Par-delà les murs assiégés et les nuits criblées d’éclats, une voix s’élève de Gaza. C’est la voix du Festival international du cinéma de la femme, qui transforme l’écran en cri, et la pellicule en témoin des douleurs et des espoirs. Sous l’impulsion de son fondateur, le Dr. Ezzedine Shallah, le festival adresse un appel vibrant : que les artistes arabes cessent le murmure discret et choisissent la clarté des positions assumées.
Le communiqué du festival est plus qu’une simple déclaration : c’est une exhortation à briser la vitre fragile de la compassion muette. Gaza, dit-il, ne demande pas seulement des larmes versées dans l’ombre, mais des gestes visibles, des prises de parole publiques, des actes capables de défier l’indifférence. Car l’art, depuis toujours, est ce miroir tendu aux peuples, ce flambeau qui éclaire les zones d’ombre et offre aux sans-voix la résonance d’un chœur universel.
Le texte rend hommage aux artistes du monde qui, déjà, ont pris parti. Certains ont affiché leur solidarité, d’autres ont choisi le boycott, refusant d’associer leur art à des scènes festives quand la tragédie gronde à Gaza. Ces gestes sont la preuve éclatante que le cinéma, la musique, la peinture peuvent déplacer le poids du silence et modeler la conscience collective.
L’art comme acte de courage et de mémoire
Mais l’appel va plus loin. Il interpelle les syndicats artistiques et les institutions culturelles arabes, leur demandant de former une « large front », une constellation de voix et d’images qui unissent leurs forces pour soutenir Gaza. La déclaration est claire : le choix des artistes n’est pas seulement esthétique, il est éthique, humain, historique. Les générations futures, prévient-elle, retiendront les silences aussi sûrement que les paroles courageuses.
Dans cet élan, le festival appelle à inventer de nouveaux rendez-vous : festivals dédiés, manifestations culturelles, plateformes créatives où l’art devient résistance et où chaque scène, chaque toile, chaque poème s’érige en contrepoids aux récits biaisés et aux campagnes de désinformation.
Plus qu’une invitation, c’est une convocation : celle de bâtir une frontière culturelle arabe unifiée, où les imaginaires se croisent au-delà des frontières, où les initiatives se répondent et où les institutions coopèrent pour donner à la cause palestinienne une résonance plus ample, plus universelle.
Ainsi, Gaza rappelle au monde que le cinéma n’est pas une simple distraction. Il est un langage de vérité, une arme douce mais infaillible contre l’oubli. Il est ce fil invisible qui relie les consciences et qui, même dans l’obscurité des salles, dessine des chemins de lumière.
Dans la douleur de Gaza, l’art se dresse, non pas comme refuge, mais comme acte de courage. Et à travers ce festival, c’est tout un peuple qui tend la caméra au reste du monde, pour dire : « Regardez, écoutez, témoignez. »
Mona BEN GAMRA
