Des mégots, des bouts de plastique de toutes les couleurs, mais aussi des emballages, des canettes et même des pneus. On trouve toutes sortes de déchets sur les plages du littoral tunisien mais, peu de personnes le savent, 80% des objets polluants qui souillent le sable et la mer proviennent de l’intérieur des terres, par les effets conjugués des vents, des courants et du ruissellement.
Un seul sac en plastique peut sembler peu, mais lorsqu’il fait partie des millions de tonnes de déchets qui finissent chaque année dans la mer, il aura un impact énorme sur la vie marine. Avec un littoral de 1148 kilomètres bordant la Méditerranée, la Tunisie est particulièrement exposée à différentes formes de pollution. Outre les déchets solides, des experts alertent sur le rejet d’eaux usées polluées dans la mer, une menace sérieuse pour l’environnement marin et la santé publique. Pour de nombreux êtres vivants dans nos mers et océans, la distinction entre les déchets et la nourriture n’est pas facile, et ils peuvent finir par être empoisonnés. D’autres peuvent se retrouver piégés dans des déchets mal éliminés.
La pollution plastique est devenue un problème majeur en Tunisie, comme dans de nombreux autres pays du monde. La production et la consommation croissantes de plastique à usage unique, ainsi que la mauvaise gestion des déchets, ont contribué à cette crise environnementale. Les déchets plastiques sont souvent jetés dans les plages, ce qui entraîne des dommages considérables pour la faune, la flore et les écosystèmes. La pollution plastique affecte également la santé publique, car les microplastiques peuvent pénétrer dans la chaîne alimentaire humaine.
«Adopter une plage» : pour un littoral sans plastique
Le gouvernement tunisien a pris des mesures pour lutter contre la pollution plastique, notamment en interdisant l’importation de certains types de plastique à usage unique en 2020. Des campagnes de sensibilisation sont également menées pour encourager les citoyens à réduire leur consommation de plastique et à recycler davantage. Cependant, davantage d’efforts sont nécessaires pour réduire la pollution plastique en Tunisie.
Le projet «Adopt a Beach» est une plateforme pour mobiliser et sensibiliser à la prévention de l’utilisation du plastique. Le projet correspond au développement et à la mise en œuvre de politiques ou d’actions visant à prévenir l’utilisation de plastiques et à remplacer l’utilisation de plastiques à usage unique par d’autres alternatives durables. Le World Wildlife Fund (Fonds mondial pour la nature – WWF) en Afrique du Nord a annoncé l’ouverture des inscriptions pour la deuxième édition de son programme «Adopt a Beach» (Adopte une plage). L’initiative vise à renforcer la sensibilisation environnementale et à lutter contre la pollution plastique sur les plages d’Afrique du Nord.
L’objectif du projet, qui est d’envergure nationale, est de créer une plateforme nationale intégrée pour enregistrer la pollution plastique sur les plages avec la participation de citoyens actifs, qui connectera les participants à l’ampleur du problème et les motivera à changer leur comportement au niveau individuel concernant l’utilisation du plastique. Ainsi, dans le cadre du programme, des groupes de jeunes et de citoyens actifs en général, des écoles, des associations et des mouvements citoyens sont invités à adopter des plages partout en Tunisie, à enregistrer la qualité et la quantité de déchets et à nettoyer la zone en même temps.
Les Tunisiens appelés à agir
Le WWF appelle toutes les personnes souhaitant agir pour l’environnement à former une équipe, choisir une plage à adopter et suivre, collecter et enregistrer les déchets conformément au protocole scientifique. Les volontaires sont encouragés à répéter l’opération deux à quatre fois par an, afin de rendre les plages plus propres et plus durables, dans l’objectif de transformer les plages tunisiennes en laboratoires vivants de lutte contre la pollution plastique.
Lors de la première édition, le programme a permis de collecter environ 341 000 déchets sur 135 plages tunisiennes, grâce à la participation de 91 équipes de bénévoles. Selon les données publiées par le WWF Afrique du Nord, les mégots de cigarettes ont représenté 62,5% des déchets collectés, soit plus de 8 600 unités.
L’objectif ultime de cette initiative est de créer un changement durable dans les comportements des citoyens. En sensibilisant le public aux conséquences des déchets sur l’environnement et en les impliquant directement dans les actions de nettoyage, le WWF espère réduire de manière significative la pollution sur les plages tunisiennes. En mobilisant à la fois les autorités, les associations locales, et les citoyens, cette initiative pourrait devenir un modèle pour plusieurs zones littorales confrontées aux défis environnementaux.
Kamel BOUAOUINA
