Par Mondher AFi
Le Conseil ministériel consacré à la réforme du système national d’investissement, tenu sous la présidence de la Cheffe du gouvernement, représente un moment politique et institutionnel majeur qu’il convient de lire à la lumière de la pensée du Président Kaïs Saïed. Ce dernier inscrit l’investissement non pas dans une logique strictement économique ni dans une approche comptable limitée, mais dans une perspective plus large où la souveraineté, la justice sociale et la capacité d’auto-détermination nationale deviennent les matrices structurantes.
La réunion ministérielle, qui s’est penchée sur la simplification des procédures, l’accélération de la numérisation, la clarification des responsabilités institutionnelles et la modernisation de la législation, traduit une volonté de renouer avec une fonction essentielle de l’État : orienter, protéger et donner sens aux dynamiques de production. Elle adopte ainsi une approche intégrée qui articule les impératifs économiques à une philosophie politique centrée sur la dignité, la transparence et l’équité.
Dans cette perspective, la démarche gouvernementale vise à dépasser les mécanismes technocratiques hérités et à refonder la relation entre l’administration, l’investisseur et la société. Le cadre réglementaire modernisé, la refonte du système d’incitations, l’amélioration des délais et la lutte contre l’arbitraire bureaucratique participent d’une vision où l’investissement devient un instrument d’expression de la volonté nationale. Comme le souligne Castoriadis, toute société qui aspire à sa cohérence doit reconstruire ses propres significations imaginaires. Le conseil ministériel, en cela, ne se contente pas d’opérer une mise à jour technique : il engage une reconfiguration du rôle de l’État tunisien dans l’économie, en cohérence avec les orientations du Président, et ouvre la voie à un modèle de développement fondé sur la souveraineté productive.
L’investissement comme pilier de souveraineté productive : une approche stratégique du Président
Dans la pensée du Président, la souveraineté économique ne relève pas d’un concept abstrait mais d’un impératif matériel. La capacité de produire, de créer de la valeur et de réduire les dépendances représente une condition essentielle pour la consolidation du projet national. Ainsi, la réforme de l’investissement vise à doter la Tunisie d’outils structurels lui permettant d’acquérir une autonomie de décision dans un contexte international marqué par la compétition et l’incertitude. Le Président insiste sur la nécessité de rationaliser et de rendre lisibles les procédures, de digitaliser l’ensemble du parcours administratif, de protéger les investisseurs des risques de corruption et d’arbitraire et de garantir que les ressources nationales soient orientées vers des secteurs stratégiques.
Cette vision s’inscrit dans une rupture avec les modèles précédents, souvent dictés par les exigences de partenaires extérieurs ou par des orientations économiques qui se sont avérées inadaptées aux spécificités tunisiennes. Le Président défend une conception du développement fondée sur la justice sociale, la production locale et la valorisation du travail. En ce sens, la politique d’investissement n’est pas considérée comme un mécanisme destiné à attirer indistinctement tout flux financier, mais comme un outil de transformation permettant de renforcer les régions marginalisées, de soutenir les petites et moyennes entreprises, de créer des chaînes de valeur locales et de consolider la cohésion territoriale. Cette orientation répond à une exigence profonde : faire de l’investissement un instrument de réduction des inégalités et non un facteur de leur aggravation.
Dans cette logique, la dynamique d’investissement devient un moyen de restaurer la cohérence nationale. Le Président rappelle que la souveraineté ne peut exister sans souveraineté productive : un pays qui dépend des importations alimentaires ou technologiques n’est jamais pleinement libre. L’État tunisien entend ainsi réorienter ses choix vers les secteurs porteurs – agriculture moderne, technologies de l’information, santé, énergie renouvelable – afin de construire un développement durable et résilient.
La plateforme nationale d’investissement : un outil numérique au service d’un projet national
Le conseil ministériel a insisté sur la nécessité de créer une plateforme nationale d’investissement conçue comme une interface unique entre les investisseurs et l’ensemble des structures publiques. Une telle plateforme dépasse largement la dimension technique qu’on pourrait lui attribuer : elle traduit une réorientation profonde de la relation entre l’administration et les acteurs économiques. En unifiant les points d’entrée, en rendant les procédures plus lisibles et en assurant la traçabilité des démarches, elle réduit les marges d’arbitraire et renforce la transparence, deux conditions indispensables à la restauration d’un climat d’investissement fondé sur la confiance et la prévisibilité. La numérisation intégrale ne se présente donc pas uniquement comme un levier d’efficacité organisationnelle, mais comme un instrument stratégique pour préserver l’équité des décisions et sécuriser les flux d’information dans un environnement économique de plus en plus exigeant.
Cette orientation s’inscrit dans la vision du Président Kaïs Saïed, pour qui l’État doit redevenir un espace de rationalité, où la règle prime l’opacité et où le service public se mesure à sa capacité à agir avec impartialité et cohérence. La digitalisation des processus d’investissement constitue, dans cette perspective, une rupture avec les logiques d’accumulation bureaucratique qui ont longtemps ralenti les dynamiques productives. En simplifiant les parcours, en limitant les zones d’incertitude et en accélérant les délais de traitement, l’État répond à une double exigence : restaurer la crédibilité de l’action publique et offrir aux investisseurs un cadre stable, intelligible et conforme aux standards internationaux. La démarche ne cherche pas à séduire, mais à démontrer, par des mécanismes concrets, que la gouvernance peut redevenir un facteur structurant du développement.
Mais l’intérêt de cette plateforme dépasse encore l’amélioration fonctionnelle du système administratif. Elle incarne une conception renouvelée du rôle de l’État dans laquelle ce dernier assume sa fonction d’architecte du développement, capable de coordonner, d’arbitrer et de garantir une cohérence d’ensemble. La centralisation des données, la réduction des délais et la rationalisation des circuits décisionnels permettent de construire un modèle d’accompagnement où la transparence n’est plus un slogan, mais une pratique institutionnelle. Ce choix est cohérent avec la conviction du Président selon laquelle la souveraineté économique ne peut se consolider que par un État capable d’organiser de manière rigoureuse ses propres instruments.
Les enseignements de l’économie mondiale et arabe : construire une stratégie nationale dans un contexte asymétrique
Les analyses sur les investissements étrangers directs dans le monde arabe révèlent une réalité structurelle : la région attire moins de 1% des flux mondiaux, tandis que plus de 90% sont concentrés dans les pays développés. Cette asymétrie montre que la compétition internationale est rude et que l’attractivité ne résulte plus seulement des avantages traditionnels tels que le coût du travail, mais davantage de critères liés à la compétence institutionnelle, à la stabilité des règles et à la cohérence stratégique.
La Tunisie, consciente de ces dynamiques, ne peut se contenter d’attendre passivement les investissements. Elle doit se rendre désirable par des institutions efficaces, une législation lisible et des orientations claires vers les secteurs à haute valeur ajoutée. Le conseil ministériel répond à ce défi en proposant une refonte globale du cadre législatif, une réorganisation des structures opérationnelles et une mise à niveau institutionnelle profonde.
Le Président rappelle que la Tunisie doit redevenir maîtresse de ses choix, et cela passe par la construction d’un tissu productif solide. Les enseignements tirés de l’économie mondiale encouragent le pays à renforcer son autonomie productive, à valoriser ses ressources humaines et naturelles et à orienter les investissements vers les secteurs stratégiques. Cette orientation permettra de réduire les vulnérabilités liées aux fluctuations des marchés internationaux et de renforcer la résilience économique nationale.
La fenêtre unique comme symbole d’efficacité et de cohérence
Le conseil ministériel propose une restructuration institutionnelle qui s’inscrit dans la continuité de la vision défendue par le Président Kaïs Saïed, vision selon laquelle l’État doit retrouver sa cohérence interne pour assumer pleinement son rôle de garant de l’intérêt général. L’unification des structures chargées de l’investissement ne constitue pas un simple ajustement technique, elle relève d’une refondation méthodique de l’action publique, destinée à dépasser un modèle où la dispersion des responsabilités générait lenteurs, hésitations et renoncements.
Dans l’esprit du Président, l’efficacité de l’État ne peut émerger que d’une architecture lisible, capable de traduire la volonté nationale en décisions concrètes. Regrouper les fonctions liées à l’investissement au sein d’une entité unique répond précisément à cette exigence : réduire les zones d’ombre administratives, clarifier les circuits décisionnels et restaurer la capacité de l’État à accompagner les porteurs de projets avec constance, transparence et rigueur. Cette réforme réintroduit une logique de responsabilité où l’investisseur n’est plus confronté à un dédale institutionnel, mais à un interlocuteur capable de coordonner, d’orienter et de suivre efficacement les initiatives économiques.
À travers cette réorganisation, l’État se repositionne comme moteur du développement plutôt que simple gestionnaire de procédures. Cette orientation rejoint la conviction du Président Saïed selon laquelle la souveraineté économique repose d’abord sur l’ordre, la maîtrise des leviers stratégiques et la cohérence des choix publics. L’unification des structures devient ainsi un outil pour renforcer la crédibilité nationale, soutenir une distribution équilibrée des investissements et atténuer les disparités régionales grâce à une articulation plus intelligente entre le centre et les territoires.
Ce mouvement de réforme, condensé mais ambitieux, traduit la volonté de reconstruire un État capable d’agir avec cohérence, clairvoyance et efficacité. Il porte, en somme, la marque d’une vision politique qui cherche à conjuguer rationalité institutionnelle, équité territoriale et souveraineté pleinement affirmée.
Une Tunisie en reconstruction stratégique : vers une attractivité basée sur la cohérence et la souveraineté
L’ensemble des réformes engagées témoigne d’une transformation profonde du modèle tunisien de développement. Sous l’impulsion de la vision du Président, la Tunisie s’oriente vers une stratégie fondée sur la clarté des règles, la transparence, la cohérence institutionnelle et la souveraineté productive. Cette transformation vise à repositionner la Tunisie comme un acteur capable de défendre ses choix, de protéger ses ressources et de créer un avenir fondé sur la dignité et l’équité.
En réformant le cadre législatif de l’investissement, en modernisant les institutions, en digitalisant les procédures et en orientant les politiques vers les secteurs stratégiques, la Tunisie affirme sa volonté de se réinventer tout en restant fidèle à son identité. Cette démarche s’inscrit dans une vision de long terme où l’État assume son rôle de moteur du développement, garant de la justice sociale et protecteur du bien commun.
Ainsi, la Tunisie entreprend une refondation méthodologique et politique majeure. Loin d’être un simple ajustement technique, la réforme de l’investissement représente une reconstruction stratégique de l’État et du modèle économique. Elle porte en elle les fondements d’une nouvelle ère où l’investissement devient un acte de souveraineté, de cohésion nationale et de renouveau civilisationnel.
