Les plages d’Hammamet s’amenuisent… Avec le changement climatique et la montée des eaux, tout le littoral de cette côte d’or du pays est exposé à un risque accru d’érosion. Pour anticiper les conséquences de ce phénomène sur les biens et les activités, les collectivités sont amenées à adapter leurs littoraux en se projetant sur le long terme Les collectivités exposées ont un rôle clé pour anticiper le recul du trait de côte. Pour prévenir ce risque, elles sont appelées à élaborer des stratégies de long terme qui combinent : recomposition du territoire, préservation des espaces naturels et actions de sensibilisation. Et comme l’a souligné le député Yassine Mami , « On observe une forte réactivité à Hammamet au sujet de l’environnement, et cela se manifeste notamment par une forte mobilisation associative et citoyenne, particulièrement concernant le littoral et la gestion qui en est faite.
La société civile et les associations ont un rôle à jouer dans la lutte contre les vulnérabilités et les risques liés aux changements climatiques dans les zones côtières vulnérables . C’est donc un combat contre lequel se battent les élus mais aussi et surtout la société civile. C’est dans ce cadre que l’Association de la sauvegarde de la Médina d’Hammamet a organisé une réunion à la municipalité d’Hammamet en présence du gouverneur de Nabeul, des élus de la région et des représentants de la société civile qui sont venus pour s’informer de la quatrième phase du Programme de Protection du Littoral Tunisien (PPLT-4) élaboré par l’agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL) et le Ministère des Affaires Locales et de l’Environnement et cofinancé par le Gouvernement Fédéral Allemand, faire entendre leur voix et exprimer leur avis sur le devenir de « leur » littoral.
Un riverain habitant au bord du littoral ou au bord d’une dune ne peut pas rester les bras croisés s’il constate une menace sur la plage. Il ne peut pas rester indifférent et laisser le littoral se dégrader ? Qu’il le veuille ou non, il est intégré dans ces processus d’évolution du littoral. A défaut de parler ici d’une « gestion », on pourrait simplement parler d’influence, ou d’impact. Chaque comportement est une action, et même la passivité est une forme d’action parmi d’autres. Le concept de participation de la société en milieu littoral est certes propulsé sur le devant de la scène . « Nous avons ainsi saisi l’importance de l’implication de la société dans des projets d’aménagement et de gestion du milieu littoral. La participation de toutes les parties prenantes et de la société civile permettra une véritable mobilisation de tous les partenaires et une bonne écoute sur le projet présenté par l’APAL et des bureaux d’études » a précisé la Gouverneure de Nabeul Hana Chouchani
« La plage du centre-ville est la vitrine et l’emblème de Hammamet. Mais ce littoral est gravement fragilisé », alerte Salem Sahli, président de l’Association d’éducation relative à l’environnement. En cause : une urbanisation anarchique et les effets croissants du réchauffement climatique — tempêtes plus violentes, élévation du niveau de la mer.Des sites emblématiques comme Sidi Bouhdid, Dar Laveau, le restaurant de la plage, la recette des finances, le collège Chebbi, les villas en bord de mer et plusieurs hôtels sont aujourd’hui menacés. « Ils devront tôt ou tard battre en retraite. L’avancée de la mer est fulgurante », insiste Sahli.Un rapport de la Banque mondiale, publié en 2020, confirme la gravité de la situation : entre 2006 et 2019, Hammamet a perdu 24 000 mètres carrés de plage, avec un recul du trait de côte allant de 3 à 8 mètres par an. Et la tendance s’est encore aggravée ces dernières années.
L’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL) a procédé à un rechargement de 15 000 m³ de sable venus des carrières d’El Oueslatia (gouvernorat de Kairouan), pour un coût de 1,1 million de dinars. Mais On ne recharge pas une plage avec n’importe quel sable. « La mer rejette ce qu’elle ne reconnaît pas, comme un organisme qui expulse un corps étranger », explique Salem Sahli .il manque les ouvrages de défense. Un nouveau pas semble être franchi avec la phase 4 du Programme de Protection du Littoral Tunisien (PPLT4), financée par la coopération tuniso-allemande. Les bureaux d’étude ont récemment présenté la version provisoire du rapport d’état initial portant sur la zone Beni-Khiar – Yasmine Hammamet. Un document consistant et riche en données ,qui appelle à en tirer des décisions urgentes.
Quant la population locale adhère au projet
L’étude pour la sauvegarde du littoral d’Hammamet qui a duré deux ans a été présentée par un bureau d’étude au public. L’étude préliminaire a abordé toutes les causes et les facteurs liés à la dégradation de la bande côtière. Wissem Gharbi a cité plusieurs facteurs dont le port de Beni Khiar, la Marina de Yasmine Hammamet, la densification de l’urbanisation, la construction anarchique, la destruction de la dune bordière et des herbiers.
À la recherche de la solution la plus efficace et durable pour choisir la meilleure hypothèse, toutes les hypothèses ont été comparées. Le débat avec la société civile a constitué donc un espace de dialogue devant permettre aux participants de partager leurs visions des enjeux, des objectifs, des contraintes et surtout des leviers d’action pour réussir collectivement l’accélération de la protection du littoral d’Hammamet.. Noomane Haouel a précisé que sur la base des résultats de modélisation des variantes 1 à 3 pour cette zone 4 , une variante supplémentaire a été étudiée et adaptée pour tenir compte du besoin de structures maritimes sur la partie urbanisée pour créer des plages de poche , de la nécessité d’épis sur la partie plus à l’ouest et allant jusqu’à la marina pour limiter l’effet domino d’érosion induit par les structures implémentées le long de la partie urbanisée.
Cette variante intègre donc des épis courts le long du centre ville de Hammamet puis des épis courbes jusqu’à la marina dans l’objectif de limiter l’érosion en aval de ces épis. . Suite aux modélisations effectuées, la variante retenue comprend les ouvrages suivants : la réalisation d’une jetée au sud de la plage du centre ville d’une longueur de 140 m, de trois épis en T et d’un épis au Nord de la plage du centre ville et jusqu’à l’Oued Errih, d’une longueur de 100 m, de 4 épis courbes d’une longueur moyenne de 270 et le rechargement pour un volume total de l’ordre de 1.60.000m3 » Les représentants de la société civile ont adhéré à cette variante tout en insistant sur la nécessité de préserver la singularité et la beauté de cette baie lors de la réalisation du projet et sur la manière de positionner les installations rocheuses tout en tenant compte des intérêts socio-économiques des riverains. Après l’établissement du projet et la variante retenue, la prochaine étape consistera à réaliser une campagne géotechnique et archéologique et une étude d’impact environnement our clôturer avec l’élaboration du dossier d’appel d’offres des travaux qui pourront s’étaler entre 2027 et 2029







