Une séance d’audition consacrée à la mission du ministère des Affaires sociales dans le cadre de l’examen du projet de budget de l’État pour l’année 2026 s’est tenue, hier, au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Cette séance a été organisée conjointement par la Commission de la santé, de la femme, de la famille, des affaires sociales et des personnes handicapées et la Commission des services et du développement social du Conseil national des régions et des districts.
Lors de cette séance, le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, a précisé que le projet de budget du ministère s’élève à 4,081 milliards de dinars pour 2026, contre environ 3,468 milliards de dinars en 2025, soit une augmentation de 17,66%.
En détail, les dépenses salariales sont prévues à 277,100 millions de dinars, contre 262,000 millions de dinars l’année précédente, enregistrant une hausse de 5,76%.
En revanche, les dépenses de fonctionnement connaissent une légère baisse, passant de 24,000 millions de dinars en 2025 à 23,550 millions de dinars en 2026, soit une diminution de 1,88%.
Parallèlement, les dépenses d’intervention connaissent une progression significative, atteignant 3 754,850 millions de dinars contre 3 167,000 millions de dinars en 2025, soit une augmentation de 18,56%.
Ainsi, les dépenses d’investissement enregistrent une croissance particulièrement marquée, passant de 15,000 millions de dinars à 25,000 millions de dinars, soit un bond de 66,67%.
Dans la continuité de sa présentation, le ministre des Affaires sociales a expliqué que le ministère œuvre à renforcer les fondements de l’État social à travers la promotion de la justice et du bien-être de l’ensemble des citoyens. «Il s’appuie pour cela sur un ensemble d’interventions ciblant la majorité des catégories de la société, y compris les groupes vulnérables et les personnes à besoins spécifiques», a-t-il précisé.
Dans cette optique, il a souligné que le ministère veille à fournir des services complets et équitables, visant à améliorer la qualité de vie des individus, à les protéger contre les risques et à leur garantir des conditions de vie dignes, sur un pied d’égalité et sans discrimination. «Ces objectifs sont poursuivis à travers des programmes sociaux respectueux de la dignité humaine, de la liberté, de l’égalité des chances et de la solidarité sociale», a-t-il insisté.
L’interdiction de la sous-traitance : 92 000 travailleurs régularisés en 2025
Par ailleurs, lors de cette séance, le ministre des Affaires sociales a dressé un bilan de l’année 2025. À ce titre, il a souligné que, concernant l’interdiction de la sous-traitance, le succès de la loi se confirme par les chiffres. «Parmi les contrats de travail à durée déterminée, 92 000 travailleurs ont été régularisés», a-t-il annoncé.
Allocations sociales : près de 380 000 bénéficiaires en février 2025
En ce qui concerne les allocations sociales, le ministre a indiqué qu’en février 2025, le nombre total de bénéficiaires des allocations mensuelles avait atteint environ 380 000 personnes, soit 12% de la population, contre 263 000 personnes (8% de la population) en 2021. Cela représente une augmentation nette de 117 000 bénéficiaires, soit une progression d’environ 31%.
Dans ce contexte, le ministre a souligné que le montant de base des allocations mensuelles a été augmenté pour atteindre 260 dinars en 2025, contre 180 dinars en 2021. «Par ailleurs, une allocation supplémentaire de 10 dinars par mois est attribuée à chaque famille pour chaque enfant à charge, jusqu’à 18 ans sans condition, et jusqu’à 25 ans pour les enfants à charge à condition qu’ils poursuivent leurs études, leur formation ou un apprentissage», a-t-il expliqué.
La promotion sociale au service de 4,5 millions de citoyens
S’agissant des services de promotion sociale, Issam Lahmar a indiqué qu’ils ciblent environ 4,5 millions de citoyens et visent à améliorer leurs conditions de vie à travers un ensemble d’interventions adaptées aux besoins de chaque catégorie. «Le programme de promotion sociale comprend près de 33 services destinés aux citoyens, qui varient selon les groupes bénéficiaires. Le dispositif se décline en trois sous-programmes principaux, la promotion sociale, la solidarité et le développement social, ainsi que la promotion des personnes en situation de handicap et la défense sociale», a-t-il précisé.
Les principales composantes du programme de sécurité sociale
Par ailleurs, le ministre a rappelé que le programme de sécurité sociale (Amen sociale) et d’intégration des services regroupe un ensemble de prestations destinées à soutenir les familles à faible revenu et à renforcer la cohésion sociale. Il comprend notamment des soins gratuits et des soins à tarif réduit, dont bénéficient environ un million de familles.
Parallèlement, des transferts financiers mensuels de 260 dinars sont alloués aux familles démunies afin de leur garantir un minimum de ressources stables.
À ce sujet, il a précisé que le programme prévoit également des aides spécifiques pour les enfants, soit «30 dinars pour chaque enfant âgé de 0 à 5 ans, 30 dinars pour les enfants de 6 à 18 ans et 50 dinars pour chaque enfant en situation de handicap». S’y ajoutent des aides à la rentrée scolaire et des abonnements de transport scolaire, fixés respectivement à 100 dinars par élève et 120 dinars par étudiant, contribuant ainsi à réduire le coût de la scolarisation. «Ce dispositif inclut un programme d’autonomisation économique, dont bénéficient 1 080 personnes inscrites au régime d’aide sociale, visant à favoriser leur inclusion économique et leur indépendance financière», a-t-il ajouté.
Protection sociale et intégration des personnes en situation de handicap
Concernant la protection sociale des personnes en situation de handicap, le ministre a précisé que ce programme repose sur un ensemble de mesures visant à améliorer leur qualité de vie et à favoriser leur inclusion dans la société. Ces mesures incluent notamment l’accès aux soins de santé, l’octroi d’allocations familiales et d’aides financières.
«Dans le cadre de la loi de Finances 2026, le ministère prévoit également des mesures spécifiques pour les personnes atteintes de la maladie «Xeroderma Pigmentosum», communément appelées «Enfants de la lune». Cette catégorie nécessite des dépenses particulières, et des mécanismes spécifiques doivent être mis en place pour y répondre efficacement. À titre d’exemple, l’uniforme destiné à ces enfants représente un coût de 1 800 dinars», a-t-il insisté.
Parallèlement, le ministre a souligné que le législateur tunisien accorde une importance majeure à l’intégration des personnes en situation de handicap, sur les plans éducatif, social et économique. Cette priorité se traduit par des programmes ciblés, visant à favoriser leur inclusion dans tous les aspects de la vie sociale et professionnelle.
Les principaux programmes destinés aux personnes handicapées visent à renforcer leur autonomie, leur inclusion et leur participation active dans la société. Ils comprennent notamment la formation et l’apprentissage professionnel, permettant de développer leurs compétences et d’améliorer leur employabilité. L’inclusion dans la vie citoyenne constitue également un axe essentiel, garantissant leur participation effective aux activités sociales et communautaires.
Par ailleurs, des dispositifs sont mis en place pour accompagner les personnes capables de produire, afin de favoriser leur autonomie économique. L’intégration professionnelle est encouragée à travers le recrutement dans la fonction publique, offrant des emplois stables, ainsi que par l’accès au secteur privé, permettant aux personnes handicapées de s’insérer dans différents métiers et entreprises.
Nouha MAINSI
