Par Samia HARRAR
De la Knesset (Jérusalem) à Charm-el-Cheikh (Egypte), il n’y a qu’un pas…
A vol d’oiseau, et alors que le monde entier retient son souffle, suspendu surtout et en priorité, il faut bien le dire, aux lèvres du président américain Donald Trump: faiseur de guerre, faiseur de paix? Et nous préférons nettement que cela soit dans cet ordre, il y a eu plus qu’un pas, qui a été (enfin!) franchi, pour qu’un cessez-le-feu, qui ne soit pas qu’une trêve trompeuse, mais la fin des horreurs et des souffrances endurées par les Palestiniens à Gaza, la fin de l’extermination de toute une population, et l’arrêt du génocide, soit scellé définitivement. Le fameux plan de paix de Trump, les signatures de ses clauses et différents points constituent sans doute, un moment historique. Car peu importe ses chemins détournés et les chausse-trappes qui en jalonnent, autant, les intentions que les ramifications, il faut s’accorder sur quelque chose d’essentiel. A savoir que les premiers concernés, en l’occurrence, les Palestiniens à Gaza, ayant vécu l’enfer depuis deux ans au moins, dans l’enclave dévastée, si vous leur posez la question, ils vous répondront : que tout cela s’arrête, parce qu’ils ont vécu l’enfer, qu’ils ont éprouvé dans la chair de leur chair, et que c’est assez! Alors oui, il était plus que temps.
Devant les principaux dirigeants du monde a Charm-el-Cheikh, le président américain ainsi que le président égyptien, le président Turc et l’Emir du Qatar ont signé hier, lundi 13 octobre à 17h30, heure tunisienne, le « Plan de Paix 2025 », qui avalise, noir sur blanc, la fin de la guerre à Gaza. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, dont le visa avait été révoqué par l’administration Trump, l’empêchant alors d’être présent à l’ONU , lors de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unis, pour la reconnaissance d’un Etat palestinien, était au-rendez-vous historique de Charm-el-Cheikh.
Et avant de serrer la main au président américain, qui assumait pleinement son rôle de faiseur de paix dans la région, c’est bien le président français Emmanuel Macron, qui l’a accompagné, dans une image qui peut être très symbolique, comme pour montrer que la paix, c’est aussi la France, aux côtés de l’Arabie Saoudite, il faut le rappeler, qui l’a accompagné, entrainant ce mouvement de reconnaissance par d’autres pays, de l’Etat palestinien. En fermant la parenthèse, et en en ouvrant une autre, qui est aussi, selon Trump, l’entame d’une nouvelle ère pour le Moyen Orient, qui sera, selon le président américain, une ère « dorée », une nouvelle ère de paix et de prospérité, dans une région qui n’aura connu que déchirement et drames perpétuels, s’il n’est pas question, explicitement à Charm-el-Cheikh, de la continuation des fameux Accords d’Abraham, et de tous ce qu’ils auront, jusqu’ici, entraîné dans leur sillage, Trump ne manquera pas, dans sa rhétorique, la même sur ces points-là qu’il a servie devant le Parlement israélien, de rappeler la puissance des moyens militaires de l’Amérique, sans insister, comme devant la Knesset, sur le fait qu’à plusieurs reprises, et à la demande de Netanyahou le génocidaire, dont il demandera l’amnistie pour ses « casseroles », au président israélien, il lui avait fourni toute la puissance de « feu », dont se prévaut l’Amérique et bien plus, parce qu’il était et il le revendique, le meilleur allié, et le plus sûr complice, des crimes de guerre de l’Etat d’Israël.
C’est cela le paradoxe. Et c’est bien pour cela qu’il faudra, tout en n’insultant pas l’avenir, toujours raison-garder dans cette affaire. Le jour d’après selon Trump, est-il vraiment le jour d’après, selon Netanyahou et l’extrême-droite sioniste?
A Charm-el-Cheikh, Trump ne parlera pas de l’Iran, ni du nucléaire, et il remerciera tous les chefs de gouvernement occidentaux, avec un clin d’œil misogyne pour Melonie, et du bout des lèvres, l’Espagne, qui a justement eu une posture irréprochable depuis le début, pour ce qui concerne les Palestiniens et la Palestine, sans jamais se laisser intimider. Contrairement à bien d’autres qui ont pris le train en marche, et ont même failli le rater. Quoi qu’il en soit, si Trump s’est quand même conduit, in fine, comme le garant de la paix, il n’y a qu’à espérer que cela dure. Et que cela n’enterre pas, dans la foulée, la création d’un Etat palestinien. Pour l’heure, et même si, à aucun moment, le président américain n’a nommé le génocide. Mais, si la paix est au bout du chemin, alors, oui, la journée du lundi est historique.
