie tunisienne au cours des sept premiers mois de 2025. Il a, toutefois, enregistré une baisse de 12,7% des investissements déclarés, tandis que les emplois à créer ont légèrement progressé de 0,6%.
Avec 855,2 MD d’investissements (22% du total) et 24463 emplois à créer (46% du total), le secteur des services confirme sa deuxième place dans l’économie tunisienne. Cette performance s’accompagne d’une augmentation de 25% des investissements, ainsi que d’une hausse de 14,4% du nombre d’emplois déclarés.
Le secteur agricole occupe la troisième place avec 731,9 MD d’investissements (18% du total), générant 5846 postes d’emploi. Ce résultat marque un recul de 6,3% par rapport à la même période de 2024.
Avec 434,3 MD d’investissements déclarés, le tourisme se classe en quatrième position, attirant 15% du total des investissements déclarés, ce qui va permettre la création de 1350 postes d’emploi.
Le secteur des énergies renouvelables a enregistré 307 MD d’investissements déclarés, soit 8% du total.
La répartition géographique de ces investissements est assez intéressante puisqu’elle touche plusieurs régions qui souffrent plus que les autres du chômage. Les dix premiers gouvernorats de Tunisie en termes de volume d’investissement déclaré (tous secteurs confondus) ont concentré plus de 72% du total des investissements déclarés. Le gouvernorat de Tunis arrive en tête du classement et se distingue par une part importante de 11% des investissements déclarés (415,3 MD), suivi par les gouvernorats de Nabeul (383,2 MD), Kairouan (360,5 MD), Jendouba (333,6 MD), Gabès (306,8 MD), Sfax (275,5 MD), Ben Arous (237,7 MD), Bizerte (204,3 MD), Monastir (157,4 MD ) et Sousse (134,6 MD).
Les investissements déclarés dans les zones de développement régional se sont établis à 1859,7 MD, soit 47%, du total des investissements déclarés. Cinq projets d’intérêt national (PIN), projets dont le coût d’investissement est supérieur ou égal à 50 MD ou qui permet la création d’un minimum de 500 emplois sur 3 ans ou 200 emplois pour les titulaires d’un diplôme supérieur, ont été déclarés, pour un montant total de 868,1 MD, soit 22% du volume global des investissements déclarés. Ces projets vont permettre la création de 1619 postes d’emploi.
Les investissements entièrement tunisiens ont représenté 70% du total déclaré, tandis que les projets intégrant une participation étrangère ont atteint un volume de 1174,8 MD, soit 30% du total. Ces derniers vont permettre la création de 11178 emplois, correspondant à 21% de l’ensemble de l’emploi déclaré.
Moins de chômeurs, mais…
Les indicateurs de l’emploi et du chômage en Tunisie incitent à un optimisme mesuré avec des taux et des chiffres légèrement meilleurs que ceux de l’année passée.
Ainsi, au deuxième trimestre de 2025, la population active s’inscrit en hausse, s’établissant à 4259.9 mille individus contre 4233.4 mille au premier trimestre de l’année 2025, soit une augmentation de 26.5 mille individus. Cette population se répartit en 2899.8 mille hommes et 1360.1 femmes, soit respectivement 68.1% et 31.9% de l’ensemble de la population active.
Cependant, malgré l’augmentation de la population active pendant le deuxième trimestre de l’année 2025, le taux d’activité a reculé de 0,2 point, atteignant 46,2% de la population en âge d’activité (âgée de plus de 15 ans) contre 46,4% le premier trimestre de 2025. Le nombre des occupés a augmenté de 39.9 mille pour s’établir à 3608.8 mille au deuxième trimestre de l’année 2025 contre 3568.9 au premier trimestre de l’année 2025.
Cette population est répartie inégalement entre les deux sexes : 2533.5 mille hommes contre 1075.4 mille femmes, soit respectivement 70.2% et 29.8% de la population active occupée.
Le nombre de chômeurs s’établit à 651.1 mille, en baisse de 13.4 mille par rapport au premier trimestre 2025 (664.5). Le taux de chômage diminue pour atteindre 15,3%, contre 15.7% au premier trimestre de 2025.
Par sexe, le taux baisse à 12,6% pour les hommes (contre13.6% en T1 2025), par contre le taux augmente à 20,9% après 20.3% au T1 2025 chez les femmes.
D’après ces mêmes statistiques, le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans a diminué au cours du deuxième trimestre 2025, atteignant 36.8% contre 37.7% au premier trimestre 2025. Ce taux se décompose en 36.4% pour les hommes et 37.8% pour les femmes.
Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur augmente pour atteindre 24,0% au premier trimestre de l’année 2025 (contre 23,5% au premier trimestre 2025). Ce taux est de 14.2% chez les hommes et de 31,3% chez les femmes.
C’est dire que beaucoup reste à faire pour fournir de l’emploi à ceux qui ont réussi leurs études supérieures pour se trouver privés d’emploi pour de longues années, même si des efforts notables sont déployés pour embaucher les chômeurs doctorants et des centaines de nouveaux enseignants .
Kamel ZAIEM
