Le handicap nécessite une prise en charge précoce. Le dépister le plus tôt possible et assurer une prise en charge adaptée de l’enfant sont des étapes essentielles pour limiter l’aggravation du handicap et ses incidences sur son évolution. Qu’il s’agisse de difficultés intellectuelles, motrices, sensorielles, psychiques, ou cognitives, le diagnostic précoce permet d’identifier le handicap, ou le risque de handicap. Mais surtout, il permet en amont, de mettre en place l’aide spécialisée pour votre enfant et pour vous. Le diagnostic n’est pas toujours facile à poser pour les professionnels, ni à accepter pour les parents.
En Tunisie, 3,3% des moins de cinq ans vivent avec un handicap. Or, les capacités de développement d’un enfant peuvent être fortement impactées par un handicap ou des troubles du développement.Pour ces enfants, la prévention, le dépistage et la prise en charge précoce du handicap s’avèrent primordiales pour leurs conditions de vie future. Pour répondre à cette problématique, l’Association des Parents et Amis des Handicapés Tunisiens de Nabeul et l’organisation Santé Sud ne cessent de renforcer les capacités des publics cibles par des actions de formation et de sensibilisation à base communautaire. Ce programme a précisé Mouna Miled Présidente de l’ Apaht Nabeul doit permettre d’améliorer les compétences des professionnels en matière de dépistage du handicap chez la petite enfance, promouvoir les connaissances et bonnes pratiques en matière de dépistage et de prévention du handicap et renforcer la prise en charge des enfants tout en favoriser l’intégration de la lutte contre le handicap précoce.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la journée de formation sur le dépistage précoce du handicap chez les jeunes .Cette journée de formation a vu la participation d’un groupe de spécialistes et de professionnels travaillant dans le domaine de la petite enfance, comprenant des éducatrices de jardins d’enfants et une équipe pluridisciplinaire des centres d’éducation spécialisée de la région de Nabeul. Les représentants de l’administration régionale des affaires sociales ont également supervisé les activités de cette journée. Houda Khémir, cheffe de l’unité de promotion des personnes en situation de handicap, et Moez Mami, chef du service d’intégration éducative et professionnelle ont mis l’accent sur l’importance du dépistage précoce et sur l’utilisation des outils et des normes adoptés lors d’un échange d’expériences entre les participants sur les meilleures pratiques en matière de suivi et d’intervention précoce.
Un diagnostic précoce permettrait d’éviter un handicap certain
Un handicap peut être défini comme une limitation des possibilités d’interaction d’un individu avec son environnement, qui entraîne des difficultés dans le déroulement de la vie quotidienne. Chez l’enfant, ces limitations peuvent être de nature physique, sensorielle, mentale, cognitive ou psychique. Les handicaps physiques incluent des conditions telles que la paralysie cérébrale ou les troubles musculo-squelettiques. Les handicaps sensoriels englobent des problèmes de vision et d’audition. Les handicaps mentaux et cognitifs peuvent se traduire par des difficultés d’apprentissage ou des troubles du spectre de l’autisme. Il est essentiel de comprendre ces différences pour établir une détection et un suivi adapté
.La détection précoce des handicaps chez les enfants est un enjeu majeur qui peut avoir une influence considérable sur leur développement et leur qualité de vie. Un handicap peut se manifester sous diverses formes et peut être dû à des facteurs personnels et environnementaux ont souligné les deux éducatrices spécialisées Ferial Raboudi et Jihan Mejdoub et Ferial Idriss de Santé Sud qui ont précisé que « la petite enfance est une période clé car la détection précoce du handicap est un déterminant principal pour leur qualité de vie future et la prévention du développement postérieur de ces troubles. La détection précoce est cruciale car elle permet d’intervenir rapidement pour limiter l’impact du handicap sur le développement de l’enfant.
Une prise en charge adaptée peut améliorer significativement la capacité de l’enfant à apprendre, à interagir avec son environnement et à devenir aussi autonome que possible. Elle peut également offrir un soutien essentiel aux familles, leur permettant de se préparer et de s’adapter à la situation.Santé Sud a lancé le projet « Prévenir le handicap de la petite enfance au Maghreb » en octobre 2023, dans les régions de Souss-Massa et de Marrakech-Safi au Maroc, et dans les gouvernorats du Grand-Tunis, de Nabeul et de Médenine en Tunisie.
Ce projet, qui se développera sur une durée de 3 ans, a pour objectif de contribuer à réduire les situations de handicap précoce et d’améliorer la prise en charge des enfants de moins de 6 ans avec au programme une formation de professionnels de la petite enfance, une sensibilisation des parents à l’identification des troubles du développement et un renforcement des structures de prise en charge des enfants en situation de handicap.
Pour des classes intégrées au profit des enfants en situation de handicap
Le milieu préscolaire représente le deuxième levier de socialisation des enfants, au côté de la famille ou de l’institution, devant permettre le dépistage précoce et la prévention des troubles du développement chez eux. Les écoles sont encouragées à accueillir tous les élèves dans un cadre inclusif qui respecte leurs besoins particuliers. L’intégration des enfants en situation de handicap dans le système éducatif reste un défi à multiples facettes.« Pour garantir une éducation véritablement intégrée, explique Haifa Zemni, directrice d’un centre d’éducation spécialisée, plusieurs leviers doivent être actionnés. Tout d’abord, il est essentiel de renforcer la formation des enseignants et d’élaborer des référentiels pédagogiques adaptés. L’offre éducative doit être améliorée en rendant les établissements scolaires accessibles sur les plans physique, pédagogique et financier. »
Il est vrai que les conditions de scolarisation d’un élève en situation de handicap dépendent de la nature et de la gravité de son handicap. Ainsi, les enfants ayant un handicap grave nécessitant une assistance spécialisée doivent être placés dans des centres spécialisés. C’est le cas par exemple d’un enfant ayant plusieurs handicaps (surdité et mutisme) ou d’un enfant ayant un handicap mental important qui nécessite un apprentissage adapté. Ainsi, la typologie et le degré de gravité de l’handicap déterminent si oui ou non l’enfant est en mesure d’intégrer une classe ordinaire. Se pose aussi le problème de la disponibilité des places dans l’établissement scolaire. D’ailleurs, certains participants ont souligné que l’éducation des enfants en situation de handicap est une nécessité pour les sortir de la précarité, raison pour laquelle il faut mettre en place un projet de qualification professionnelle pour une prise en charge pédagogique et éducative de cette catégorie de la société. Malgré les efforts fournis par les différentes parties prenantes, le chemin reste encore long en matière de promotion de la scolarisation des enfants en situation de handicap en Tunisie car seuls 45% des personnes en situation de handicap ont accès à l’éducation.
Kamel Bouaouina
