En 2025, la Tunisie compte 10,5 millions d’internautes, ce qui représente un taux de pénétration de 84,9% de la population. Ce chiffre marque une augmentation de 7,3% par rapport à 2024. Une augmentation accrue puisqu’en 2020, leur nombre était de l’ordre de 7,55 millions seulement, soit 64,20% de la population tunisienne. De même, on note que des milliers de connexions aux réseaux sociaux s’effectuent quotidiennement en Tunisie via différents appareils de connexion mobile (ordinateurs, téléphones portables, smartphones). C’est qu’on vit un véritable boom technologique surtout depuis 2005, date de la tenue dans notre pays du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI). Ces chiffres ont tendance à se multiplier chaque jour davantage.
Cependant, disposer d’un ordinateur personnel ou avoir son téléphone mobile, c’est bien. Etre relié au réseau Internet, c’est encore mieux ! Encore faut-il faire bon usage de ces technologies numériques qui envahissent nos foyers, nos vies et qui bouleversent nos traditions, nos mœurs et nos comportements. L’ordinateur ou le portable peut s’avérer une arme à double tranchant s’il n’est pas utilisé à bon escient. L’accès à Internet et aux réseaux sociaux est devenu chose facile et banale pour tous. Même les petits enfants qui, au lieu d’en profiter en tant qu’outil d’apprentissage, de documentation et de références dans leurs études, préfèrent en user pour d’autres fins : chat, jeux, rencontres… Les jeunes et les adultes, eux, en profitent pour lier amitié et faire de nouvelles connaissances à travers le monde via le Net et les sites dits de rencontres…
En quête de l’âme sœur
Rencontrer des amis, faire connaissance avec des personnes étrangères, ou tout simplement faire la drague via le Net sont devenus chose courante chez nos citoyens, abstraction faite de leur niveau d’instruction, leur catégorie sociale ou leur âge. Sites de rencontres, services de messagerie instantanée, chat, webcam, etc. La technologie moderne s’est mise au service des relations amoureuses. En effet, des milliers de relations sont nouées chaque jour ; les unes aboutissent, les autres échouent ; des expériences sentimentales et amoureuses sont vécues, même virtuellement, par des milliers de jeunes Tunisiens qui passent des nuits devant leurs écrans à communiquer avec des inconnu(es) dans l’un des quatre coins du monde, en quête de l’âme sœur ou du moins, pour vivre des moments de plaisir, fussent-ils à distance, qu’ils n’ont pas pu réaliser dans la réalité. Des paroles brûlantes sont adressées de part et d’autre, des photos et des vidéos échangées et des rencontres organisées, le tout pouvant parfois aboutir à des relations sérieuses.
En fait, bon nombre de couples actuellement mariés se sont rencontrés à travers le Net. Des Tunisiennes ont connu leurs princes charmants à l’étranger (arabes ou européens) grâce à ces sites de rencontres. Encore faut-il savoir si un mariage arrangé de cette façon serait réussi. Si certaines personnes cachent la vérité et ne veulent pas dévoiler ces relations virtuelles considérées comme tout à fait personnelles, d’autres, en revanche, s’en vantent et ne voient aucun inconvénient à l’annoncer à tout bout de champ. Noura, 30 ans, s’est mariée à un Libanais qu’elle avait rencontré sur le Net et depuis, ils vivent heureux au Liban, mais chaque fois qu’on lui demande comment elle a fait pour rencontrer son futur mari, elle se sent gênée comme si les rencontres sur Internet étaient un sujet tabou, et elle essaie d’éviter la discussion. Par contre, Hajer, 26 ans, qui vient de convoler en justes noces avec un Italien, ne semble ressentir aucune honte ni retenue en répondant à quiconque veut le savoir : «Nous nous sommes connus sur Instagram». De même, nombreuses sont les filles tunisiennes qui se sont mariées à des Européens, souvent d’un âge avancé, grâce aux relations virtuelles qu’elles ont eues avec eux. Cependant, ces unions ne sont pas toujours bien réussies.
Les risques des rencontres virtuelles
Dans notre société où les gens ont tendance à devenir individualistes, où les contacts directs et étroits d’antan se font de plus en plus rares et où l’on assiste à une dislocation au sein des familles, le recours à Internet et aux réseaux sociaux s’est avéré un moyen efficace pour communiquer avec autrui et se sentir libre et à l’aise. Et ce, en tissant des relations avec des internautes nationaux ou étrangers, d’autant plus que ce moyen est plus facile pour ceux qui n’osent pas s’adresser directement à ses concitoyens, ses voisins, ses collègues ou à des personnes peu familières. D’autres, notamment des adolescents, optent de plus en plus pour ce genre de rencontres parce qu’ils n’ont plus l’âge de fréquenter des lieux de rencontre traditionnels. Le recours au Net est devenu donc un moyen rassurant pour toutes ces catégories de gens. De plus, chacun retrouve l’estime de lui-même, croyant toujours qu’il peut encore plaire, séduire, du moins à travers le Net.
Cependant, les relations nouées sur Internet ne sont pas toutes «innocentes» et les discussions entretenues ne sont pas toutes crédibles et respectueuses, encore faut-il s’en méfier. Les arnaques enregistrées dans le monde à cause de ces relations sont nombreuses. Des gens ont été entraînés dans des liens douteux avec des individus étrangers et l’ont regretté tout de suite après. Il est de plus en plus courant d’entretenir une relation amoureuse sur Internet et, de nos jours, les histoires d’amour électroniques se nouent rapidement entre les internautes, mais elles peuvent tourner court quand la réalité s’impose.
Certes, les risques d’un mauvais usage des réseaux sociaux et d’Internet en général sont nombreux : vol d’identité, piratage, demande d’argent, harcèlement sexuel… Il arrive souvent que des jeunes filles tombent dans le piège dressé par des agences fictives ou des organismes irréels qui exploitent leur ignorance ou leur innocence en les invitant sur Facebook ou sur Skype, à se dévêtir et à mettre en valeur leurs corps via la webcam. Et c’est ainsi que des vidéos sont enregistrées et vont servir d’appâts pour les garçons «voyeurs». Sans dramatiser ni tomber dans la généralisation, mieux vaut se prémunir afin d’éviter les désagréments.
Hechmi KHALLADI
