«Les prix des viandes rouges continuent d’enregistrer une flambée exceptionnelle», a indiqué l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (OTIC) dans un communiqué publié ce lundi.
S’inscrivant dans le cadre de la poursuite de sa campagne nationale contre la hausse des prix, l’OTIC a souligné que cette flambée des prix pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des consommateurs et ce, malgré la baisse significative des coûts de production.
Dans une déclaration à la Radio nationale, le président de l’OTIC, Lotfi Riahi, a révélé que les marges de profit réalisées par les bouchers atteignent jusqu’à 34 dinars par kilogramme de viande.
«En effet, le coût de production du kilo de viande est estimé à environ 26 dinars, alors qu’il est vendu entre 55 et 60 dinars», a-t-il expliqué.
Parallèlement, Lotfi Riahi a souligné que la hausse des prix de la viande rouge se poursuit, malgré la baisse significative des prix des fourrages. «Le prix du foin est passé de 13 dinars en 2023 à 6 dinars en 2025, tandis que celui de la paille a chuté de 10 dinars à seulement 2 dinars», a-t-il précisé.
À ce titre, le président de l’OTIC a appelé les ministères de l’Agriculture et du Commerce à communiquer à l’organisation le coût réel de production d’un kilogramme de viande.
Pour un plafond des marges et une transparence totale
Lors du lancement de sa campagne nationale contre la hausse des prix en août 2025, l’OTIC a rappelé que la consommation de viande rouge n’est ni un luxe ni un privilège réservé à une catégorie sociale, mais constitue un élément essentiel d’une vie digne et garantit le minimum de sécurité alimentaire.
Dans ce cadre, l’organisation a insisté sur l’importance de publier ces coûts de manière transparente et de fixer un plafond pour la marge bénéficiaire à chaque étape, de la production à la vente, que ce soit chez les grossistes ou les détaillants. «Il s’agit de trouver un juste équilibre entre les intérêts des éleveurs et les droits des consommateurs», précise le communiqué.
L’OTIC a ainsi appelé les ministères de l’Agriculture et du Commerce, ainsi que les organismes de contrôle, à établir clairement le coût réel de production de la viande rouge.
Par ailleurs, l’organisation a souligné la nécessité de renforcer le contrôle sur l’abattage des femelles et sur leur importation, afin de préserver le cheptel national et garantir la pérennité du secteur.
La viande rouge pourrait atteindre 70 dinars le kilo
Dans la même perspective, Ahmed Amiri, président de la Chambre nationale des bouchers, a expliqué que la hausse des prix s’explique principalement par la baisse de la production et la rareté, soulignant que si cette situation perdurait, le prix du kilogramme pourrait atteindre 70 dinars.
«Le prix de l’agneau, vendu actuellement à 60 dinars, est acheté par le boucher entre 50 et 55 dinars», a-t-il dévoilé dans une déclaration à une radio privée. Selon lui, la solution pour maîtriser les prix réside dans l’engagement des bouchers dans le système de vente de la viande importée.
En termes chiffrés, il a précisé que 25 à 30% des boucheries se sont déjà inscrites dans ce système de vente de viande réfrigérée importée.
«Lorsque le ministère du Commerce a autorisé la Chambre nationale des bouchers à importer de la viande à des prix différenciés, 200 tonnes de viande ont ainsi été introduites, soit environ 20 conteneurs», a-t-il ajouté.
Ahmed Amiri a également indiqué que le programme d’approvisionnement se poursuit, révélant qu’un conteneur de viande d’agneau, contenant 1 200 agneaux, sera disponible le vendredi 26 septembre.
Concernant les prix de vente, la viande d’agneau est proposée entre 37 500 et 38 200 millimes le kilo, tandis que la viande bovine se vend entre 35 000 et 35 500 millimes le kilo.
Cette flambée des prix a naturellement des répercussions sur les habitudes de consommation. Il faut rappeler qu’en matière de consommation, le président-directeur général de la Société Ellouhoum, Tarek Ben Jazia, a indiqué lors d’une déclaration à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP) que la consommation de viandes rouges a enregistré un net recul ces dernières années, principalement en raison de la cherté des prix.
«La consommation moyenne par habitant est passée de 11 kg par an en 2015 à 8,6 kg en 2021», a-t-il précisé.
Nouha MAINSI
