Depuis de longues années déjà, la Tunisie est réputée pour être un haut lieu de chirurgie esthétique. Les chiffres le confirment à tous les niveaux et les spécialistes tunisiens viennent encore une fois de le prouver à travers des techniques et des opérations inédites dont la dernière, une reconstruction faciale à partir des mâchoires, est venue révolutionner la chirurgie maxillo-faciale dans le monde…
La Tunisie est pionnière en matière de chirurgie esthétique et il s’agit, là, d’un secret de polichinelle. Et c’est ce qui a permis à notre pays d’être l’un des leaders sur le marché international du tourisme médical, à travers, notamment, la chirurgie esthétique.
En chiffres, le constat est clair : la Tunisie, devenue une destination privilégiée en matière de tourisme médical, attire chaque année plus de 30 000 visiteurs étrangers venant spécifiquement pour des interventions de chirurgie esthétique.
Elle connaît régulièrement une croissance annuelle de la demande, tant nationale qu’étrangère. C’est que la Tunisie est aujourd’hui considérée comme l’une des premières destinations mondiales pour la chirurgie esthétique. En effet, le secteur a connu une croissance exponentielle ces dernières années, avec près de 600 cliniques pluridisciplinaires et plus de 1 500 médecins spécialisés dans le pays.
Une réussite purement tunisienne
Sur sa lancée, la chirurgie esthétique tunisienne vient de réaliser une nouvelle réussite révolutionnaire. Il s’agit d’une nouvelle technique opératoire développée par une chirurgienne tunisienne qui vient renforcer l’arsenal thérapeutique de la reconstruction faciale dans le monde.
Pourtant, il s’agit d’une opération délicate dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale, c’est-à-dire la spécialité qui prend en charge les maladies et les traumatises des mâchoires et du visage. Et c’est bien là que docteur Imen Mehri Turki, professeure agrégée en stomatologie, chirurgie maxillo-faciale et esthétique, s’impose comme une référence incontestable grâce à ses techniques inédites qui sont en train de révolutionner la chirurgie reconstructrice dans le monde. Pour cette chirurgienne, il ne s’agit pas d’une première car cette réussite vient après son «coup palmé» et son «double menton», les deux techniques ayant permis de réparer des malformations faciales très répandues dans le monde, grâce à des méthodes chirurgicales inédites qui garantissent un résultat esthétique irréprochable quasiment garanti.
Notre chirurgienne, qui a passé deux longues décennies à peaufiner sa technique, surmontant dans la foulée beaucoup d’obstacles techniques pour enfin mériter une reconnaissance internationale, a ajouté une nouvelle technique au répertoire de la chirurgie reconstructrice dans le monde. Motivée par la quête d’une solution moins complexe, plus fonctionnelle esthétiquement, plus satisfaisante et financièrement plus abordable pour les patients ayant accidentellement endommagé leur mâchoire inférieure, généralement suite à des échecs dans la chirurgie maxillo-faciale, des accidents de la circulation, des rixes ou des pratiques sportives, et qui touche plus particulièrement une population jeune, elle a inventé une nouvelle technique réparatrice qui permet la reconstruction du visage malformé ou déformé, une œuvre qui a été révélée et présentée dans une prestigieuse revue diffusée par Springer Nature, qui est l’une des plus grandes maisons d’édition académiques au monde, d’autant plus que ce type de chirurgie touche une zone sensible, riche en vaisseaux sanguins et en nerfs, rendant sa réalisation très délicate, même pour les chirurgiens les plus expérimentés.
Une opération à coût réduit
Contrairement aux techniques classiques employées jusqu’ici et qui nécessitent généralement des blocs opératoires hautement équipés, Dr Imen Turki considère que sa technique peut être utilisée dans des conditions plus modestes, et ce, sans aucunement compromettre la sécurité du patient ni la qualité du résultat. Se démarquant par sa simplicité relative et son coût réduit, elle s’adapte très bien aux pays dépourvus de structures hospitalières assez développées, estime la spécialiste.
La technique offre, en effet, aux chirurgiens maxillo-faciaux une meilleure alternative dans le cas où l’os de la jambe ne pourrait pas être utilisé ou bien encore quand l’intervention se fait dans des circonstances microchirurgicales très particulières. L’os de la jambe, ainsi que d’autres types de greffes microchirurgicales qui sont souvent coûteuses, complexes et plus risquées pour le patient, se trouvent alors substitués par un fragment d’os de la clavicule (lambeau ostéoclaviculaire). Au-delà de l’efficience pratique et scientifique de cette technique, Dr Turki pense que c’est également et surtout l’aspect humaniste qui mérite d’être mis en avant, parce que, note-t-elle, cette solution est moins compromettante, accessible et plus efficace, surtout dans les régions où les ressources médicales sont limitées. L’innovation a déjà suscité un vif intérêt au sein de la communauté médicale et plusieurs centres de recherche et hôpitaux de référence commencent à s’y intéresser de près, en vue de l’adopter.
Cette réussite médicale, qui confirme la montée en puissance de la recherche médicale en Tunisie, jette les bases d’une nouvelle génération de reconstruction du visage et une nouvelle ère de la chirurgie maxillo-faciale, où l’utilisation astucieuse des structures anatomiques et la précision esthétique convergent pour proposer aux patients des reconstructions plus sûres, sur mesure, plus accessibles et plus durables.
Il faut également rappeler que la Tunisie peut être fière d’avoir une merveilleuse génération de chirurgiens dans ce domaine. Les interventions sont réalisées par des chirurgiens plasticiens qualifiés, généralement diplômés en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, spécialité médicale nécessitant de 11 à 13 années d’études post-baccalauréat.
De même, les établissements hospitaliers agréés possèdent des blocs opératoires stériles, des unités de soins intensifs post-anesthésie (SSPI), ainsi que du personnel infirmier qualifié dans la gestion de la douleur et la surveillance postopératoire. L’ensemble du parcours patient – du diagnostic préopératoire à la sortie clinique – est balisé selon des protocoles de soins inspirés des recommandations européennes.
Kamel ZAIEM