En plus du visa, les Tunisiens en partance pour l’un des pays de l’espace Schengen vont devoir passer par le système européen d’entrée/sortie (EES) et ce , depuis le 12 octobre 2025. Certes, il n’a rien à voir avec le visa délivré par les ambassades, mais il s’agit d’un dispositif numérique obligatoire en attendant la généralisation du passeport biométrique qui permettra d’accomplir automatiquement cette tâche.
Pour les Européens, il s’agit d’une nouvelle mesure pour assurer plus de sécurité sur leurs territoires, alors que pour les étrangers, il s’agira d’une formalité de plus à accomplir.
Pour mieux éclairer la lanterne des Tunisiens à propos de ce nouveau procédé, l’ambassade de France en Tunisie a annoncé, vendredi 10 octobre 2025, la mise en œuvre progressive du système européen d’entrée/sortie (EES) à partir du 12 octobre 2025 et a tenu à en expliquer les étapes.
D’après le communiqué de l’ambassade, ce dispositif numérique, conçu par l’Union européenne, marque une étape majeure dans la modernisation des contrôles aux frontières de l’espace Schengen.
C’est que L’EES remplacera le tampon manuel sur les passeports par un enregistrement électronique automatique. À chaque passage de frontière, les données biométriques et de voyage — date, lieu d’entrée ou de sortie, durée autorisée du séjour — seront enregistrées et conservées dans une base de données européenne sécurisée. Ce nouveau système vise à rendre les contrôles plus rapides, plus sûrs et plus efficaces, tout en réduisant les risques de fraude et tout en facilitant le passage pour les voyageurs réguliers.
Selon la Commission européenne, l’EES permettra notamment de détecter les dépassements de séjour, de prévenir les usurpations d’identité, et de simplifier les procédures pour les voyageurs fréquents. L’ambassade souligne, à cet effet, que cette innovation vise à simplifier les déplacements tout en renforçant la sécurité et la traçabilité des séjours au sein de l’espace Schengen. Ce fameux système de L’EES s’inscrit dans une stratégie européenne globale de gestion modernisée des frontières, combinant sécurité accrue, fluidité du passage et protection des données personnelles.
Cette nouvelle mesure concerne seulement les voyageurs qui comptent effectuer un séjour de courte durée, de moins de 90 jours par période de 180, c’est-à-dire moins de trois mois par semestre. Et cela concerne aussi bien ceux qui ont besoin d’un visa que ceux qui viennent d’un des 59 pays exemptés de visa pour venir en Europe.
D’une certaine façon, l’Europe veut renforcer les contrôles, car le nouveau système d’entrée et de sortie a pour vocation d’améliorer la sécurité, de combattre les enlèvements d’enfants, la fraude à l’identité, le terrorisme et le crime organisé. Le déploiement de ce système se fera de manière progressive, afin de permettre une adaptation technique fluide dans les aéroports, ports et postes frontaliers terrestres.
Quelle relation avec le visa ?
L’ambassade précise, également, que les voyageurs n’auront aucune démarche à accomplir : aucune inscription préalable ni formulaire ne sera requis. Les données seront automatiquement collectées lors du contrôle de routine effectué par les agents frontaliers. Pour les citoyens tunisiens détenteurs d’un visa Schengen, l’introduction de l’EES ne change pas les conditions d’obtention du visa, mais modifie les procédures de contrôle à l’entrée et à la sortie du territoire européen.
D’ailleurs, l’ambassade recommande aux voyageurs de vérifier les informations officielles avant leur départ, en consultant le portail européen dédié à l’adresse travel-europe.europa.eu, afin d’éviter toute confusion sur les nouvelles procédures.
Un système critiqué
Ce nouveau système, qui a pris des années de retard, va surtout se charger d’enregistrer les données biométriques des voyageurs non européens. Plus de tampons dans le passeport, en tout cas après le 10 avril 2026, car les pays ont six mois de grâce pour s’adapter intégralement à ce nouveau fonctionnement. Un système informatique en réseau sera présent dans tous les pays de l’espace Schengen, qui va enregistrer la date, l’heure, le lieu d’entrée et de sortie ainsi que les noms, prénoms et numéro de passeport.
Mais ce nouveau système fait l’objet de critiques. D’abord liées à la lenteur de la mise en place, puisque le projet était initialement prévu pour 2022, puis 2024, mais trois pays n’étaient pas prêts : la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, qui représentent 40% du nombre de voyageurs concernés. Les agences de voyage, en particulier, n’avaient plus de visibilité. On a entendu beaucoup d’accusations de lourdeur administrative à venir et certains en ont voulu pour preuve que la France a traîné des pieds et l’ont soupçonnée de vouloir favoriser la venue des visiteurs pour les Jeux olympiques. Au Royaume-Uni, certains ont accusé l’Europe de vouloir les punir pour le Brexit et il existe évidemment des préoccupations sur la protection des données personnelles.
Jusque-là, rien de très novateur, mis à part la mise en réseau de toutes ces informations. Ce qui change, c’est l’enregistrement d’une photo d’identité et des empreintes digitales de quatre doigts pour les voyageurs de plus de douze ans.
Cette réforme précède la mise en œuvre du système ETIAS prévue pour 2026, qui exigera des ressortissants de certains pays tiers exemptés de visa, ce qui n’est pas le cas pour les Tunisiens, de demander une autorisation électronique de voyage avant leur départ pour l’Europe.
L’UE promet qu’il n’y aura aucun formulaire à remplir, mais cela peut alourdir le travail des douaniers et allonger les files d’attente aux frontières européennes dans le cas des voyageurs qui n’ont pas de passeport biométrique – un document de plus en plus répandu, qui contient une puce électronique.
A quand le passeport biométrique tunisien ?
Pour ceux qui disposeront du passeport biométrique, ce procédé devient automatique sans avoir à accomplir aucune formalité. Qu’en est-il, dès lors, de la mise en application de ce passeport nouvelle version en Tunisie ? Les premières prévisions sont déjà dépassées. Le passeport biométrique tunisien devait être lancé au cours du second semestre 2025, ce qui n’est pas le cas pour diverses raisons, essentiellement logistiques et techniques. Il présentera plusieurs nouveautés, comme une puce électronique intégrée contenant des données biométriques, une durée de validité prolongée (10 ans pour les adultes et 5 ans pour les enfants), un nouveau format et une couleur différente. Les anciens passeports resteront valides jusqu’à leur date d’expiration.
Kamel ZAIEM
