La Tunisie, jouit d’une multitude de paysages variés, entre plages, montagnes, désert et importants centres urbains. C’est aussi un pays qui sait allier cette diversité à une réelle responsabilité écologique. Elle se positionne désormais parmi les pays leaders en matière de tourisme durable. En effet, le développement d’un tourisme durable, qui offre des découvertes innovantes avec une implication de la population locale et une préservation de l’environnement, semble être vraiment judicieux et pouvoir répondre à des enjeux réels du développement durable en Tunisie.
Le temps.news : Face à la massification touristique et à ses effets mitigés, la diversification du produit apparaît comme inéluctable pour booster le tourisme à Djerba ?
Jalel Henchiri :Djerba a un fort potentiel touristique, où la saison pourrait s’étendre sur toute l’année. Le tourisme à Djerba ne peut plus se contenter d’être accessible et ensoleillé, il doit désormais viser l’excellence et l’innovation. Cela passe par la création d’événements touristiques capables de valoriser la richesse du l’Île, l’amélioration de l’offre et la mise en valeur du patrimoine culturel à travers des expériences immersives et raffinées. Les voyageurs sont devenus exigeants, recherchent un tourisme à la fois authentique et veulent vivre une expérience et une belle aventure. Ils s’intéressent à découvrir la culture, l’histoire, la gastronomie et au raffinement des traditions locales. Djerba est en train d’investir dans la créativité et pourra affirmer sa singularité et devenir une destination d’exception. Face à la massification touristique et à ses effets limités ou modestes, la diversification de l’offre touristique apparaît comme une alternative qui met l’accent sur l’humain, la culture, dans un environnement durable . L’île de Djerba, riche de son patrimoine et de son hospitalité, offre un terrain propice à ce modèle qui favorise l’inclusion, la préservation des traditions et un développement plus équilibré.
Le tourisme de masse est un fait inéluctable dans cette région qui lui a longtemps été dédié mais, comme d’autres destinations prisées comme Marrakech, Cappadoce, Ibiza, Malte, Barcelone, Venise ou Majorque pour qui cette problématique cherche aussi sa solution, elle souhaite et commence à se débarrasser de cette image qui lui colle à la peau. Djerba souhaite donc se présenter comme une destination touristique, certes, mais aussi une destination authentique, symbole du bien-vivre ensemble, auréolée d’une culture plusieurs fois millénaire, offrant des sites culturels, organisant des événements… . De nouvelles initiatives foisonnent déjà dans cette direction . Djerba, ce modèle prend une importance particulière : il permet de diversifier l’offre touristique, de protéger un environnement fragile et de générer des retombées économiques directes pour les communautés locales. La cible de clientèle peut s’élargir substantiellement. En s’appuyant sur les principes de durabilité, on peut contribuer à la protection des ressources naturelles et à la sauvegarde du patrimoine culturel de l’Île
L’accessibilité en particulier l’aérien reste le plus grand frein au développement de l’île ?
Le transport aérien représente un pilier essentiel pour la relance du tourisme, l’extension de la saison touristique et la réalisation d’un taux de croissance plus élevé à Djerba. Il a indiqué que la situation du transport aérien dans la région du sud a rendu le secteur touristique entravé et incapable d’accueillir des touristes pendant la période hivernale, malgré les diverses composantes et atouts que cette destination offre pour un tourisme permanent et non saisonnier. Il faudrait des lois encourageantes dans le domaine du transport aérien et d’avoir plus de courage pour apporter des changements au service du secteur touristique, qui, avec le secteur du transport aérien, représente une dualité synergiquement liée. Il est temps d’instaurer l’open sky qui permettra une augmentation notable du nombre de compagnies aériennes opérant en Tunisie. C’est une véritable opportunité pour l’Ile. L’Open Sky créerait un environnement propice à l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché, favorisant ainsi la concurrence et stimulant l’innovation dans le secteur. Par ailleurs, une compétitivité accrue serait une conséquence directe de cette ouverture du ciel. . Cette dynamique entraînerait probablement des avantages substantiels pour les voyageurs, avec des tarifs plus compétitifs et un afflux important vers Djerba
Djerba dispose d’atouts capables de soutenir son activité touristique tout au long de l’année, bien au-delà de la saison estivale mais la capacité hôtelière doit suivre dans cette île ?
La fermeture prolongée de plusieurs établissements risque de fragiliser davantage l’image et l’attractivité touristique tunisienne en général et le sud du pays en particulier, y compris la région de Djerba-Zarzis. Ces hôtels sont fermés pour des raisons structurelles et financières. Cette situation prive la région des grandes potentialités inexploitées dans l’Île et d’un produit différent qui pourra aider à tirer vers le haut la qualité des produits touristiques proposés par le pays ainsi qu’attirer de nouvelles niches de touristes dépensières et de convaincre les tours opérateurs à mettre des liaisons aériennes directes entre Djerba et des pays étrangers. L’heure est-elle venue pour l’engagement d’un dialogue sérieux entre la Tunisie et l’Europe pour amorcer une liberté graduelle du ciel et surtout avec les aéroports du sud. Il faudrait mettre à niveaux l’infrastructure, rénover le parc hôtelier en exploitation et surtout restructurer les établissements hôteliers fermés qui pourraient contribuer à améliorer le taux de remplissage voire doubler le nombre des touristes . Cela nécessite de mettre en place ou en application les mécanismes financiers innovant (exemple livre blanc élaboré depuis 2017) pour traiter le problème de l’investissement touristiques et soutenir les établissements en difficulté.
Faut-il créer d’autres événements à l’image du festival des montgolfières ?
L’événement Balloons Event Show Tunisia a été un grand succès à Djerba. Le ciel de l’Île s’est transformé en une toile éblouissante offrant aux tunisiens et aux visiteurs un ballet splendide de montgolfières et de paramoteurs. Cet événement, fruit d’un partenariat public-privé ,allie tourisme sportif, écotourisme et tourisme culturel. Il ne faudrait pas s’arrêter à cette manifestation, mais la rendre permanente à l’instar des activités existantes cheval, quad, sport nautique…. Il faudrait multiplier ce genre d’événements et rompre avec l’image classique du tourisme balnéaire surtout qu’on dispose de jeunes capables d’innover et de sortir des sentiers battus.
L’événementiel est un levier puissant pour le rayonnement touristique de l’Île, d’une région ou d’un pays. Au-delà de l’investissement pour la construction et la rénovation. Il faudrait montrer que la notion de voyage n’est pas celle qu’on connaît aujourd’hui, ce n’est pas une agence qui ne vend que du séjour ou une excursion. C’est une autre manière de découvrir Djerba, cette île a besoin d’être promu d’une manière différente. C’est un produit touristique expérientiel, un véritable outil de marketing territorial .Ce créneau est une occasion unique de découvrir des traditions locales, de goûter à une cuisine authentique djerbienne et de rencontrer des communautés locales accueillante
Propos recueillis par Kamel BOUAOUINA
